Texte de Descartes : Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646 (Langage et Pensée)
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Texte de Descartes : Lettre au marquis de Newcastle du 23 novembre 1646 (Langage et Pensée)
INTRODUCTION PROBLÉMATIQUE
Si le bon sens interdit de nier que certains animaux possèdent une aptitude à communiquer, y a-t-il lieu pour autant d'assimiler
communication et langage, autrement dit d'octroyer à toute communication un statut linguistique ? Descartes dans sa Lettre au Marquis
de Newcastle du 23 novembre 1646 distingue radicalement les performances verbales des pies, perroquets et autres oiseaux
« parleurs » des discours humains caractérisés par une pensée émancipée des seules passions, la mise en œuvre de signes et l'esprit
d'à propos.
Le souci de caractériser le langage humain se double ici d'une interrogation sur la différence de nature entre l'homme et
l'animal : la faculté de langage contribue à tracer la frontière entre homme et animal et à poser les bases d'une discontinuité foncière
entre eux.
Contre Montaigne ou Charron, Descartes exacerbe en effet la différence entre homme et animal.
Si l'homme parle parce qu'il pense, faut-il réduire le langage à n'être que l'instrument de la pensée tout en reconnaissant
l'inépuisable diversité de nos formes d'expression linguistique ? En outre, quelle conception de l'homme sous-tendent respectivement
les thèses continuiste et discontinuiste ?
DÉVELOPPEMENT
Explication linéaire
1) Les traits du langage humain
* unique signe de la pensée (lignes 1 à 4)
* diversité des formes de notre activité linguistique : l'inventivité langagière déborde la parole et inclut toute mise en œuvre de signes
structurés, signifiants et à propos (gesticulations ordonnées des sourds, discours sinon raisonnables et sensés, du moins porteur de
sens, des fous).
Descartes met en évidence l'aspect créateur du langage (lignes 5 à 8).
2) L'ancrage de la communication animale dans les passions et le conditionnement
* communication limitée à l'expression des passions (joie, tristesse, faim, gourmandise, lignes 9 à 15) ?
* communication conditionnée par le dressage et les stimuli artificiels (ligne 9 puis lignes 15 à 17).
L'animal réagit à des signaux.
D'où : l'homme a le monopole du langage (lignes 18-19) et de la signification.
3) Discontinuité radicale entre hommes et bêtes
* rejet de la position de Montaigne (lignes 19-20).
* le langage, frontière entre humanité et animalité : aucun animal n'a su exprimer autre chose que des passions, tout homme accède
au langage (lignes 20 à 24).
D'où : l'homme parle parce qu'il pense.
Déni à l'animal du langage et de la pensée (lignes 25 à 29).
Partie critique
1)
Instrumentalité du langage ?
Le langage n'est-il que le signe de la pensée ? N'est-il que le vecteur d'expression d'une pensée qui lui préexiste ou est-il condition
même de la pensée ? (Cours, II C)
2)
Les acquis de l'éthologie contemporaine
Certaines expériences menées avec des grands singes tendraient à bousculer l'anthropocentrisme.
Que penser par exemple des
prouesses linguistiques de Washoe ? Ces « paroles de singes » suffisent-elles pour ébranler la frontière entre l'homme et l'animal ?
3)
Dérives de la thèse continuiste
Dangers de l'affirmation « qu'il y aurait plus de différences d'homme à homme que d'homme à bête » : mise en œuvre d'une
discrimination entre les hommes, d'une hiérarchisation, voire d'une extermination de ceux qui auraient été jugés inférieurs.
L'affirmation d'une continuité entre homme et animal va souvent de pair avec celle d'une inégalité des hommes entre eux.
CONCLUSION
La définition de l'homme par sa rationalité le distingue irrévocablement du règne animal.
S'émouvoir de ce que les bêtes puissent,
comme l'écrit Montaigne, « se plaindre, se réjouir, s'entr'appeler au secours ou se convier à l'amour » ne doit pas nous inciter à.
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