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Temps et éthique ?

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« Le passé, miroir de l'avenir Si l'aspect effrayant sous lequel nous apparaît la mort était véritablement dû à l'idée du non-être, déclare Schopenhauer, «nous devrions ressentir le même effroi à la pensée du temps où nous n'étions pas encore.

Car, on ne saurait le contester, le non-être d'après la mort ne peut différer de celui d'avant la naissance ; il ne mérite donc pas plus d'exciter nos plaintes.

Toute une infinité de temps s'est écoulée où nous n'étions pas encore, et il n'y a rien là qui nous afflige» (Le Monde comme volonté et comme représentation, 1819). C'était là reprendre un argument de l'épicurien Lucrèce (i" siècle av.

J.C.), qui écrivait dans son poème De la nature : «De même que dans le passé nous n'avons point senti de douleur quand pour nous combattre on vit de toutes parts se ruer les Carthaginois, quand le monde, secoué tout entier par le choc effroyable de la guerre, frissonnna d'épouvante sous la haute voûte du ciel [...], de même, quand nous cesserons d'être, après le divorce du corps et de l'âme dont l'union compose notre individu», nous pouvons être sûrs qu'à ce moment-là «nous ne serons plus» (chant III, vers 832 et passim).

Ainsi, le temps qui a précédé la naissance nous offre-t-il comme un «miroir», «où la nature nous présente ce que nous réserve l'avenir après la mort» (ibid., chant III, vers 974). Se hâter ou rechercher le bonheur ? Montaigne rappelle que «les Égyptiens, après leurs festins, faisaient présenter aux assistants une grande image de la mort par un esclave qui leur criait : "Bois et t'éjouis, car, mort, tu seras tel"» (Essais, I, 20).

Convient-il donc de se hâter de courir aux plaisirs, avant que d'être vieux, avant que d'être mort ? Certains philosophes et poètes (l'antique Anacréon, les philosophes cyrénaïques, le Persan Omar Khayyam, les poètes de la Pléiade au XVIe siècle) l'ont affirmé avec force.

Mais, pour la plupart des sages de l'Antiquité, la tension que suppose une vie exclusivement vouée à la course aux plaisirs rend le bonheur et la sérénité totalement impossibles : c'est ce qu'enseignait, notamment, Épicure (iii` siècle av.

J.-C.), lequel définissait le bonheur comme une ataraxie (= absence de troubles), c'est-à-dire comme un état stable, durable. « Parmi nos désirs, les uns sont naturels et les autres vains.

Parmi les désirs naturels, il y en a qui sont nécessaires, et d'autres dont l'objet n'est que naturel, sans être nécessaires.

Parmi les nécessaires, il y en a qui regardent notre bonheur, d'autres la tranquillité continue du corps, d'autres enfin l'entretien de la vie. Une théorie exacte de ces désirs sait ce qu'il faut fuir ou rechercher pour la santé du corps et pour la paix de l'âme : deux choses qui constituent tout notre bonheur.

Car tout ce que nous faisons dans la vie se rapporte à ces deux points : écarter la souffrance et atteindre la tranquillité de l'âme.

Quand nous les avons atteints, il n'y a plus en nous de trouble ni d'agitations : l'être vivant n'a rien de plus à acquérir ni à rechercher pour compléter son bien-être.

Nous ne ressentons le besoin du plaisir que quand la privation nous cause quelque douleur.

Dès que nous ne sommes plus remués par cette douleur, nous n'avons plus de désirs. C'est pour cela que nous disons que le plaisir est le commencement et la fin du bonheur de la vie : c'est le plaisir qui a été reconnu comme bien principal et conforme à notre nature.

C'est du plaisir qu'il faut partir pour déterminer ce qu'il faut rechercher ou fuir [...]. Quoique tout plaisir soit un bien en soi, parce qu'il convient à notre nature, il y a cependant des plaisirs qu'il faut se refuser.

De même, quoique toute douleur soit un mal en soi, il y a cependant des douleurs qu'il faut embrasser.

C'est à la raison à considérer la nature des choses, à peser les avantages et les inconvénients.

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