Toute conscience est-elle nécessairement conscience morale ?
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RAPPEL DE COURS: LA CONSCIENCE MORALE
La conscience n'est pas seulement l'état intellectuel grâce auquel je
suis présent à moi-même.
Elle désigne aussi un état moral (ce qui se
remarque au fait que le nom « conscience » a donné deux adjectifs :
« conscient » et «consciencieux»).
C'est ainsi que Rousseau dit de la
conscience qu'elle est un « instinct divin », c'est-à-dire un moyen
immédiat et infaillible de reconnaître le bien du mal.
La conscience
est ici une « voix intérieure » qui est « un principe inné de justice et
de vertu » : les principes qui réglementent la moralité, écrit
Rousseau, « je les trouve au fond de mon cœur, écrits en caractères
ineffaçables ».
Il y a d'ailleurs un lien entre ces deux significations de
la notion de conscience : c'est parce que nous sommes
intellectuellement conscients de ce que nous faisons que nous
pouvons en être tenus pour moralement responsables.
La conscience
implique la responsabilité, c'est-à-dire la capacité de pouvoir
répondre de nos actes et de nos pensées.
Introduction
Le concept de conscience est marquée d'une ambiguité : s'agit-il d'une conscience strictement phénoménologique,
comme structure de la perception, ou d'une conscience morale, apparaissant comme "voix de la conscience" ? Dans
l'Antiquité, chez Cicéron notamment, la notion de conscience renvoie toujours à une connotation morale ; mais la
philosophie moderne a cherché à émanciper la description phénémonologique de cet horizon éthique.
Dès lors, si la
conscience morale ne semble pas pouvoir se séparer d'une conscience comme structure même de la pensée, cette
conscience objective, phénoménale, peut-elle symétriquement ne pas contenir en son sein les critères mêmes
d'évaluation du bien et du mal, et se contenter d'une description neutralisée du phénomène ?
I La conscience comme objet de "science" : Husserl et Freud
- Dans les Méditations cartésiennes, Husserl expose son projet d'une saisie
pure de la conscience humaine, par le moyen de l'époché, c'est-à-dire la mise
en suspens de l'existence du monde, qualifiée de contigente par rapport à la
structure première de la conscience.
Cette mise en suspens a pour
conséquence l'abstraction fondamentale de la conscience vis-à-vis du monde
: la conscience apparaît comme structure pré-donnée, a priori, désengagée
en elle-même de tout souci mondain, y compris moral.
-Cette exigence de saisie objective de la conscience, on peut également la
trouver chez Freud, dans L'Interprétation des rêves.
Freud y cherche à
cerner le phénomène d'émergence de la conscience, en dehors de toute
préoccupation morale : l'attitude est ici scientifique, et entend dégager les
structures génétiques de la conscience, là où Husserl considérait la
conscience comme structure a priori.
Les trois strates de l'appareil psychique
humain, que sont l'inconscient, le pré-conscient et le conscient, structurent
ainsi l'économie de l'énergie psychique : la conscience se présente alors
comme un instrument psychique de régulation, sans dimension évaluative.
II La conscience comme prise dans un monde : ses implications
pratiques et sociales, Descartes et Freud à nouveau
-Descartes comme influence majeure de Husserl.
Si le cogito (Discours de la
méthode) établissait bien un fondement absolu de l'existence humaine, il n'en demeure pas moins impliqué dans un
monde, non pas totalement abstrait mais faisant partie intégrante de la création divine.
Par conséquent, le cogito
est non seulement ce qui assure la certitude de notre existence, mais également ce qui permet de fonder l'arbre de
la science humaine (Discours de la méthode encore), qui comprend en dernier lieu la morale.
Etre conscient, c'est
donc le socle même de toute réflexion morale, ce que Sartre mettra à profit dans la notion d'engagement de toute
conscience, réinstallant celle-ci dans un monde, là où Husserl l'avait abstraite de ce dernier, de façon absolument
transcendante.
-Si Freud, dans sa première topique de L'Interprétation des rêves, maintenait une objectivité fonctionnelle de la
conscience, sa position évolue quelque peu lors qu'il expose sa seconde topique du psychisme (Le ça et le moi) : les
trois instances en jeu sont alors le ça, le moi et le surmoi.
Le rôle de ce dernier est de structurer la conscience, en
garantissant le respect des interdits sociaux intériorisés par le sujet.
Dès lors, l'horizon de la conscience s'élargit, de
manière à circonscrire une sphère humaine morale et à pouvoir déterminer ce qui ce est mal et ce qui est bien.
L'inconscient peut être connu parce qu'il est une force qui se manifeste dans la conscience.
«L'interprétation des rêves est la voie royale de la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique.».
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