Toute technique vise-t-elle à fabriquer des objets ?
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«
Toute technique vise-t-elle à fabriquer des objets ?
INTRODUCTION
La technique conserve, de sa parenté avec l'art, l'idée d'une manière de procéder pour parvenir à une fin.
On parlera
ainsi d'un procédé de fabrication ou encore une méthode de pensée susceptible d'améliorer les voies d'accès aux
fins que l'on se propose.
La technique vise avant tout l'utilité qu'elle ne peut obtenir qu'au prix d'une économie de
moyens et un maximum d'efficacité.
Peut-on dire alors que toute technique vise à fabriquer des objets ? Que dire
alors des techniques qui ne fabrique pas les objets mais qui pensent, qui construisent une méthode de pensée pour
un usage optimal des objets ?
PROPOSITION DE PLAN
I La technique fabrique des objets
1.
Technique et intelligence.
La main, outil universel - outil des outils.
Texte ARISTOTE, Les parties des animaux, 687 b, trad.
P.
Louis, Paris, Les
Belles Lettres, pp.
136-137.
"Anaxagore prétend que c'est parce qu'il a des mains que l'homme est le plus
intelligent des animaux.
Ce qui est rationnel, plutôt, c'est de dire qu'il a des
mains parce qu'il est le plus intelligent.
Car la main est un outil ; or la nature
attribue toujours, comme le ferait un homme sage, chaque organe à qui est
capable de s'en servir.
Ce qui convient, en effet, c'est de donner des flûtes
au flûtiste, plutôt que d'apprendre à jouer à qui possède des flûtes.
C'est
toujours le plus petit que la nature ajoute au plus grand et au plus puissant,
et non pas le plus précieux et le plus grand au plus petit.
Si donc cette façon
de faire est préférable, si la nature réalise parmi les possibles celui qui est le
meilleur, ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus
intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des
mains.
En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le
plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil,
mais plusieurs.
Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres.
C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que
la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main.
Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le
moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et il n'a pas d'armes pour
combattre) sont dans l'erreur.
Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas
possible de le changer pour faire n'importe quoi d'autre, et ne doivent jamais déposer l'armure qu'ils ont autour de
leur corps ni changer l'arme qu'ils ont reçue en partage.
L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de
défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.
Car la main
devient griffe, serre, corne, ou lance, ou épée, ou toute autre arme ou outil.
Elle peut être tout cela, parce qu'elle
est capable de tout saisir et de tout tenir.
La forme même que la nature a imaginée pour la main est adaptée à cette fonction.
Elle est, en effet, divisée en
plusieurs parties.
Et le fait que ces parties peuvent s'écarter implique aussi pour elles la faculté de se réunir, tandis
que la réciproque n'est pas vraie.
Il est possible de s'en servir comme d'un organe unique, double ou multiple".
Ce que défend ce texte:
Ce texte a donc pour objet de montrer que non seulement l'homme n'est pas le moins bien pourvu des animaux, mais
même qu'il est celui qui a été pourvu d'un organe tout à fait spécial, qui peut remplir la fonction de tous les autres
moyens qui ont été donnés aux autres animaux : la main.
En effet, « les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer
pour un autre ».
Ils ne peuvent pas même s'en séparer momentanément.
Le lion doit garder ses griffes et l'aigle ses
serres.
Le renversement de perspective par rapport au mythe de Prométhée est donc radical : l'homme est en
réalité le mieux pourvu car il possède la main qui représente, virtuellement, tous les autres outils naturels donnés
aux êtres vivants.
Avec cette main, il possède de « nombreux moyens de défense » et il lui est toujours loisible d'en changer, de sorte
qu'il possède l'arme qu'il veut, quand il veut.
Car la main peut devenir «griffe, serre, corne [...] ou toute autre arme
ou outil ».
La main est donc un outil naturel qui « tient lieu des autres » et c'est là toute sa spécificité.
Pourquoi, alors, la
nature a-t-elle donné à l'homme seul cet outil « de loin le plus utile » ?
C'est que la nature ne fait rien en vain, selon Aristote, et si elle a doté l'homme de la main, c'est parce qu'il est seul
capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques.
Seule, en effet, l'activité humaine est véritablement inventive.
La technè est chez l'homme une disposition tournée.
»
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