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Tout le monde est-il artiste ?

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« Définition des termes du sujet La définition de l'artiste pose problème : l'artiste est-il celui qui revendique produire des oeuvres d'art – peut-on affirmer ‘je suis un artiste' ? est-il celui que les autres reconnaissent comme artiste ? Est-il simplement celui qui pratique un art ? Est-il celui qui a une certaine vision du monde, qui pourrait déboucher sur des créations artistiques sans forcément le faire ? C'est justement la difficulté de cette identification de l'artiste que ce sujet invite à prendre au sérieux : tout le monde, c'est tout un chacun, sans distinction, sans qualification particulière. Il faut déterminer si tout le monde est, de fait, artiste, ou bien si tout le monde est potentiellement artiste, ou bien si la formulation « tout le monde est artiste » n'est absolument pas pertinente dans la mesure où la capacité à être artiste est à considérer comme un don rare doublé d'un apprentissage technique difficile. Proposition de plan I.

La capacité humaine à être artiste Soutenir que « tout le monde est artiste », cela semble renvoyer à une capacité humaine générale, et partagée : en quoi cette capacité peut-elle consister ? en une capacité d'imitation ? d'expression ? de rationalité ? de langage ? Il importe dans cette première partie d'examiner les éléments qui, dans la nature humaine, permettent de fonder l'idée que tout le monde est artiste. Aristote La tendance à l'imitation est instinctive chez l'homme et dès l'enfance.

Sur ce point il se distingue de tous les autres êtres, par son aptitude très développée à l'imitation.

C'est par l'imitation qu'il acquiert ses premières connaissances, c'est par elle que tous éprouvent du plaisir.

La preuve en est visiblement fournie par les faits : des objets réels que nous ne pouvons pas regarder sans éprouver du déplaisir, nous en contemplons avec plaisir l'image la plus fidèle ; c'est le cas des bêtes sauvages les plus repoussantes et des cadavres.

La cause en est que l'acquisition d'une connaissance ravit non seulement le philosophe, mais tous les humains même s'ils ne goûtent pas longtemps cette satisfaction.

Ils ont du plaisir à regarder ces images, dont la vue d'abord les instruit et les fait raisonner sur chacune.

S'il arrive qu'ils n'aient pas encore vu l'objet représenté, ce n'est pas l'imitation qui produit le plaisir, mais la parfaite exécution, ou la couleur ou une autre cause du même ordre Comme la tendance à l'imitation nous est naturelle, ainsi que le goût de l'harmonie et du rythme (...), à l'origine les hommes les plus aptes par leur nature à ces exercices ont donné peu à peu naissance à la poésie par leurs improvisations. II.

L'insuffisance de cette capacité humaine à fonder le statut d'artiste Deux problèmes se posent cependant : la tendance humaine à être artiste n'est qu'une tendance, donc une puissance, qui demande à être réalisée pour être vérifiée ; et cette tendance est inégalement répartie.

Tout le monde est peut-être potentiellement artiste, mais il n'est pas exclu que certains ne le soient pas du tout, et, de toute façon, cette tendance ne se suffit pas à elle-même pour faire naître l'artiste. Galilée ; Dialogue des grands systèmes SAGREDO : Je crois comprendre cela très bien.

Le pouvoir de faire oeuvre, signor Simplicio, a été donné aux hommes, mais non pas également partagé entre eux ; il n'est pas douteux que la puissance d'un empereur est beaucoup plus grande que celle d'une personne privée, mais l'une et l'autre ne sont rien en comparaison de la puissance divine.

Parmi les hommes, il en est quelques-uns qui entendent mieux l'agriculture que beaucoup d'autres ; mais l'art de planter un sarment de vigne dans une fosse a-t-il quelque rapport avec celui de lui faire pousser des racines, puiser sa nourriture, en tirer et en distinguer les éléments propres à former les feuilles, les vrilles, les grappes, les grains et les pépins car tel est l'ouvrage de la très savante nature ? Ce n'est là qu'une de ses uvres particulières parmi tant d'autres sans nombre, et elle témoigne d'une science infinie ; aussi peut-on conclure que le savoir divin est infiniment infini. SALVIATI : En voici un autre exemple.

Ne dirons-nous pas que l'art de faire surgir d'un marbre une très belle statue a élevé le génie de Michel-Ange bien au-dessus du commun des hommes ? Or, cet art n'est que celui d'imiter une seule attitude, une seule disposition des membres, l'aspect extérieur et superficiel d'un personnage immobile.

Qu'est cela en comparaison d'un homme fait par la nature, composé de tant d'organes externes et internes, de tant de muscles, de tendons, de nerfs et d'os lui permettant des mouvements si nombreux et si divers ? Mais que dire des sens, des facultés de l'âme, de l'intelligence enfin ? N'avons-nous pas raison de reconnaître que l'exécution d'une statue le cède d'infiniment loin à la formation d'un homme vivant, à celle même du plus humble ver de terre ?. »

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