Tombé-je malade comme une machine tombe en panne ?
Extrait du document
«
Introduction :
Bien définir les termes du sujet :
- « Machine » : agencement de pièces solides en un système cohérent et préétabli, en vue de produire un résultat
déterminé.
S'applique à des instruments très différents, comme la poulie, le moteur à essence, ou l'ordinateur.
- « Personne » : ici il faut prendre le terme dans son acception la plus courante, à savoir celle d'être humain vivant
particulier et singulier.
- « Tomber en panne » : la panne est un arrêt momentané du fonctionnement de la machine, dû à un accident, à un
dysfonctionnement, ou à une avarie du matériel.
Tomber en panne désigne le passage imprévu et subit de la
machine de l'état de marche à celui de panne.
- « Tomber malade » : la maladie est une altération de la santé ou des fonctions vitales de l'organisme, c'est un
dysfonctionnement qui empêche ou gêne le déroulement normal des activités organiques ou physiques de l'individu.
Tomber malade désigne le passage imprévu et soudain de l'état de santé à celui de maladie.
(C'est d'ailleurs la raison
pour laquelle le sujet parle d'événements)
Construction de la problématique.
Le sujet porte sur le rapport entre le vivant et la machine ; il s'agit de comparer les deux situations
(tomber en panne / malade) pour voir s'il est possible d'identifier l'une à l'autre, ou si finalement ce sont deux
situations complètement différentes.
Il faut aussi noter que le sujet cherche à établir s'il y a une différence de
"nature", c'est-à-dire une différence qui touche à l'essence, et non pas une simple différence de degré.
Il s'agit donc de comparer les deux situations pour établir leurs caractéristiques et voir si elles sont
identifiables ou fondamentalement différentes.
Plan :
I/ La panne et la maladie, une analogie qui va jusqu'à l'identification :
" Tomber en panne " et " tomber malade " : deux expressions similaires qui montrent la facilité avec laquelle
nous rapprochons le vivant et la machine.
Cf.
l'utilisation de termes identiques dans le domaine médical et
mécanique : "virus" pour une maladie de l'organisme, et pour la panne de l'ordinateur.
Et cf.
le rapprochement entre
le remplacement d'une pièce d'une machine et la greffe d'un organe.
Quoi qu'il en soit, dans les deux cas - panne et
maladie - intervient le désir de revenir à l'état précédent, dit "normal".
Dans la Lettre à *** de mars 1868 ou le Discours de la méthode V, Descartes rapproche le vivant de la
machine, ne les distingue pas, et étend ainsi les principes de la physique mécaniste au domaine de la biologie.
Descartes pense le vivant selon le modèle mécaniste, c'est-à-dire qu'il considère que l'organisme étant de la
matière, il obéit aux simples lois de la matière.
De ce fait, la connaissance des organismes relève de la physique et
de la chimie.
La biologie proprement dite n'existe pas encore à l'époque classique, et le scientifique étudie tous les
phénomènes naturels sans distinction, y compris le vivant.
La mécanique et la biologie sont donc des pratiques
voisines, étant donné que le vivant n'est qu'une machine perfectionnée " Considérons ce corps comme une machine
qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée, et a en soi des mouvements plus
admirables." Si on ne distingue donc pas le vivant de la machine, il n'y a aucune raison que l'on différencie la panne
de la maladie.
II/ L'identification n'est valable que pour un point de vue mécaniste :
La panne et la maladie sont deux phénomènes identiques, uniquement du point de vue mécaniste, c'est-àdire uniquement si l'on assimile la machine au vivant.
Cependant, il est possible de noter des différences entre les
deux situations.
Ainsi, la panne de la machine signe l'arrêt complet du mécanisme, alors que la maladie laisse l'organisme
vivre – ne pas confondre maladie et mort.
Les causes de la panne sont différentes de celles de la maladie : cette
dernière peut être due (ex des problèmes psychologiques) à un contexte social ou à des angoisses qui ne viennent
pas de l'extérieur, tandis que la machine tombe en panne à cause de l'environnement physique.
L'organisme peut
quant à lui s'adapter à ces changements extérieurs.
Cf.
Claude Bernard et le "milieu intérieur" du vivant : grâce à
l'influence du milieu intérieur, l'organisme se régule pour qu'il reste toujours identique.
C'est de cette façon que le
vivant peut parfois se guérir tout seul, alors que la machine ne peut pas se réparer seule.
C'est ce que note Kant dans La critique de la faculté de juger (partie téléologique).
En effet, si le vivant
peut cicatriser ses blessures seul, croître, se reproduire..., c'est qu'il possède une force formatrice, et non pas
uniquement une force motrice.
Autrement dit, l'organisme est un tout finalisé dont le but est de vivre, et tout est
mis en œuvre pour accomplir cette fin.
Chaque organe est ainsi moyen de cette fin, et le vivant se rapport à luimême à la fois comme cause et comme effet (il s'organise lui-même, les parties sont liées causalement entre elles).
Le jugement téléologique a pour objet la finalité dans les êtres naturels organisés.
Comment, sans faire référence à un auteur intelligent de la nature, ce que nous interdit la Critique de la raison pure,
rendre compte de l'harmonie auto-organisatrice qui se manifeste chez les êtres vivants ? Inversement, alors que la
position philosophique du mécanisme pense pouvoir rendre compte des êtres organisés comme s'ils étaient des êtres.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Une machine tombe en panne, une personne tombe malade, ces deux évènements sont-ils de même nature ?
- Est-ce que l'on tombe malade comme une machine tombe en panne ?
- La maladie de l'Homme peut-elle être comparée à la panne d'une machine?
- LA MALADIE D'UN ÊTRE VIVANT EST-ELLE COMPARABLE À LA PANNE D'UNE MACHINE ?
- LA MALADIE D'UN ÊTRE VIVANT EST-ELLE COMPARABLE À LA PANNE D'UNE MACHINE ?