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Tout ordre est-il une violence dissimulée ?

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« La violence est l'instrument de l'ordre.

Tant que l'ordre n'est pas troublé, la violence demeure dissimulée.

Dès qu'il l'est, elle devient un moyen extrêmement efficace pour faire cesser les désordres.

Mais, dès lors que l'homme suit sa raison morale, il peut comprendre que l'ordre n'implique pas nécessairement la menace.

Mon intérêt étant aussi celui de tous, c'est sans contrainte que je désire l'ordre. La politique est le domaine de la force.

Plus l'ordre est strict, plus règne une violence sous-jacente.

La vie, dans son essence, n'obéit pas à un principe d'ordre mécanique.

Le désir d'ordre lui fait violence. La politique est toujours une contrainte On ne peut pas ignorer les faits: tout pouvoir est un système de coercition. Or, là où il n'y a pas d'Etat fort, il n'y a ni paix ni sécurité.

Paix et sécurité sont les conditions de l'ordre.

Il faut donc contraindre les individus afin d'établir et maintenir l'ordre social.

Pour cela, il n'y a pas de moyen plus efficace que les menaces physiques. Le respect de l'ordre suppose une violence latente Ce sont rarement des impératifs moraux qui conduisent les individus à respecter la loi.

S'ils la respectent, c'est parce qu'ils la craignent.

Plus les lois sont strictes, plus leur application est sévère, mieux l'ordre est maintenu.

Mais, pour obtenir ce résultat, il faut mettre en place des dispositifs de répression dont la violence potentielle est très grande. Max Weber dira: "Il faut concevoir l'État contemporain comme une communauté humaine, qui dans les limites d'un territoire déterminé revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence légitime." (Le savant et le politique). L'État moderne est le garant de la vie politique.

Il se reconnaît comme le seul détenteur légitime de la force et à ce titre préserve la défense de l'intégrité du territoire où son autorité s'exerce.

En outre, aucune société n'est à l'abri de désordres qui pourraient entraver son bon fonctionnement.

Il revient donc à l'État d'organiser sur un plan juridique les rapports humains afin d'assurer l'exercice du droit.

Sans cela, le risque que chacun puisse à sa guise user de la violence ne pourrait être sérieusement écarté. L'ordre fait violence à la vie Ainsi que l'écrit le romancier Milan Kundera dans La Valse aux adieux, «le désir de l'ordre est en même temps le désir de mort, parce que la vie est perpétuelle violation de l'ordre».

Ainsi, l'ordre, qui repose sur l'administration comptable des biens et des personnes, soumet la vie des individus et des personnes à des contraintes de type mécanique. L'ordre peut avoir pour fondement la justice.

Une société juste n'a pas besoin d'avoir recours à la menace de la violence pour discipliner les comportements.

Chacun agit dans l'intérêt commun. Ordre et justice sont indissociables Platon, dans La République, considère qu'une cité juste est une cité bien ordonnée.

L'ordre auquel il pense repose sur l'attribution de tâches correspondant aux aptitudes de chacun.

Dès l'instant où celui qui est bon cordonnier peut vivre de son travail, il le fera bien, en tirera satisfaction, et n'aura aucune raison de prendre la place d'un bon charpentier. La morale est plus efficace que la contrainte Dans Du Contrat social, Rousseau montre que si tous les citoyens abandonnent leur volonté particulière à la volonté générale, ils retrouvent, en mieux, ce qu'ils ont cédé.

La volonté générale, qui ne leur est aucunement étrangère, leur garantit la liberté et l'égalité.

Chacun a donc intérêt à respecter la loi, au nom de valeurs éthiques, et non par crainte. La raison humaine porte à la considération de son intérêt.

Mais si l'intérêt particulier se manifeste à l'individu de manière spontanée, la considération de l'intérêt général marque elle l'entrée en politique et requiert les ressorts de l'éducation.

Exercer la volonté générale suppose en effet que je me hisse à l'intérêt commun, au-delà de ce qui regarde ma personne privée.

La difficulté de l'existence citoyenne tient en grande partie à la tension supposée entre ces deux formes de biens; seul le citoyen clairvoyant sait comprendre que l'intérêt général intègre et ne s'oppose pas à l'intérêt particulier bien compris. La souveraineté est la faculté ultime de décider ; elle s'exprime en particulier dans le fait de décider des lois civiles. Un des points majeurs du modèle politique envisagé par Rousseau réside dans l'attribution de la souveraineté au peuple, modernes qui l'exprime à travers l'exercice de la volonté générale.

De cette manière, le peuple est à la fois auteur et sujet des lois, il obéit sans se soumettre.. »

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