TECHNIQUE ET TRAVAIL ?

« On s'aperçoit que la notion de technique est dépendante de l'idée de travail.

Les Grecs et, dans une certaine mesure, la société médiévale, ne tiennent pas en très haute estime le travail.

Platon réserve aux artisans le rang inférieur dans la cité modèle de la , Aristote valorise la théorie et la praxis, mais non la poiesis ; au Moyen-Age, c'est le Tiers Etat, l'ordre le plus humble qui travaille.

Il est même interdit à l'aristocratie d'exercer toute fonction laborieuse sous peine de perdre sa noblesse.

Ce mépris est compréhensible si l'on garde à l'esprit que, dans ces sociétés, la destination de l'homme n'est pas de transformer l'environnement pour en faire sa propriété. Si l'on en croit Platon ou Aristote, l'idéal de l'homme n'est pas de connaître la réussite matérielle, mais de nouer, avec ses semblables, les relations sociales les meilleures possibles, voire de s'adonner aux activités désintéressées de l'esprit.

L'homme médiéval, de son côté se soucie moins de sa vie terrestre que du salut de son âme.

L'ordre des priorités ne conduit pas ces sociétés à valoriser les activités techniques qui assurent à l'homme une maîtrise sur la nature. Aristote illustre bien cette tendance lorsqu'il oppose le fait de vivre à celui de vivre bien.

Le premier cas recouvre, selon lui la satisfaction des besoins élémentaires, le second la réalisation d'une société où les valeurs intellectuelles et politiques peuvent s'épanouir.

La technique est donc une condition nécessaire mais non suffisante, du bien vivre ; elle ne peut pas tendre, comme parfois dans les sociétés modernes, à devenir une finalité en soi. Cette situation est renforcée par le caractère inégalitaire des sociétés anciennes, qui permet d'abandonner le travail aux catégories les plus basses.

Le développement de la technique est contemporain d'une valorisation du travail et de ceux qui l'exécutent.. »