Sur quoi se fonde le sentiment d'identité
Extrait du document
«
Analyse du sujet
·
Le sujet met en oeuvre trois termes : le sentiment d'identité, ce sur quoi il repose, et leur relation :
le fondement.
Il présuppose le sentiment d'identité comme donné, et que l'identité est surtout sentiment.
·
Le sentiment d'identité : cela peut renvoyer soit au sentiment de l'identité des objets du monde,
soit au sentiment de l'identité personnelle (la conscience de soi).
On remarque que le sentiment n'est pas
une connaissance, qu'il peut reposer sur une illusion.
En ce dernier sens, le sentiment n'est qu'une impression
d'un sujet dont il faut justifier la valeur subjective.
Mais le sentiment peut aussi avoir une valeur objective
quant à son contenu (par exemple, le sentiment de sa propre mortalité).
·
Il faut préciser la notion d'identité : permanence dans le temps, mais aussi ce qui nous distingue
des autres en nous conférant une individualité.
L'identité peut être numérique (un individu) ou générique
(plusieurs espèces d'un même genre, qui renvoie à la similitude).
·
Le fondement peut s'entendre en plusieurs sens : ce qui est premier (ce à partir de quoi il faut
commencer, le point de départ), mais aussi ce qui permet de justifier ou encore ce qui permet de rendre
raison.
Ceci, soit du point de vue de l'existence (la cause : les parents sont fondement de l'enfant) soit du
point de vue de l'essence (soit ce qui crée l'essence, soit ce qui en est un élément constitutif, en ce dernier
sens la ligne est un fondement de la figure, le point de la ligne etc.).
La fondation est passage du fait au
droit en ce sens que, partant d'un donné (un fait), on cherche ce qui le justifie (le droit).
Le fondement
d'une chose, c'est aussi son contenu essentiel (son fond).
Le fondement est donc un principe.
·
Le "quoi" : s'il s'agit de fonder un sentiment, alors on doit faire référence essentiellement à un état
du sujet dont on cherche la cause, soit extérieure soit intérieure.
Si intérieure, alors soit quelque chose qui
relève de la sensibilité du sujet soit de sa connaissance (une idée).
On recherche donc ici une cause ou une
raison.
Problématique
Vouloir fonder le sentiment d'identité, c'est chercher aux moins deux choses : la cause qui permet de justifier les
attributions d'identité, donc justifier le découpage que nous faisons du monde objectif, mais aussi l'élément originaire
du sentiment de notre identité, qui fait que nous nous pensons comme individu parmi d'autres.
De ce point de vue, il
nous faudrait supposer que l'identité, entendue tout autant comme permanence dans le temps que singularité, nous
est donnée sous la forme d'un sentiment, donc d'une connaissance confuse, à éclaircir.
Mais c'est ne pas voir que
l'idée même de sentiment présuppose l'identité.
Autrement dit, le sentiment d'identité, comme tout sentiment,
présuppose l'identité du sentiment.
Dès lors, il y a une circularité impliquée dans l'expression "sentiment d'identité"
qui indique que toute identité devrait renvoyer à un sentiment, lequel devant référer à une identité qui le constitue
(comme objet / contenu du sentiment ou sujet / substrat de ce sentiment).
Le problème est donc là : l'identité
d'une chose ou d'une personne (excepté, peut-être, soi-même) n'est jamais connue par elle-même, mais toujours
sentie confusément.
Mais d'un autre côté toute sentiment doit être rapporté à quelqu'un qui sent.
Le sentiment
d'identité se fonde-t-il alors dans l'unité d'un objet ou bien, injustifiable, n'est-il que l'expression d'un sujet ?
1.
Le sentiment d'identité se fonde sur une connaissance des
propriétés des individus
·
Leibniz met en oeuvre deux principes : l'identité des indiscernables
(si tout ce qui est vrai de x est aussi vrai de y alors y = x), et le principe de
subsituabilité salva veritate ("ceux qui sont le même sont ceux qui peuvent
être substitués l‘un à l‘autre sans altérer la vérité").
L'identité des
indiscernables affirme ainsi qu'il ne peut y avoir d'individus qui diffèrent par le
nombre seulement.
Il ne peut donc y avoir une pluralité d'individus
qualitativement identiques.
C'est que le principe d'individuation relève du
principe de raison suffisante (ou principe de la raison déterminante) comme il
l'exprime dans la Théodicée § 44 : rien n'arrive sans une cause ou raison
déterminante = il y a toujours quelque chose qui peut a priori rendre compte
de pourquoi cela est existant et non pas non-existant, et pourquoi ainsi et
non pas autrement.
Donc, Dieu n'a aucune raison de créer deux choses
indiscernables.
Si ce principe est vrai chaque chose possède au moins une
propriété qui la distingue de toutes les autres choses.
C'est ainsi que le
principe d'individuation repose sur le principe de raison suffisante (Lettres à
Clarke).
Dans la Lettre à Arnauld du 30 avril 1687, il affirme « ce qui n'est pas
véritablement un être n'est pas non plus véritablement un être ».
Etre, c'est
donc être une unité ou une substance.
« Je ne conçois nulle réalité sans
véritable unité ».
Il oppose ainsi les agrégats (artefacts) et les êtres par soi
(être naturels, organismes).
Les premiers n'ont qu'une unité stipulée et conventionnelle (tas de pierre), les
second une unité substantielle.
Ici donc, le sentiment de l'identité peut être fondé sur la perception confuse.
»
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