Toute croyance est-elle nécessairement incompatible avec la science ?
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Angle d'analyse
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Eléments de définition
Croyance = Du latin credere « croire, ajouter foi ».
1Attitude de l'esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner de preuves,
avec un degré plus ou moins grand de probabilité.
La croyance, définie ainsi, est
alors synonyme d'opinion.
2Pour Kant, la croyance est en réalité le milieu entre l'opinion et le savoir,
distinguée de la conviction et de la persuasion.
Kant, Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit, 1e partie, §40.
Kant, Critique de la raison pure, Théorie transcendantale de la méthode.
Hegel, Phénoménologie de l'esprit.
3Dans un autre sens (pas tout à fait étranger) la croyance consiste en un
assentiment de l'esprit à une vérité transcendante, sans justification rationnelle.
Dans ce cas, elle est synonyme de foi.
Kant, Critique de la raison pure.
James, Le Pragmatisme.
Science = Du latin scientia qui signifie connaissance.
1Tout savoir méthodique au sens large ; s'oppose à l'ignorance, mais aussi à l'art.
Chez Aristote : posséder la science d'une chose, c'est connaître la cause par
laquelle une chose est.
L'objet de la science est le nécessaire, c'est-à-dire ce qui
ne peut être autre qu'il est.
Organon, Second Analytique, §2 +§33.
2Depuis le XIXe siècle toute discipline cherchant à ramener les phénomènes
observables, par le moyen de l'expérimentation (ou des statistiques) et de la
mesure, à des régularités sur lesquelles le calcul peut avoir prise.
On distingue les sciences soit par leurs méthodes en sciences hypothéticodéductives (mathématiques) ou en sciences expérimentales (physique, chimie,
biologie, etc.), soit par leurs objets en sciences de la nature, de la vie, ou sciences
de l'homme (sciences humaines).
Poincaré, La Valeur de la science.
E.
Weil, La Science et la civilisation moderne, in Essais et Conférences.
3Surtout chez les philosophes de l'idéalisme allemand : science = philosophie
parachevée en système.
Fichte, Œuvres choisies de l'idéalisme allemand, Doctrine de la science.
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Angles d'analyse
Le rapport spontané de l'homme au monde et à lui-même est un rapport de confiance.
Nous prenons le monde pour ce qu'il se donne, nous croyons autrui, nous nous fions à
nos sentiments ou nos impressions.
C'est ce premier élan que vient contrarier
l'expérience de l'illusion : ayant été abusée, notre confiance naturelle se trouve
ébranlée.
Une telle déconvenue provoque une crise qui peut mener au repli sur soi et au
découragement : que l'illusion soit possible semble invalider par avance toute prétention
à atteindre le vrai ou à prendre appui sur quelque certitude que ce soit.
Mais affirmer
qu'une croyance n'est jamais assurée et qu'il n'y a, par conséquent, pas de critère
possible pour établir une équivalence entre opinion et vérité, croyance et savoir.
Il semble en ce sens qu'il nous faille interroger le lien qu'entretiennent la croyance et la
science.
Il s'agit en effet de se demander si ce lien qui les unit correspond toujours
nécessairement à une incompatibilité, c'est-à-dire encore à une impossible cohabitation,
ni complémentarité, voire à une contradiction.
Par ailleurs, il faut distinguer, comme on l'a fait dès le début, les deux types de
croyance : d'un côté l'opinion, de l'autre la foi.
On ne peut pas traiter les deux
dimensions de la même manière sans risquer de tomber dans une vue étroite et
illégitime.
C'est d'ailleurs ce que suggère la formule « toute croyance », on pourrait
développer en disant toute forme de croyance par exemple.
L'enjeu ici c'est bien le statut cognitif de la croyance, car si elle est par une relation
nécessaire incompatible à la science (système de connaissance vrai par excellence),
alors il est clair qu'elle n'aurait aucun efficience cognitive.
De la même manière, et plus
négativement, cette incompatibilité pourra lui faire jouer le rôle d'obstacle dans la
rechercher scientifique : toute croyance (qui plus est lorsqu'elle est non fondée)
constituant un obstacle à l'élaboration d'une théorie scientifique, ou plus encore d'une
vérité scientifique.
C'est donc a fortiori le statut de la science lui-même qui est au fond mis à la question :
car qu'elle valeur accorder à la théorie scientifique elle-même ? La vérité n'est-elle pas
une croyance reconnue de tous ?
Problématique.
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