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Tout désir est-il désir de pouvoir ?

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« PROBLÉMATIQUE Le désir est impulsif, sans logique, hors de toute maîtrise.

Pourtant, s'il est spontané, il n'en est pas moins conscient, et il se dirige vers une fin jugée bonne, connue ou imaginée.

Le désir est traditionnellement conçu comme l'autre de la raison.

Aussi est-il généralement compris dans une perspective morale qui fait valoir, contre l'intempérance, la soumission des désirs à la volonté raisonnable.

La fin du désir a tendance à toujours se métamorphoser, puisque le désir ne semble jamais pouvoir se satisfaire, mais chaque désir a un objet.

En cela il peut être dirigé par une logique, ou par la raison.

Dans ce sens, les désirs peuvent obéir à une logique que l'on aurait soimême définie.

Dans quelle mesure n'est-ce pas nos désirs qui nous obéissent ? Qui commande du désir ou de notre volonté ? Une autre façon de mener le sujet est de montrer que le désir peut obéir à une logique qui lui serait propre, liée à sa satisfaction, et sur laquelle nous n'aurions que peu de maîtrise.

Ainsi, si l'on se réfère à la notion de désir en psychanalyse, le désir serait lié à un manque, à une impulsion inconsciente.

Il a donc sa logique propre (il obéit à des règles strictes de l'inconscient), mais qui nous reste impénétrable.

Et dans la mesure où l'on parle de nos désirs, quelles sont les conséquences pour la nature humaine : nous obéissons, par le biais de nos désirs, à des logiques qui ne nous sont pas propres ? Introduction Le désir est une tendance propre à l'homme puisqu'il en est conscient, quand elle se manifeste, et le pousse à se comporter activement à l'égard de tel ou tel objet.

La sphère du désir, à la différence du besoin, s'étend à la totalité de l'activité humaine.

Ainsi le désir est une épreuve, tant il se manifeste, et oblige l'homme à en répondre, et par extension à répondre de lui-même.

Le désir accapare, il pousse à l'analyse, à l'interprétation, et force l'homme à se manifester à lui-même comme tel, à répondre de ce pouvoir protéiforme et plurilatéral.

Loin d'être l'expression d'un comportement mécanique, d'une nécessité aveugle ou une pure passivité, le désir est d'emblée interprété comme un phénomène qui a du sens, et qui peut se voir lier à la morale, à la vérité.

En effet, les conduites et vertus dépendent de notre attitude adoptée face au désir.

Dès lors, si l'homme tend au bonheur, s'il est perfectible, peut-il s'attendre à atteindre son but, son idéal, en se laissant aller au libre cours de ses désirs ? Si l'homme a une destination plus haute que le simple assouvissement de ses tendances immédiates, doit-il entreprendre un comportement raisonné à l'égard de cette puissance qui le fait être, qui le fait persévérer tel qu'il est à chaque moment ? I.

Sagesse ou désirs vains a.

Tous les désirs n'ont pas la même valeur.

Mais surtout, l'important, pour bien vivre, consisterait à examiner ses désirs, à les évaluer, et à apprendre à n'en pas être dépendant : c'est là la clé de la sagesse, se maîtriser soimême pour se connaître soi-même.

Ainsi Epicure, dans sa Lettre à Ménécée (11), estime que plutôt que de vouloir absolument réprimer les désirs, il est plus judicieux de les juger, et de savoir distinguer entre les désirs naturels et les désirs vains.

Cette distinction commande la possibilité d'une véritable satisfaction, et donc d'une réelle réalisation de soi : « une vision claire de ces différents désirs permet à chaque fois de choisir ou de refuser quelque chose, en fonction de ce qu'il contribue ou non à la santé du corps et à la sérénité de l'âme, puisque ce sont deux éléments qui constituent la vie heureuse dans sa perfection ».

Les désirs vains ne peuvent permettre une pareille opération puisqu'ils incitent à la débauche dans laquelle le désir tourmente le corps et l'âme par d'incessantes sollicitations, comme le désir de mets raffinés et les plaisirs charnels.

L'homme doit rester vigilant et considérer de manière raisonnée les multiples manifestations d'un désir qui ne cesse de vouloir le troubler, ou le tromper. L'abondance des biens extérieurs n'est pas la clé du bonheur ou de la satisfaction, car celui qui désire toujours plus n'en a jamais assez. b.

On se rappellera Calliclès émettant une thèse selon laquelle « Le beau et le juste selon la nature, c'est de laisser ses désirs êtres les plus grands possibles, sans les réprimer et, si grand soient-ils, d'être capable de les satisfaire par son courage et son intelligence » (Platon, Gorgias, 491 e- 492a) ; aussi, « Le plaisir de la vie, c'est de verser le plus possible […] Avoir tous les désirs, pouvoir les satisfaire, y trouver du plaisir : voilà ce qu'est le bonheur » (494b-c).

Le plaisir est ainsi pour Calliclès la mesure qu'un homme doit s'engager à suivre, et ce de façon indéfinie, ou sans mesure.

Calliclès ajoute que la puissance (du plus fort, ou celle du discours chez les sophistes) doit être une aide précieuse afin que l'homme puisse combler au maximum ses désirs.

L'homme doit pouvoir satisfaire ses désirs en toute impunité et sans entraves.

Voilà pour Calliclès le devoir d'un homme vertueux.

Socrate répondra à Calliclès que l'homme aux désirs insatiables ne voit pas, ne sait pas qu'il subit le supplice des Danaïdes : celles qui, dans la mythologie, pour avoir tué leur mari, versaient sans fin dans des tonneaux sans fond, percé (on retrouve aussi l'idée de l'homme qui doit monter une pierre énorme en haut d'une montagne, mais à peine arrivé, la pierre retombe en bas, et il faut tout recommencer indéfiniment : mythe de Sisyphe).

Alors que la mesure authentique est de se suffire à soi-même, le désir d'avoir sans cesse plus relève de l'indéfini et du chaos, manque radical de toute perfection.

Pour Socrate, une vie heureuse, c'est une vie où les désirs sont réglés.

L'homme doit « se commander soi-même », c'est-à-dire « être tempérant et maître de soi, et commander en soi aux plaisirs et aux passions ».

Mais Calliclès conserve sa certitude, et rétorque plus loin : « La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l'incontinence et la liberté ; quand ils sont soutenus par la force, ils constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant ».. »

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