Sur quoi fonder l' autorité ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet
Cette question porte sur ce sur quoi il faudrait fonder l'autorité.
Si certes la question n'introduit pas en son sein la
modalité de la nécessité (le verbe «il faut»), l'utilisation de l'infinif «fonder» nous invite à aller dans ce ce sens.
Outre cela, notons avant de souligner les ambivalences inhérentes aux deux concepts centraux de la question «fondement» et «autorité» - que poser la question du fondement ( Non pas se demander si oui ou non il y a
fondement mais quels sont-ils ? ), c'est d'ores et déjà souligner le caractère non évident et potentiellement non
légitime de l'autorité.
Autorité
Reprenons la définition que nous propose l'Universalis : «l'autorité est le pouvoir d'obtenir, sans recours à la
contrainte physique, un certain comportement de la part de ceux qui lui sont soumis.
En excluant l'intervention de la
force, cette définition fait ressortir le caractère psychique qui s'attache au phénomène d'autorité.
Elle souligne
également le fait qu'il s'analyse nécessairement dans un rapport entre la source de l'autorité et le sujet dont elle
influence la conduite.
C'est dire que l'assise psychique de l'autorité ne peut être découverte par la seule analyse des
psychologies individuelles.
Elle se situe dans une relation entre le commandement et l'obéissance, ce qui permet de
considérer l'autorité comme un phénomène social.» Notons tout d'abord que l'autorité n'est pas la force ; en effet le
concept d'autorité qui partage son étymologie avec le verbe «autoriser» souligne le caractère légitime qui lui est
inhérent.
Il y aurait donc en droit une légitimité de l'autorité.
De facto, on a tendance à rapprocher «autorité»
d'autoritarisme, et d'autoritaire.
Notons même si cette question sera au centre de notre réflexion, que l'autorisme et
que l'autoritaire sont des émanations extrêmes de l'autorité, autrement dit des dérives.
C'est d'ailleurs ce genre de
dérives qui invite à se poser la question des fondements pouvant légitimer l'autorité.
Fondements
Le fondement n'est pas l'origine, ni le commencement.
En effet si le fondement est premier chronologiquement, il
relève moins de l'antériorité temporelle que de la logique et de la légitimitation.
En effet le fondement est à la fois un
point de départ logique à partir duquel on peut déduire un ensemble d'éléments, mais c'est aussi ce qui sert de
justificatif, ce qui apporte un assentiment de l'esprit.
Il apparaît étant donnée l'ambivalence du concept même
d'autorité, entre responsabilité et autoritarisme, que le second sens ici prime, autrement dit celui d'élément
légitimateur.
Problématique
Sur quoi fonder l'autorité ? Question problématique dès lors que poser la question des fondements de l'autorité, c'est
en partie remettre en question son essence même dès lors que l'autorité est un pouvoir qui comme nous le rappelle
son étymologie est légitimé.
Cette remise en question implicite n'est pas sans refléter la réalité.
En effet la remise en
question de l'autorité est monnaie courante : la remise en question de l'autorité parentale ( On peut penser au fait
que parfois cette autorité dans certaines conditions peut être retirée), de l'autorité judiciaire ( L'affaire d'Outreau
qui a ébranlé l'autorité judiciaire) en sont des exemples.
Cette interrogation ainsi prend note du fait que l'autorité
est légitime en droit, et s'interroge sur les éléments qui la légitiment.
D'où notre question : Sur quoi fonder l'autorité
légitime en droit, décriée et remise en cause dans les faits ?
Plan
I.
L'autorité – un concept paradoxal
II.
L'autorité : la question des fondements
III.
Le dépassement du caractère paradoxal de l'autorité – l'autorité non pas autoritaire mais source d'autonomie
L'autorité – un concept paradoxal
[Pour l'analyse de cette ambivalence, nous nous baserons principalement sur l'analyse de l'autorité de Paul Ricoeur,
Philosophie, Bulletin de Liaison des professeurs de philosophie
de l'académie de Versailles, C.R.D.P.
, n° 7, février 1995, p.
6-12]
1.
L'autorité comme antériorité
L'autorité est toujours déjà là.
L'autorité parentale est bel et bien antérieure à l'enfant.
Si l'on recherche une origine
à l'autorité, on se retrouve toujours renvoyé à un avant – c'est ce qu'on appelle une régression à l'infini.
«Nous ne pouvons en effet jamais être sûrs du moment de la naissance d'une norme.
Nous pouvons nous révolter
contre des règles, nous pouvons aussi les changer - et cela est essentiel au caractère historique qui est la
contrepartie de ce qui vient d'être dit sur la pérennité -, mais d'abord il y a héritage, d'abord il y a dette.
Nous
touchons là à un étrange paradoxe qui nous conduit au coeur de la difficulté : il y a toujours une loi avant la loi.
Avant les lois, il y a la Loi, c'est-à-dire tout l'ensemble du champ symbolique constitutif de notre humanité et qui, à
ce titre, rend la loi toujours antérieure à ellemême.»
2.
L'autorité comme supériorité
La définition la plus habituelle de la notion d'autorité est la suivante – celle qui prend la forme d'un rapport légitime
entre un sujet commandant et un sujet obéissant.
L'autorité gouvernementale et les gouvernés, l'autorité
ecclésiastique et ses croyants...
Ricoeur souligne que la supériorité caractéristique de l'autorité implique une
seconde notion, celle d'exemplarité au sens d' «exemplum», de modèle.
On le voit quand un représentant de
l'autorité se trouve en faute.
Cette faute prend une dimension d'autant plus importante qu'elle a été commise par un
représentant de l'autorité qui est considéré comme un modèle de conduite.
Ainsi le père et / ou la mère en tant
qu'autorité parentale se doivent d'être de bons modèles pour leurs enfants.
«Nous touchons là à une expérience de la conscience morale qui trouve son expression dans diverses figures.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La compétence technique peut-elle fonder l'autorité politique ?
- L'autorité sociale suffit-elle à fonder l'obligation morale ?
- Les compétences techniques peuvent-elles fonder l'autorité politique ?
- L'autorité sociale suffit-elle à fonder l'obligation morale ?
- Comment fonder l’autorité sans tuer la liberté ?