Toute conscience de soi est-elle une illusion sur soi ?
Extrait du document
«
Parties du programme abordées :
— La conscience.
— L'illusion.
Analyse du sujet : Un sujet assez difficile qui suppose clans sa formulation qu' une part d'illusion au moins entre
dans la notion de conscience réfléchie.
Le vrai problème consiste donc à déterminer si cette illusion s'étend à toute
conscience de soi.
Conseils pratiques : Soyez attentifs à la formulation : conscience de soi ; illusion sur soi.
Explicitez le sens des
prépositions et ce qu'elles révèlent de la démarche qu'elles décrivent.
Interrogez-vous sur le sens précis du mot
illusion.
Bibliographie :
Descartes, Lettres à Arnauld, en particulier celles du 4 juin et du 29 juillet 1648, Gallimard.
Hegel, Phénoménologie de l'esprit, section B, pp.
145-192, Aubier-Montaigne.
Leibniz, Nouveaux Essais, II, Garnier-Flammarion.
J.-P.
Sartre, L'être et le néant, Gallimard.
Difficulté du sujet : ***
Nature du sujet : Classique.
Introduction
Rien ne semble aujourd'hui plus évident que ce que l'on nomme le « moi ».
Que ce soit à la première personne du
sujet ou dans les actes mêmes, cette conscience intime et directe de son individualité particulière ne semble
souffrir, de fait, d'aucune contestation possible.
Mais il est également un fait que lorsque chacun de nous dit
« moi » pour se qualifier, une irréflexion sur la nature même de ce « moi » accompagne parallèlement cette
assurance en la vérité de celui-ci.
Personne ne songe en effet à émettre un doute sur une identité constamment
réaffirmée par autrui, du simple fait qu'il me regarde et me parle.
Cette assurance en la vérité de son identité propre
et indivise fut affirmée par Descartes lui-même, lorsqu'il entreprit de trouver une seule certitude assez forte pour
stopper son doute méthodique sur toute chose.
« Cogito ergo sum » (« Je pense, donc je suis ») affirmera-t-il de
manière illustre, fondant ainsi une pensée assurée et moderne du sujet pensant, sûr de tout car certain de luimême.
Cette tradition de pensée prenant pour fondement le rapport immédiat et transparent de l'individu à lui-même
à cependant été battue en brèche par la théorie psychanalytique.
Freud nous a obligé à redéfinir le « moi » à partir
de « topiques » (représentations) de l'appareil psychique novatrices, basées sur la théorie de l'inconscient.
Cela
tend à affirmer que la conscience de soi, bien loin d'être la réalité pleine de la « psyché » humaine et encore moins
la base d'une connaissance certaine de soi, n'est en fait que la partie immergée et visible de cet « iceberg » qu'est
l'appareil psychique nouvellement considéré.
Dès lors, la conscience de soi ne sera plus considérée, avec Freud,
comme l'unique instance de l'esprit humain.
Plus, son statut monolithique ne saurait rendre compte des actes non
intentionnels (actes manqués, rêves, lapsus...) qui viennent régulièrement parasiter, de manière incontrôlable et
manifeste, notre action volontaire.
Bien sûr cette théorie mettra à mal les diverses philosophies de la conscience
issues de Descartes (Brentano, Husserl, Lachelier...) en remettant en question la notion de « moi » et d'identité.
La
conscience n'est certes pas récusée, avec Freud, mais un « soupçon » (c'est ainsi que Ricoeur nomme cette
pensée, dont Nietzsche, Freud et Marx sont les tenants, qui remet en question les valeurs philosophiques
traditionnelles héritées de Descartes et Kant sur la notion de sujet) sur la réalité d'un « moi » transparent à luimême, constituant et plein est alors posé.
L'amalgame entre conscience de soi et connaissance de soi sera alors à
éviter...
Que devient, dès lors, la notion de « conscience de soi » ?
Doit-on envisager que cette pensée cartésienne de la parfaite connaissance et certitude de soi n'est plus alors
qu'illusoire ?
I.
La conscience d'un « moi » relatif
Lorsque la théorie de l'inconscient est annoncée par Freud, c'est toute une tradition philosophique de la conscience
qui vacille.
Descartes n'est certes plus là pour réagir, mais une polémique virulente s'engage alors entre Freud et
Brentano (maître de Husserl).
Ce dernier, qui défend la thèse d'une connaissance possible de la « psyché » humaine
à partir d'une psychologie dépendant de bases « empiristes » (fondement de la connaissance sur l'expérience) et
affirmant que rien n'échappe à la conscience (contenant les pensées manifestes mais aussi, grâce à la mémoire, les
pensées latentes), récuse cette nouvelle instance à côté de la conscience (Cf.
Psychologie du point de vue
empirique).
L'appareil psychique ne saurait être divisé selon l'Allemand ; il estime que Freud est lui-même dans une
théorie illusoire, qu'il ne peut au demeurant aucunement prouver par des faits tangibles (Popper)..
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