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Texte de KANT: L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître...

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Parce que nous sommes des êtres de raison, nous savons ce qui est juste et injuste, ce qui est bien et mal : le criminel agit mal, sans doute, mais il le sait parce qu'il porte en lui ce que Kant nomme « la voix de la conscience », qui le juge, et le condamne. Seulement, il ne suffit pas de savoir que ce que je fais est injuste pour ne pas le faire : le voleur sait qu'il est injuste de voler, qu'un monde où chacun volerait tous les autres sombrerait dans l'absurdité, mais cela ne l'empêche pas de satisfaire son désir de possession en dérobant l'objet qu'il convoite. Alors, un homme peut-il être juste par lui-même ? Comment autrement dit résorber la différence entre le bien qu'il connaît et le mal qu'il fait ?

« Demande d'échange de corrigé de Kalac Mikail ([email protected]). Sujet déposé : L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de son espèce, a besoin d'un maître.

Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables ; et, quoique, en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous, son penchant animal à l'égoïsme l'incite toutefois à se réserver dans toute la mesure du possible un régime d'exception pour lui-même.

Il lui faut donc un maître qui batte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à une volonté universellement valable, grâce à laquelle chacun puisse être libre.

Mais où va-t-il trouver ce maître ? Nulle part ailleurs que dans l'espèce humaine.

Or ce maître, à son tour, est tout comme lui un animal qui a besoin d'un maître.

De quelque façon qu'il [l'homme] s'y prenne, on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice publique un chef qui soit lui-même juste : soit qu'il choisisse à cet effet une personne unique, soit qu'il s'adresse à une élite de personnes triées au sein d'une société.

Car chacune d'elles abusera toujours de la liberté si elle n'a personne au-dessus d'elle pour imposer vis-àvis d'elle-même l'autorité des lois.

Or le chef suprême doit être juste par lui-même, et cependant être un homme. Cette tâche est par conséquent la plus difficile à remplir de toutes ; à vrai dire sa solution parfaite est impossible ; le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites.

La nature nous oblige à ne pas chercher autre chose qu'à nous approcher de cette idée.

Kant Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction.

Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble. Questions 1.

Dégagez la thèse du texte et les étapes de son argumentation. 2.

Expliquez : a) « en tant que créature raisonnable, il souhaite une loi qui limite la liberté de tous.

» b) « un maître qui batte en brèche sa volonté particulière et le force à obéir à une volonté universellement valable. » c) « La nature nous oblige à ne pas chercher autre chose qu'à nous approcher de cette idée.

» 3.

Un homme peut-il être juste par lui-même ? Dans ce texte, la thèse que Kant entend soutenir est énoncée dès la première ligne : l'homme « est un animal » qui « a besoin d'un maître ».

En d'autres termes, nous ne naissons pas hommes : nous avons à le devenir, et nous ne le sommes sans doute pas encore assez.

En effet, l'homme est un animal en ceci que comme l'animal, il a une sensibilité, c'est-à-dire des désirs et des appétits ; il est animal également, en ce sens qu'il aura toujours tendance à vouloir satisfaire ses désirs, même aux dépens d'autrui.

Cependant, l'homme est aussi un être raisonnable, ce qui signifie que contrairement à l'animal, il est capable de prévoyance, de calcul et d'abstraction : il sait alors que dans un monde où chacun ne se préoccupe que de son propre désir, c'est la loi du plus fort qui règne.

Or le plus fort d'entre tous ne l'est jamais assez pour être assuré de le demeurer toujours : chacun se rend bien compte que là où la force règne en maître, on a toujours à redouter de tomber sur plus puissant que soi, et par exemple sur quelqu'un qui décidera de vous ôter vos biens, ou votre vie, parce que tel est son bon plaisir.

La raison pousse donc les hommes à vouloir des lois qui limitent la liberté de chacun, et qui mettent fin au règne de la force ; mais le désir demeure, et chacun, autant qu'il le pourra, aura toujours tendance à réclamer des lois lorsque cela l'arrange (lorsque ces lois le protègent d'autrui) et à s'en affranchir dès qu'il y a intérêt.

Il faut donc à l'homme un maître, qui l'obligera à respecter la loi, même lorsqu'il ne le désire pas, et qui le contraindra à se libérer de la tyrannie des désirs ; mais ce maître ne saurait à son tour être qu'un homme, c'est-à-dire lui aussi un être partagé entre la raison et les appétits ; quel que soit alors le régime politique choisi, et que la souveraineté soit déléguée à un seul (monarchie) ou à quelques-uns (aristocratie), les dépositaires du pouvoir, parce qu'ils demeurent des hommes, auront toujours tendance à l'utiliser pour satisfaire leurs intérêts privés, en d'autres termes à utiliser les lois à leur seul avantage, en disant que les autres doivent les respecter inconditionnellement, mais pas eux-mêmes.

Les hommes sont imparfaits : la puissance du désir est telle qu'elle les pousse à l'égoïsme, c'est-à-dire à l'injustice.

Que les dépositaires de l'autorité soient justes en eux-mêmes tout en n'étant que des hommes, c'est donc là quelque chose d'impossible ; mais cela doit pour nous demeurer un idéal auquel nous devons travailler, en cultivant en nous la raison, et en maîtrisant par une longue discipline la puissance de nos désirs. 2. a) L'homme, aime à répéter Kant, est un « être fini et raisonnable ».

Qu'il soit fini, cela veut dire qu'il a une sensibilité, c'est-à-dire des désirs sensibles ; qu'il soit raisonnable, cela veut dire qu'il est capable d'autre chose que de désirer, qu'il n'est pas, contrairement à l'animal, prisonnier de ses désirs immédiats.

Je peux vouloir avant toute chose satisfaire mes désirs ; mais parce que j'ai une raison, je peux comprendre qu'un monde où chaque homme n'obéirait qu'à sa liberté naturelle serait invivable.

La liberté naturelle, en effet, c'est la liberté de « faire ce que je veux », c'est-à-dire d'accomplir mes désirs sans limite.

Mais si chacun agissait ainsi, sans que rien ne vienne limiter cette liberté (par exemple en disant que ma liberté s'arrête là où commence celle des autres), alors régnerait la seule loi du plus fort.

Je satisferai mes désirs tant que je le pourrai, c'est-à-dire autant que ma force me le permettra ; mais il suffit que je rencontre plus puissant que moi, et je perdrai tout, jusqu'à la vie peut-être.

C'est donc parce qu'il comprend que la liberté naturelle le prive de toute sécurité réelle que l'homme, « en tant que créature raisonnable », « souhaite une loi qui limite la liberté de tous ».. »

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