Temps et changement ?
Extrait du document
«
«Y aurait-il un temps», selon le mot de d'Alembert, «s'il n'y avait rien du tout ?» (Essai sur les éléments de
philosophie, 1759-1767).
Ou bien, pour le dire un peu autrement : y aurait-il un temps dans un univers
immuable, ne comportant pas le moindre changement ? Aristote, comme Platon, répondent à cette dernière
question par la négative ; mais ce n'est pas le cas de saint Augustin.
Platon :
le temps, « image mobile de l'immobile éternité »
«Les jours et les nuits, les mois et les saisons n'existaient point avant la naissance
du Ciel, écrit Platon dans le limée, mais leur naissance a été ménagée, en même
temps que le Ciel a été construit».
Ce sont là les divisions du temps qui, en tant
que telles, ont partie liée au changement, et ne peuvent nullement s'appliquer à
l'immobile éternité (Platon, ibid.).
Aristote :
le temps, «nombre du mouvement»
On ne peut concevoir un temps antérieur au mouvement, ni un temps indépendant
du mouvement, déclarera Aristote (–384 - -322).
Le temps peut donc être défini,
selon lui, comme «le nombre du mouvement selon l'avant et l'après» (Physique, N,
11).
Le temps serait ainsi ce qui nous permet de mesurer le mouvement selon la
dimension du successif Et c'est parce que le mouvement est éternel que le temps l'est aussi.
Le temps est inséparable du mouvement, entendu au sens large de changement.
En effet, pour percevoir du
temps, il faut percevoir du changement.
Sans changement, il n'y aurait donc pas de temps.
Cependant le
temps n'est pas exactement la même chose que le mouvement.
Il consiste dans des phases du changement,
distinguées l'une de l'autre en tant que venant l'une après l'autre, et par conséquent dans des phases
nombrées.
C'est pourquoi Aristote définit le temps comme « le nombre du mouvement selon l'antérieurpostérieur ».
Dans ces conditions la question se pose de savoir si le temps existe ou non en dehors d'une conscience, ou,
selon la terminologie aristotélicienne, d'une âme, puisque seule cette dernière peut nombrer les phases du
mouvement.
Aristote répond que l'existence du temps dépend effectivement de celle de l'âme.
Toutefois sa
théorie du temps n'est pas véritablement subjectiviste, puisqu'il le place dans un sujet qu'il conçoit comme réel
et qui est le mouvement.
Saint Augustin :
le temps, «distension de l'âme»»
«Autre chose est le mouvement d'un corps, autre chose ce qui nous sert à mesurer sa durée», déclare, à
l'inverse, saint Augustin (Les Confessions, livre XI).
Le temps, en effet, ne se réduit pas, selon lui, au
mouvement d'un corps.
Ce n'est pas le temps qui est mesuré par le mouvement, mais le mouvement qui est
mesuré par le temps ; bien mieux, celui-ci mesure même le repos.
Ce qui dure véritablement, c'est la «tension» par laquelle l'esprit humain réalise la synthèse de l'attente
(expectatio), de l'attention (contuitus) et du souvenir (memoria).
Le temps, qui est anticipation de l'éternité,
n'est donc qu'un simple déploiement de l'activité de l'âme..
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