Suis-je un homme si je ne suis pas un citoyen ?
Extrait du document
«
La question qui nous est ici posée peut-être reformulée de cette façon :
Le fait d'être un homme est-il conditionné par le fait que je sois citoyen ou non ?
La définition commune du citoyen nous montre que ce n'est pas un concept figé, mais une somme d'actes : je suis membre de la polis
(la cité, la communauté politique) parce que j'ai des droits civiques et que je participe aux décisions de l'Etat.
On est donc citoyen
parce que l'on exerce sa citoyenneté, mais rien ne nous prédéfini comme citoyen.
Tandis que l'on serait tenté de considérer que l'on
naît homme.
Peut-on limiter la définition de l'homme à l'exercice de sa citoyenneté ?
On peut déjà remarquer que ce serait ramener l'essence de l'homme à son existence.
Le véritable enjeu de cette dissertation est donc de réfléchir à la définition de l'homme.
I.
La définition du citoyen ne recouvre pas celle d'homme
Dans les faits, on observe que ceux qui n'exercent pas de citoyenneté ne peuvent pas pour autant être privés du droit d'être
considérés comme des hommes.
La citoyenneté telle que précédemment définie, exclue les régimes non démocratiques : sous une monarchie absolue, les individus sont
des sujets, ils n'en sont pas moins des hommes.
Dans un pays où il n'existe pas d'Etat et d'administrations claires, avec une constitution et un état civil _ on peut par exemple penser à
des zones de conflit d'où tout pouvoir étatique s'est retiré _ , les individus qui y vivent ne sont citoyens d'aucun Etat, mais ils n'en
restent pas moins des hommes.
On observe que les Droits de l'homme et du citoyen montrent bien que ces deux termes sont distincts et ne se recouvrent pas.
On naît homme, on devient citoyen par l'exercice de sa citoyenneté.
Pour autant, est-il vraiment satisfaisant d'affirmer que l'on naît homme et que cette condition nous est acquise et reste figée ? N'y a-t-il
aucun devenir possible dans la condition humaine ?
II.
La cité, lieu d'autoréalisation de l'homme en ce qu'il accède à ses plus hautes facultés
Lorsque Aristote définit l'homme comme un « animal politique », il nous permet de réintroduire
du devenir dans la condition humaine.
Aristote parle d'animal au sens grégaire, au sens social,
comme on parle des abeilles.
A ceci près que l'homme peut ajouter une mise en commun du
langage, qui lui permet de définir le statut du juste et de l'injuste.
On commence par naître homme.
Mais on n'accède véritablement à sa condition d'homme que
lorsque l'on se réalise en dehors de la sphère individuelle privée : les formes de sociabilités sont
d'abord la famille, puis le village, puis la polis.
La cité, la communauté politique, est le seul
endroit où l'homme peut se réaliser pleinement parce que c'est dans la polis que la communauté
cherche le bien vivre.
Donc l'inscription dans la vie de la cité est le facteur essentiel de l'autoréalisation de l'homme.
Le citoyen comme membre de la communauté politique est-il une définition suffisante au vu de
ce que la polis représente dans le processus d'épanouissement de l'homme ?
III.
Il est nécessaire d'élargir à la fois la définition de l'homme et celle du citoyen
Nous naissons tous hommes : c'est là le creuset d'un devenir que nous devons nous approprier.
Par notre inscription dans la cité, nous devenons homme social, nous nous réalisons dans l'exercice de nos plus hautes facultés.
Il y a donc une portée morale de la citoyenneté : le simple fait de voter et de respecter la loi ne fait pas de nous des citoyens.
Il faut
que nous participions de la recherche du bien vivre.
Etre citoyen, ce n 'est donc pas seulement être dans la citoyenneté, c'est prendre
conscience de notre inscription dans la communauté.
Il s'agit donc de prendre conscience que le lien social, les rapports sont
nécessaires à notre élévation morale et notre épanouissement individuelle.
Spinoza en parle notamment dans le Traité théologico
politique.
On peut élargir la question : être citoyen dépasse la simple inscription à un Etat.
Etre citoyen peut aussi être vu comme la citoyenneté
à la condition humaine.
Ce qui correspond aux thématiques et aspirations sociales actuelles qui appellent l'homme à être citoyen du
monde..
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