Toute vérité est elle toujours démontrable?
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RAPPEL DE COURS: DES LIMITES A LA DEMONSTRATION ?
Peut-on faire de la démonstration une voie d'accès universelle à la
vérité ? Plusieurs objections peuvent être opposées à cette idée.
La première objection est liée à l'essor progressif, au xviie siècle et
plus encore au xviiie siècle de la méthode expérimentale.
Il y a un
domaine où la démonstration ne semble pas s'appliquer de façon
pertinente, c'est celui des sciences de la nature, dans lesquelles les
vérités se découvrent par l'expérience, et non par la démonstration.
Ainsi Diderot se moquait-il d'une physique trop raisonneuse et pas
assez expérimentale qui a « démontré » par des raisons apparemment
sans appel que la lumière ne se décomposait pas...
jusqu'à ce que
Newton observe grâce au prisme la décomposition de la lumière.
En
physique, il s'agit de montrer, non de démontrer.
Deuxième objection : les entités métaphysiques sont-elles
démontrables ? Pour Descartes ou Spinoza, la démonstration peut
même s'appliquer au domaine métaphysique : il serait possible de
démontrer l'existence de Dieu ou l'immatérialité de l'âme.
On doit à
Kant, au xviiie siècle, d'avoir établi l'impossibilité de telles « preuves
», en montrant que l'esprit humain ne pouvait rien connaître en
dehors de l'expérience.
Il est donc illusoire de vouloir transformer
toutes les idées de la raison en objet d'une connaissance
démonstrative.
Troisième objection, enfin : tous les raisonnements ne sont pas
démonstratifs.
Dans la
vie
quotidienne, nous
raisonnons
constamment, mais nous usons peu fréquemment de démonstration.
Il existe des modes de rationalité irréductibles à la logique
démonstrative.
Tel est notamment le cas des décisions morales ou
politiques : ce n'est pas parce qu'il est impossible de démontrer la
justesse d'une décision morale qu'il est impossible de la justifier
rationnellement.
Soit, par exemple, un débat moral sur le droit à
l'interruption volontaire de grossesse : celui qui est favorable à ce
droit ne pourra jamais démontrer la « vérité » de sa position.
Celle-ci
n'en est pas pourtant nécessairement arbitraire et il peut
l'argumenter (en évoquant, par exemple, le droit de disposer de son
propre corps).
De même la position inverse a aussi des arguments à
faire valoir (respect de la vie, etc.).
Dans le domaine moral,
l'impossibilité de démontrer n'est jamais l'impossibilité de discuter et
d'argumenter, ni même l'impossibilité de hiérarchiser les arguments (il
y en a qui valent mieux que d'autres).
Les procédures de décision
morale (ou politique) ne sont donc pas démonstratives mais, dans la
mesure où ce sont des procédures et où les choix ne se font pas à
l'aveuglette, elles restent parfaitement rationnelles, ou en tout cas
rationalisables.
Il faut donc distinguer « démontrer » et «argumenter
».
Certes, un argument, pour être valable, doit respecter les règles
de la logique.
Mais il est loin de se réduire à une démonstration.
D'abord, une démonstration peut toujours, en principe, se faire de
façon solitaire, alors que l'argumentation suppose au contraire un
rapport à autrui, un dialogue.
Ensuite, la démonstration aboutit (si
elle est valide) à des conclusions certaines, alors que l'argumentation
recherche plutôt un consensus.
Termes du sujet:
DÉMONSTRATION: Opération mentale, raisonnement qui consiste à établir la vérité d'une proposition en la
rattachant à d'autres propositions évidentes ou déjà admises comme vraies.
VÉRITÉ
La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.
Elle se définit traditionnellement
comme l'adéquation entre le réel et le discours.
Qualité d'une proposition en accord avec son objet.
La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord
de l'esprit avec ses propres conventions.
La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements,
l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.
On distinguera soigneusement la réalité qui
concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.
Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.
La vérité ou la fausseté
qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion.
La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du
jugement vrai..
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