Toute croyance est-elle aveugle ?
Extrait du document
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Le mot ‘croire' vient du latin credere qui veut dire ‘faire crédit', ‘avoir une relation de confiance et d'adhésion'.
Croire, c'est ne pas avoir une certitude absolue, c'est donner son assentiment à une représentation, sans pour
autant être sûr du caractère véritable de cette dernière.
En ce sens, un scientifique dirait que la croyance est
toujours aveugle, car si lorsque l'on croit l'on n'est pas sûr, c'est que l'on n'a pas de connaissances concernant les
causes et les effets de l'événement auquel on accorde crédit.
En ce sens nous pouvons dire que la croyance
religieuse est une croyance aveugle.
En effet, les croyants donnent leur foi aveuglément, car ils engagent tout leur
être et tout leur amour (ils se dévouent) pour quelqu'un dont ils n'ont aucune preuve, ni aucune assurance de
l'existence.
Mais alors est-ce que toutes les croyances, à l'image de la croyance religieuse, sont aveugles, c'est-àdire sans aucun fondement tangible à part leur conviction profonde ? Nous pouvons répondre par la négative dès à
présent, car ce n'est pas la même chose de ‘croire en', que de ‘croire que'.
Lorsque je ‘crois en Dieu', seule ma
conviction personnelle est engagée, sans raison objective ; lorsque je ‘crois qu'il va pleuvoir', je me base sur des
données objectives (couleur du ciel, fraîcheur de l'air…) sans savoir si ma supposition va s'avérer effective.
I.
La croyance n'est pas aveugle, elle est un degré qui mène au savoir.
Platon, explique que la croyance est nécessaire au savoir, car elle en est première marche.
Pour connaître de
manière certaine, il faut tout d'abord envisager la possibilité de l'événement par la croyance.
Dans le mythe de la
caverne, si l'un des hommes enchaînés n'avait pas cru qu'il y avait autre chose ailleurs, au-delà de ses chaînes,
alors il ne serait jamais partit, poussé par la curiosité.
Le passage de la croyance au savoir nécessite donc un effort
intellectif.
Ainsi, c'est la croyance qui déclenche le mouvement et qui permet à l'homme de chercher pour trouver
une certitude.
Nous comprenons donc que pour Platon la croyance n'est pas aveugle, car ses yeux grands ouverts
sont dirigés vers le savoir.
Le savoir ne naît pas du néant, mais a pour fondation la croyance.
Mais si le regard de la
croyance est orienté vers ses conséquences et son futur, peut-on dire qu'elle est aveugle quant à ce qui la cause ?
II.
La croyance est aveugle, car elle est le fruit d'une illusion.
Hume montre que lorsque l'on dit ‘je sais que le soleil se lèvera demain', ce
que l'on dit en réalité, c'est ‘je crois que le soleil se lèvera demain'.
Pour lui, le
raisonnement sur les faits ne relève pas du savoir, mais de la croyance.
Mais
pourquoi ? Quel critère permet de distinguer le savoir de la croyance ?
L'auteur peut effectuer un classement, car savoir c'est connaître la relation
de cause à effet qui engendre l'événement ; la croyance vient du fait que
sans connaître la relation qu'entretiennent la cause et l'effet, nous supposons
une chose.
Les faits, reposant sur une relation de cause à effet non
nécessaire et indémontrable, font donc partie de la catégorie des croyances.
Ainsi, pour l'auteur, toute croyance est par essence aveugle, car la relation
de cause à effet est inexistante.
Ce qui crée notre certitude que le soleil se
lèvera demain, c'est uniquement le fait que nous l'avons vu se lever tous les
matins de notre vie, c'est donc l'habitude.
Mais alors, si toute croyance est
aveugle, c'est-à-dire ignorante des causes, incertaines et peu sures,
comment se fait-il qu'elles soient si importantes pour nous ?
Hume: Expérience et Causalité
1.
La notion d'expérience : impressions et idées
Pour Hume, sont données à l'esprit d'abord des impressions, à savoir des
perceptions vives, et en second lieu les idées qui en sont les copies affaiblies
(Traité de la nature humaine).
Au point de départ de sa philosophie, nous
rencontrons donc, non seulement des données élémentaires, mais encore des données qui ne se distinguent que par
la manière dont nous en faisons l'expérience.
Il n'y a pas d'extériorité, celle des choses* dont nous instruisent les
sens, ni d'intériorité, celle de l'esprit quand il réfléchit sur lui-même : il n'y a que l'expérience et ses critères, la
vivacité ou la faiblesse du senti.
2.
La critique de la causalité : la raison comme habitude
Toute la pensée relève alors des relations entre ces données et de la manière dont nous les éprouvons.
C'est dire
qu'il n'y a aucune relation, si ce n'est celles que l'esprit établit.
Ainsi, l'idée de causalité, qui signifie qu'il y a une
connexion nécessaire entre deux choses, la cause et l'effet, n'est pas perçue dans les choses mêmes, mais vient de
ce que l'esprit prend l'habitude de les lier (Enquête sur l'entendement humain).
C'est une simple tendance de l'esprit,
une association spontanée entre ses idées, qui nous fait croire à une causalité que nous n'observons jamais.
III.
La croyance n'est-elle pas plus importante que le savoir ?
Nietzsche explique que la croyance est sans doute plus importante que le savoir, car elle émane de l'homme
intrinsèquement.
L'homme n'a aucune certitude quant au monde qui l'entoure (toute certitude est vraie tant qu'elle
n'a pas été démontrée fausse : Popper).
Nietzsche explique que la nature est comme un texte qu'il faut interpréter.
Toutes les interprétations se valent, il n'y en a pas une plus vraie qu'une autre.
Ainsi toutes les croyances sont.
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