SUJET N°1 : La philosophie doit-elle aller contre le sens commun ?
Publié le 16/01/2023
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SUJET N°1 : La philosophie doit-elle aller contre le sens commun ?
INTRODUCTION
La réflexion philosophique est une activité intellectuelle, consciente et méthodique qui se fonde sur la pensée
critique, l’usage de la raison et n’a pas la prétention de dire le vrai.
Elle a tendance à rejeter les préjugés du sens
commun, qui sont un ensemble de croyances et de certitudes tenues pour vraies et supposées indiscutables.
En ce sens
une sorte de contradiction s’installe entre ces deux manières de voir et de penser.
C’est dans cette dynamique que
notre sujet nous invite à analyser la question selon laquelle « La philosophie doit-elle aller contre le sens
commun ? ».
Une telle interrogation peut s’entendre ainsi : la philosophie peut-elle se définir délibérément contre le
sens commun ? Pour mieux élucider cette problématique nous tenterons de répondre à ces questions.
Dans quel sens
la philosophie doit-elle lutter contre le sens commun ? Les pratiques de ce dernier ne sont-elles pas pour le
philosophe des fondements pour accéder à la vérité ?
DEVELOPPEMENT
Les critiques adressées aux arguments qui se réfèrent au sens commun l'identifient à l'appel au « consentement
universel », qui s’oppose souvent à la philosophie.
Pour commencer, précisons d’emblée qu’il y a une nette différence entre la philosophie et le sens commun.
De cette
différence est née une certaine incompréhension poussant parfois les hommes de la rue à se moquer de cet homme
dont le discours entre en faux avec la pensée populaire.
En effet, avant de s’adonner à l’activité philosophique,
l’individu obéit consciemment ou inconsciemment « à la dictature du « on » ».
La véritable philosophie naît du
divorce d’avec l’opinion.
Et le philosophe doit savoir qu’il est unique, donc différent des autres, tant dans sa façon de
penser que dans sa manière de se comporter.
Le sens commun vit dans un monde clos, fermé sur lui-même et reste
pour la plupart accroché à des idées préconçues, préjugées.
Pour le commun des hommes, le monde n’a absolument
rien d’extraordinaire qui puisse inciter les gens à se poser des questions à son sujet.
Que les choses apparaissent telles
qu’elles sont, il n’a nullement besoin de les analyser pour peu qu’il reste imprégné de la pensée populaire faite de
préjugés, d’idées mal conçues, mal fondées, non étudiées et injustifiées.
Il s’abandonne aveuglément aux apparences
et se contente d’observer les phénomènes de la nature sans la moindre compréhension ; ce qui le distingue davantage
du philosophe.
Les certitudes du sens commun sont partagées par la majorité de la société, mais elles peuvent se
révéler fausses comme les préjugés, les illusions et les dogmes.
Relevant de la naïveté et du dogmatisme, le sens
commun pense tout simplement que la philosophie est pure spéculation, bavardage, théorie, verbiage.
C’est la critique
que Calliclès a adressée à Socrate en lui reprochant de toujours se consacrer à la réflexion philosophique alors que le
plus important est la recherche des richesses matérielles et du pouvoir.
Le sens commun reproche également à la
philosophie d’être un discours essentiellement critique, subversif et qui remet tout en question.
C’est ce qui explique
le conflit qui existe entre la philosophie et la religion.
La religion est fondée sur des vérités absolues que le croyant
admet sans en douter, alors que c’est le doute qui constitue le fondement de la philosophie.
L’homme du sens
commun ne se pose pas de question, il pense que le monde est évident.
Il prend les choses telles qu’elles sont et n’a
pas besoin de se poser des questions.
Comme le suggère Bertrand RUSSEL qui dégage l’identité de l’homme du
sens commun qu’il considère comme celui qui n’a aucune coloration philosophique.
Il dit à ce propos : « Celui qui
n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence, emprisonné dans les préjugés qui lui viennent du sens
commun, des croyances habituelles à son temps et son pays et des convictions qui se sont développées en lui sans la
coopération ni le consentement de sa raison.
Ce dernier ne critique pas et ne s’interroge pas sur ce que tout le monde
a dit.
Contrairement à lui, le philosophe encourage l’esprit critique.
Il s’arme du doute pour examiner et analyser tout
ce qu’on lui dit.
Il se méfie des traditions, des coutumes et remet tout en cause.
En d’autres termes, pour le
philosophe, rien n’est évident.
Le but de la philosophie est de corriger les fausses certitudes, les illusions et erreurs du
sens commun ou de la philosophie elle-même.
Elle est une critique de tous les savoirs, opinions, croyances, réflexions
philosophiques etc.
L’esprit critique se manifeste par une remise en question de toute affirmation, de tout jugement.
La critique est une exigence fondamentale de la philosophie.
Elle constitue, selon Marcien TOWA, le début
véritable de l’exercice philosophique.
Il dit à ce sujet : « La philosophie ne commence qu’avec la décision de
soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance.
».
L’exemple de Socrate en est une
illustration parfaite.
Si Socrate affirme qu’il ne sait rien, c’est parce qu’il distingue le savoir de l’opinion ou la
croyance.
Contrairement à l’opinion, le savoir est une croyance que l’on peut justifier par des raisons.
Cette
distinction est si fondamentale qu’on y voit la naissance de la rationalité et de la philosophie.
Ayant pris conscience
DOCUMENT CONFECTIONNE PAR MONSIEUR NDOUR TEL.
77-621-80-97 / 78-108-42-12
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de cela, Socrate va passer son temps à interroger ses concitoyens pour leur faire prendre conscience de leur
ignorance.
C’est ce qu’on appelle la maïeutique socratique : l’art de faire accoucher les esprits de la vérité.
Après avoir développé les arguments qui confirment la thèse selon laquelle la philosophie doit aller contre le sens
commun, nous avons pu constater les limites et les insuffisances de notre sujet, que nous sommes tenus de compléter et
d’éclairer à travers d’autres considérations philosophiques.
La philosophie est traditionnellement perçue comme une remise en cause de nos manières habituelles de penser et de vivre.
Notre manière habituelle de penser est caractérisée par la référence au sensible, c’est-à-dire au concret.
C’est ce qu’on appelle le
sens commun dont l’esprit est piégé par les apparences et par le sensible.
La philosophie par contre, parce qu’elle se veut une
connaissance fondée sur la raison, s’efforce de s’élever de ces apparences comme pour libérer l’esprit des entraves que
constituent les éléments de l’expérience.
En tant que pensée pure soustraite à la multiplicité et au devenir des choses sensibles,
la philosophie est donc un divorce avec le sens commun.
Dès lors, la philosophie....
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