Suis-je victime ou coupable de mes fautes ?
Extrait du document
«
Remarques sur l'intitulé :
·
Le sujet présente une alternative bien définie : il s'agit de déterminer si je subis ou au contraire si je suis actif.
·
Le sujet nous invite à réfléchir en juge : il faut trancher entre deux partis en se montrant impartial.
I
conviendra donc d'expliciter chaque membre de l'alternative (que signifie « être coupable », qu'est-ce qu'une victime ?
et d'en dégager les enjeux (mes fautes sont-elles encore miennes si j'en suis la victime ? Etre coupable de ses faute
n'est-il pas un pléonasme car de quoi être coupable sinon d'une faute ?…)
Problématique : la culpabilité et la faute ne font qu'un : je commet une faute, je suis coupable et je suis coupable
parce que j'ai commis une faute.
Pourtant, peut-on réellement vouloir mal agir, commettre sciemment des fautes ?
auquel, cas, comment être tenu pour coupable de ce que l'on a pas voulu ? Ne serais-je pas plutôt victime de me
fautes au sens où je serais dans l'erreur et non auteur d'un mal volontaire ?
1-
JE SUIS COUPABLE DE MES FAUTES
a)
Qu'est-ce qu'être coupable ?
La culpabilité peut être envisagée à au moins deux niveaux : 1- celle-ci est un prédicat qui m'est attribué de
l'extérieur : je suis déclaré coupable (par un tribunal ou par autrui) 2- celle-ci est un sentiment subjectif : je me sen
coupable (= phénomène de la mauvaise conscience).
Dans les deux cas, selon quel critère suis-je jugé coupable ? Je ne suis coupable que si j'ai commis une faute
c'est-à-dire si j'ai enfreint une loi, manqué à une obligation morale, désobéit à la voix de ma conscience qui m
commandait de ne pas faire ce que j'ai pourtant fait.
En somme coupable et fautif sont synonymes.
Seule peut être
considérée comme victime celui qui a subi le mal que j'ai commis.
b)
Lorsque je faute, je suis agent et non patient
Contrairement à une victime qui ne fait pas le choix de subir un mal, le coupable est tenu pour responsable de
ce qu'il a fait : il faute de son plein gré et non sous la pression des circonstances extérieures.
Tel est ce que Kant me
clairement en évidence lorsqu'il considère, au travers d'un exemple, ce qui fonde l'imputabilité d'un acte.
En effet, un
mensonge pernicieux peut être, comme il le fait remarquer, envisagé de deux façons : 1) on met en avant les
déterminations empiriques, c'est-à-dire la chaîne des causes et des effets qui ont provoqué le mensonge (« mauvais
éducation », « société pernicieuse », « causes circonstancielles », « méchanceté d'un naturel insensible à la honte »
2) on fait valoir la « spontanéité absolue de la liberté ».
Dans le 1 er cas : ruine de la justice puisque la loi qui ordonne
et interdit n'a plus de raison d'être ; le fautif est innocent n'étant pas responsable de son mensonge.
Dans le 2nd cas
on peut alors supposer que l'action aurait pu être omise et juger l'acte ; c'est dans ce dernier cas qu'apparaî
véritablement la faute puisque dans le 1er, la faute n'est pas mienne mais doit être attribuée à des facteurs antérieur
à ma décision et qui ont déterminé celle-ci.
c)
la mauvaise conscience me signale que j'ai commis une faute
L'innocence se caractérise par la certitude de n'avoir rien à se reprocher ( = «avoir la conscience tranquille ») ; au
contraire, la culpabilité peut renvoyer à la mauvaise conscience c'est-à-dire à une accusation intérieure, dressée pa
moi-même à mon encontre.
Or je ne me sens coupable que pour autant que j'ai conscience d'avoir commis une faute
culpabilité et faute ne sont pas séparables dans la conscience morale.
Il est donc impossible d'être victime de ses fautes.
La mauvaise conscience me pose à la fois en juge et partie
et en ce cas, je subis une peine mais que je ne nie pas avoir mérité – autrement je suis de mauvaise foi (dans ce cas
le dédoublement de la conscience ne consiste pas à se condamner, à agir et pâtir au sein d'une accusation, mais à se
cacher ce que l'on sait être une faute).
Au contraire, d'un tribunal concret où je peux très bien être accusé d'un crime
que je n'ai pas commis, la mauvaise conscience ne se trompe pas : lors d'un procès, je suis coupable désigné, et je
peux ainsi, du fait de cette extériorité de l'attribution, être victime si celle-ci est infondée ; alors que dans mon « fo
intérieur » nul dissimulation n'est possible (sauf, une nouvelle fois, à vouloir être de mauvaise foi) .
Transition :
·
Etre coupable signifie être fautif, et réciproquement, la faute fonde la culpabilité.
Je suis donc bien coupable e
non victime de mes fautes, sauf si je suis accusé d'une faute que je n'ai pas commise.
·
Mais justement, cette structure d'attribution propre aux erreurs judiciaires, aux jugements moraux infondés, ne
pourrait-elle pas être valable dans le cas de la mauvaise conscience voire même dans le cas de tout verdict en généra
? Cette hypothèse pour deux raisons :
Ø Lorsque je me donne tort à moi-même, il se pourrait que ce juge ne soit rien d'autres que la version intériorisée
de normes qui me sont extérieures [Freud définit d'ailleurs le surmoi, instance de la censure et générateur de la
mauvaise conscience par l'intériorisation des interdits sociaux et parentaux depuis la petite enfance].
Ø Les déterminations, que Kant exclut pour fonder la morale et la possibilité de la justice via l'attribution des acte
à un acteur unique (ma spontanéité), n'ont-elles aucun poids ? De quel droit rejeter ainsi l'inscription dans l'ordre
phénoménal de mes actions ?
·
En somme, la faute dont je suis déclaré coupable (que ce soit par des lois ou par moi-même) pourrait très bien
être la mienne seulement au sens où je l'aurai accompli mais non au sens où je l'aurais pleinement voulu, planifié.
Ains
ne serais-je pas plutôt victime de mes fautes et conséquemment, injustement ou arbitrairement « fautif » ?
2-
JE SUIS VICTIME DE MES
a)
ce n'est pas ma faute
FAUTES.
»
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