Sujet : Pour quelles raisons devrait on respecter la nature ?
Publié le 06/03/2022
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Sujet : Pour quelles raisons devrait on respecter la nature ?
Respecter la nature peut être compris de plusieurs manières.
Cela peut signifier : "Respecter
ma nature", c’est-à-dire donner libre cours à mes penchants, quels qu’ils soient ; ou bien
s’efforcer de suivre ma nature profonde, ma vraie nature.
Suivre la nature peut vouloir dire
également : prendre exemple sur la Nature.
La Nature universelle, ou "cosmos", en tant
qu’ordre rationnel, stable, autorégulé et harmonieux, a été prise pour modèle par de
nombreux philosophes.
Dans les deux cas, l’homme s’imposerait de "suivre" un donné, un
ordre ou encore une logique, dont il ne serait pas la source.
Or, l’idée de règle morale
suppose un système de normes dont on admet en général que soit la société, soit la
conscience humaine, en sont le fondement.
Car la liberté, c’est-à-dire l’"autonomie" ("je me
donne à moi-même la loi que je vais suivre"), est à la base de toute morale – en tout cas,
c’est ce que nous admettons en général.
Il semble donc y avoir une opposition entre l’idée
d’autonomie morale et celle de soumission à un ordre qui ne procéderait pas de la volonté
humaine.
À première vue, cela ne paraît pas être une bonne idée.
Le bon sens nous enseigne
que l’homme, pour vivre en société, doit réfréner ses tendances naturelles.
Pour vivre
humainement, il ne doit suivre ni ses instincts – s’il en a –, ni ses pulsions, qui, sans
contrôle, sont incompatibles avec la vie en communauté.
Kant parle de la "sauvagerie naturelle de l’homme" que l’éducation doit se donner pour but
de surmonter.
Or, l’éducation de l’homme n’est jamais achevée.
Notre vie morale est une
lutte permanente contre la menace du retour et d’une réactivation de nos instincts (paresse,
agressivité, dérèglement sexuel, etc.).
Depuis Freud, philosophes et anthropologues ont choisi d’employer le terme de "pulsion"
plutôt que celui d’"instinct", réservé au monde animal.
Donc, pour Freud comme pour Kant,
l’homme doit maîtriser ses pulsions, les discipliner, les réfréner, les encadrer et les réorienter
("sublimation") afin que la vie en société soit harmonieuse.
Cet idéal a pu être défendu par des tyrans, réels, ou fictifs, comme Calliclès (le personnage
du Gorgias de Platon), qui précisément est l’incarnation du despotisme de l’instinct.
Mais si
tous les membres d’une communauté adoptent ce type d’idéal, l’élimination des plus faibles
et la guerre de tous contre tous en sont automatiquement la rançon.
Conclusion.
Il paraît exclu de se donner comme règle morale de "suivre la nature", au sens
de "suivre nos simples inclinations" – nos instincts ou nos pulsions.
On peut toutefois
remarquer que la nature de l’homme, précisément, est une "non-nature".
Mais la Nature (universelle) peut constituer un modèle à bien des égards.
Pour les
Grecs, pour les anciens en général, la nature est un cosmos, c’est-à-dire un univers ordonné
et hiérarchisé qui constitue pour l’homme un monde achevé et une autorité parfois.
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