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Sujet 2 : Faut-il toujours dire la vérité ?

Publié le 06/02/2023

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« Philosophie : Dissertation : Vérité : Sujet 2 : Faut-il toujours dire la vérité ? Au milieu de la troisième partie du récit, La Princesse de Clèves, roman de Madame de Lafayette, se trouve comme piégée dans une situation tragique. Confrontée aux soupçons de son mari, elle est pressée de s’exprimer sur son trouble intérieur.

La jeune princesse, éduquée très droitement, ne mentira pas à son mari, mais cet aveu, conduira indirectement au chagrin fatal de celui-ci. Comment mentir à l’égard duquel on donne sa vie ? Mais comment dire une vérité pouvant ruiner tout son bonheur ? Mentir aurait empêché probablement cette conséquence tragique, mais au prix de l’unité intérieure de la princesse. Dire la vérité est bon lui-même.

Cette opinion semble bien universellement partagée.

Mais les effets d’une telle action ne peuvent que faire réfléchir à ses alternatives.

Il convient donc de se demander s’il faut que chacun dise la vérité en toutes circonstances car toute action morale n’est morale que lorsqu’elle est universelle, ou bien s’il faut chercher à adapter sa conduite selon les situations, quitte à mentir ? Ainsi, nous tâcherons de fonder rationnellement les devoirs de véracité et de sincérité, avant de considérer qu’une conduite s’y conformant est concrètement intenable et qu’une telle impossibilité nous amène à user avec intelligence tout en estimant que le mensonge n’en demeure pas moins toujours un moindre mal. Si la forme universelle ou non d’une action détermine sa moralité, alors il faut agir toujours de la même manière en toutes circonstances.

La moralité d’une maxime consiste en le fait qu’elle soit valable pour toute conscience et que chacun doive la suivre dans tous les cas.

L’Homme ne trouve-t-il pas en luimême, de par sa raison, la loi morale ? Elle est un « fait de la raison », puisque la loi morale émane de la raison.

Or, émanant de la raison, la loi morale est structurée à son image, c’est-à-dire qu’elle est universelle.

Elle vaut donc en toutes circonstances.

La loi morale universelle est exprimée par l’impératif catégorique, lequel connaît quatre formulations dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, dont voici la première : « Agis de telle sorte que tu puisses vouloir que la maxime selon laquelle tu agis puisse être érigée en maxime universelle ».

Donc, une action pour être morale, doit embrasser la forme de l’impératif catégorique, c’est-à-dire être applicable dans tous les cas. Ainsi Kant garde-t-il, dans un ouvrage ultérieur : « Sur le prétendu droit de mentir par humanité » traitant précisément de notre sujet, de toute entorse à la maxime « il faut toujours dire la vérité », il considère cela comme un « devoir formel ».

Cette maxime a la même forme que celle de l’impératif catégorique, tout en précisant l’objet de l’action concernée : la profession de la vérité.

Ainsi, tout mensonge est immoral, car il déroge au respect dû à la loi morale universelle, à savoir le devoir.

La maxime « dire toujours la vérité », quelles qu’en soient les conséquences, est donc bien un « devoir formel » qu’il faut accomplir en toutes circonstances.

Ajoutons de plus que pour être véritablement morale et non hypocrite, l’action découlant de cette maxime doit être accomplie non pas conformément au devoir, mais par devoir.

Par cette distinction, Kant nous montre que la valeur morale d’une action consiste bien en sa forme, qui est en fait l’intention de respecter la loi morale universelle, et non sa matière, son apparence extérieure.

Par exemple, faire un compliment à quelqu’un sur des qualités qu’il possède véritablement, en vue d’obtenir à son tour un compliment, n’est pas moral.

Ce qui est alors source de l’action n’est pas le motif qu’est le devoir, mais un mobile, issu de notre nature humaine, de notre sensibilité, qui nous fait désirer être reconnu par autrui. De plus, si l’on tient la maxime selon laquelle on peut mentir parfois, alors la société n’a plus de fondement pour entretenir une confiance mutuelle entre ses membres.

La nécessité de l’intransigeance d’une telle maxime a donc un sens au-delà de l’échelle individuelle.

Certes, elle se fonde subjectivement, en fonction de ce que chaque être rationnel se donne à lui-même la loi morale universelle, mais elle a aussi une portée collective, sociale, politique.

En effet, sans le respect de cette maxime, toute vie collective, toute société politique est impossible.

Le mensonge, dit Kant, « rend vaine la source du droit », c’est-à-dire ce qui doit préciser et expliciter la morale afin d’assurer l’unité de la communauté des personnes.

En effet, si l’obligation de véracité n’existait pas, si chacun était libre moralement de dire vrai ou de mentir, alors quelle valeur resterait-il à toute instance judiciaire ? Puis même, quelle valeur pourrait-on encore accorder à un contrat, à une promesse ? Ce n’est donc pas seulement l’organisation proprement politique d’une société qui serait littéralement fragilisée, mais aussi toute vie économique. L’Homme s’il n’est pas motivé par la loi morale pour dire la vérité, devrait agir du moins par crainte des conséquences de sa transgression.

Là n’est peutêtre pas le fondement véritablement moral de la profession de la vérité, mais ce mobile n’est peut-être pas seulement inclus dans la vie affective de l’Homme... En effet, bien que cela semble fort éloigné à nos sociétés occidentales de plus en plus athées, l’une des constantes de l’humanité étudiées par les historiens et les anthropologues est de penser, sous une forme ou une autre, un jugement des morts.

Toutes les cultures développent des récits selon lesquels nous serons rétribués en récompenses ou châtiments après notre mort en fonction de la moralité de nos actes.

De plus, s’il est fait justice de chacun de nos actes, tout mensonge, étant reconnu comme mauvais par notre conscience, à moins que celle-ci ne se soit aveuglée elle-même tout en restant responsable, sera puni. Cette fois, dire « toujours dire la vérité » rejoint clairement notre intérêt individuel.

Si la crainte de la justice, immanente ou divine, n’est pas le couronnement de la vertu,.... »

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