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Sujet choisi : Y a-t-il un devoir d’être heureux ?

Publié le 21/03/2025

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« Sujet choisi : Y a-t-il un devoir d’être heureux ? Depuis l’antiquité avec l’Épicurisme ou le Stoïcisme, le bonheur est un sujet au centre des réflexions philosophiques.

Repris par les philosophes modernes comme les Utilitaristes ou les philosophes des Lumières, il est source d’avis très divergents.

Plusieurs philosophes ont tenté de répondre à la question suivante : « Y a-t-il un devoir de se rendre heureux ».

A priori, la formulation semble paradoxale dans la mesure où le devoir s’oppose à la liberté et où le bonheur au contraire la présuppose.

L’homme a pour quête naturelle le bonheur. Celui-ci se définit par un état, stable, de satisfaction totale où rien ne manque et auquel on aspire.

Le devoir désigne l’obligation morale ou sociale d’agir.

Au sens strict, le devoir renvoi au respect exclusif de la loi morale.

C’est une obligation absolue, un commandement qui s’oppose à la volonté.

Il n’est donc pas naturel à l’Homme comme l’est le bonheur.

Alors, sommes-nous dans l’obligation de nous rendre heureux ? N’est-il pas absurde d’associer les notions de devoir et de bonheur ? Pourquoi l’idée d’un devoir de rechercher le bonheur est-elle paradoxale ? Pourtant cela ne signifie pas que le devoir morale condamne le bonheur.

Au contraire, l’union de la moralité et du bonheur est utile pour tous. La recherche du bonheur n’est pas un devoir.

Ainsi, être heureux ne peut être un impératif moral. Dire que c’est un devoir de rechercher le bonheur est un non-sens.

En effet, il apparaît clairement si l’on interroge la nature de l’obligation morale.

Se sentir obligé consiste à se sentir tenu d’obéir à une loi qui peut aller contre notre volonté.

Ce qui signifie que l’injonction morale s’oppose à la tendance naturelle et la contraint.

Or, y a-t-il un seul être au monde se sentant contraint de rechercher le bonheur ? Probablement pas car, comme dit dans l’introduction, chacun tend naturellement au bonheur.

Ça veut dire que là où il y a une tendance naturelle, il n’y a aucun sens ni aucune utilité à formuler un impératif moral.

Il est donc absurde de prescrire un devoir de rechercher le bonheur.

Par exemple, KANT dit à travers ses 3 formulations de l’impératif que le devoir moral doit être accompli indépendamment du bonheur.

Dans ce cas, la réciproque a plus de sens : le bonheur est indépendant du devoir moral et donc de l’obligation.

Il dit aussi dans l’introduction de la Doctrine de la vertu dans Métaphysique des mœurs : « Le bonheur personnel, en effet, est une fin propre à tous les hommes (en raison de l’inclination de leur nature), mais cette fin ne peut jamais être regardée comme un devoir, sans que l’on se contredise.

Ce que chacun, inévitablement, veut déjà de soi-même ne peut appartenir au concept du devoir ; en effet le devoir est une contrainte en vue d’une fin qui n’est pas voulue de bon gré.

C’est donc se contredire que de dire qu’on est obligé de réaliser de toutes ses forces son propre bonheur ».

De cette façon, si l’on prend un exemple concret de la vie courante, on ne peut être obligé de faire quelque chose que l’on aime et que l’on fait déjà par passion car ça nous rend heureux.

Mais si le bonheur est perçu comme un devoir, il prend la forme d’une obligation contre notre volonté, ce qui n’a définitivement aucun sens puisque le bonheur est au fondement de notre volonté à faire certaines choses. La recherche du bonheur est aussi égoïste.

Comme dit dans le paragraphe précédent, le bonheur est la finalité de la vie de chaque homme.

En effet, le sujet du bonheur semble ne pouvoir revenir que sur soi-même.

