Suis-je libre si je commande ?
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Introduction :
Bien définir les termes du sujet :
- " Etre libre" : le plus généralement, c'est pouvoir se mouvoir sans contraintes extérieures, juger et agir en pleine
conscience.
C'est le pouvoir de se déterminer rationnellement sans y être contraint par une force extérieure.
- " Commander " : c'est ordonner à quelqu'un, en vertu de l'autorité que l'on détient, de faire quelque chose.
C'est
avoir un pouvoir sur autrui, détenir la possibilité de lui faire exécuter un ordre.
Celui qui commande est celui qui
détient l'autorité et qui ne peut être contesté par personne.
Construction de la problématique :
Le sujet demande une réponse qui soit affirmative ou négative, et paraît vouloir examiner l'idée commune
selon laquelle commander c'est être libre.
Il faut remettre en cause cette affirmation, et voir si elle fondée.
Mais
surtout, il faut avant tout poser les présupposés du terme "commander" : il implique une personne à qui l'on
commande quelque chose, et il implique une autorité qui commande.
D'où vient ce pouvoir de commander, sur quoi
est-il fondé? Une fois ces présupposés connus, il faut les mettre en relation avec la liberté
Se pose donc la question de savoir qui dois-je commander, de quelle manière dois-je le faire, et d'où doit
venir mon autorité pour être libre ?
Plan :
I/ La liberté précaire de celui qui commande par la force :
Il semble que celui qui détient le pouvoir de commander soit totalement libre puisqu'il ne peut être contraint
par personne, alors qu'il peut lui-même contraindre autrui.
Il peut en effet avoir ce dernier à sa disposition, faire de
lui l'instrument de sa liberté, alors que personne ne peut entraver la sienne.
C'est ce qu'explique Rousseau dans Le contrat social.
Cette manière
de commander, et donc de soumettre autrui à sa volonté n'est possible que si
je n'ai pas de devoir envers cet autrui, que si je considère qu'il n'a pas de
droits.
S'il n'en a pas, alors je n'en ai pas non plus.
Le seul moyen de
commander dans un état de non droit, c'est de commander par la force.
Je
peux obliger autrui à agir à ma guise, je reste quant à moi un être autonome
et libre.
Mais cette façon de commander et cette liberté qui en découle est
bien précaire, puisqu'il faut pour que je reste libre, rester toujours le plus fort,
et que cela n'est pas possible.
"Le plus fort n'est jamais assez fort pour être
toujours le maître." I, 3.
Le plus fort ne peut pas éternellement imposer sa
volonté et son intérêt particulier comme loi.
Ceci sans compter que la liberté
dont il est question n'est pas la véritable liberté puisqu'elle ne peut pas
coexister avec celle des autres sans se détruire.
Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez
fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et
l'obéissance en devoir".
Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force
est-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la
nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort reste longtemps le
maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine.
De plus, la puissance physique engendre une contrainte physique et non point morale.
Il n'est jamais interdit de
désobéir à la force sitôt qu'on le peut.
Le droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.
"Sitôt que c'est la
force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit." Il
suffit d'échapper à la force pour en avoir le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.
Un droit
qui disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.
Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi,
aucune légitimité ne peuvent être fondées sur la force.
La liberté de celui qui commande les autres en les mettant à sa disposition par la force est précaire.
En
effet, n'importe qui peut à tout instant décider de ne pas obéir, et de remettre en cause ce "droit du plus fort" :
celui qui commandait et tenait sa liberté de sa force est donc obligé de s'incliner devant son remplaçant.
II/ L'"esclavage" de celui qui commande :
Si celui qui commande n'a pas fondé son autorité, et si son pouvoir n'est pas légitimé, alors nous avons vu
que sa liberté ne pouvait pas être de longue durée.
Peut-être suffit-il de légitimer cette autorité pour être libre et
garder cette liberté.
Nous allons donc maintenant voir si cela est le cas.
Il est possible d'utiliser dans cette partie
deux exemples (n'en choisir qu'un).
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