« Je » suis ce sujet qui vit ma vie avec mes émotions, mes sentiments, mes pensées.

On peut aider autrui à trouver son bonheur dans la pensée d’une intention qui paraît désintéressée, mais comment s’assurer que cela ne soit pas animé d’une raison qui provient de l’inconscient, comme celui d’apaiser ma conscience ? Or, un tel sentiment incliné vers l’intérêt de soi est contraire en vertu de l’altruisme universel, dont le devoir est à l’origine.

En effet, agir par devoir c’est considérer les autres comme une fin et non comme un moyen et ceci par respect pour cet autre qui est comme moi.

Et donc, si le bonheur passe toujours par « l’usage » d’autrui, alors on considérerait autrui comme un simple outil.

Ce qui est donc en totale opposition avec la deuxième formulation de l’impératif catégorique de KANT : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

».

Par exemple, respecter la loi morale parce que ce respect ménage la réputation de l’individu ou le préserve des désagréments de la sanction permet à l’homme d’agir en conformité avec le devoir mais l’action conforme au devoir n’est pas morale si elle n’a pas été accomplie par devoir car on est moral par la pureté de l’intention.

La prise en considération du bonheur ou d’un autre intérêt dans la détermination de la volonté l’empêche donc d’être une bonne volonté. Cela reprend l’idée que se soucier de son bonheur est détaché du devoir moral. De cette façon, le bonheur s’éloigne du devoir : il y a une incompatibilité entre le devoir moral et la recherche du bonheur. Enfin, l’idée du bonheur ne peut être universellement définie, car elle est toujours constituée par des idéaux culturellement subjectifs.

En effet, les études sociologiques révèlent qu’elle a différentes connotations pour différents types de société.

Les sociétés qui tentent d’harmoniser les responsabilités, comme celle du Japon, font référence à un sentiment de paix dans l’ordre harmonieux.

A contrario, les sociétés qui privilégient les prouesses et les accomplissements individuels de ses membres évoquent le sentiment du succès à travers les défis.

Si le bonheur ne reste qu’une notion dont le contenu n’est pas objectif, alors elle ne peut être réglée dans un raisonnement logique.

Il est donc difficile de considérer la recherche du bonheur comme une obligation morale, car elle ne découle pas d’une nécessité objective et universellement définie.

De plus, si l’impératif moral contrarie la tendance naturelle, il va de soi qu’il peut y avoir une contradiction entre le devoir et le bonheur.

Par exemple, si le bonheur d’un individu est d’être aimé par la femme de son ami, il s’ensuit que ce qui le rendrait heureux est en contradiction avec ce qui le rendrait moralement bon.

Ou alors si le bonheur d’un individu est de tuer des gens, il est aux antipodes de la morale.

Ainsi, le bonheur est défini différemment selon les sociétés et selon les individus.

Mais il peut être en totale contradiction avec le devoir moral. Après cette première partie, il semble que le devoir moral et le bonheur ne sont pas de même nature.

Poursuivre le bonheur est la fin d’être sensible alors que la moralité est la fin d’être raisonnable.

Mais l’opposition n’est pas absolue.

La moralité est considérée comme le bien suprême mais le bien complet nous semble être l’union de la vertu et du bonheur.

Mais alors comment l’envisager sans se contredire ? Il existe donc tout de même un devoir de rechercher le bonheur.

Selon les philosophes antiques comme les épicuriens, le bonheur est la cause de la moralité donc chercher son bonheur c’est devenir un être moral.

Ainsi, si l’on cherche à se rendre heureux, on deviendra inéluctablement des êtres moraux.

Selon les stoïciens, pour être heureux il faut être vertueux.

Être vertueux repose sur le fait d’être moral.

Et la réciproque peut aussi s’avérer vraie, il est donc nécessaire d’être heureux pour faire le bien.

Par exemple, quelqu’un connaissant le bonheur au quotidien, voudra en principe le faire connaître à ceux.... »

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