Suis-je l'esclave de mon inconscient ?
Extrait du document
«
Problématique:
Ce sujet met immédiatement l'accent sur la notion d'inconscient: au lieu de la faire apparaître au cours de la
dissertation, lors d'une analyse critique de la conscience et de ses fausses prétentions, vous devez immédiatement
préciser sa nature, en vous référant essentiellement à l'oeuvre de Freud.
Le problème soulevé par cette question ainsi que le développement de votre devoir reposent sur la manière de
comprendre le terme "esclave": il n'y a d'esclavage au sens propre que lorsqu'un individu dépend intégralement d'un
autre individu, donc d'un être différent de lui-même sur lequel il ne peut pas agir.
En conséquence, je ne suis l'esclave de mon inconscient que dans la mesure où je l'identifie à ma conscience: dans
ce cas seulement, l'inconscient est autre que moi-même.
Pourtant, je parle de "mon" inconscient, et la cure
analytique suggère la possibilité d'agir en quelque sorte sur l'inconscient.
Vous devez donc analyser les rapports qui
existent entre le moi conscient, l'inconscient et moi-même, comme totalité qui ne se réduit pas au moi conscient.
Analyse du sujet
–
Le sujet met en relation le « je » et l'inconscient à travers la notion d'esclave.
On se demande si cet
esclavage permet de caractériser ou définir le « je ».
–
« Je » : le moi, la personne, le sujet, déterminé par la conscience, la liberté et la singularité.
Cette conscience
ou ce moi peut s'appréhender à partir du moi substantiel (substance pensante ou corporelle), du moi empirique
(ce qui m'est donné par l'introspection, la sensation et les souvenirs) ou du je transcendantal (la condition de la
liaison de mes représentation en une unité et du divers de l'intuition).
–
L'inconscient : soit le préconscient, ce qui peut advenir à la conscience mais n'est pas actuellement
conscient, par défaut d'attention.
L'inconscient proprement dit : l'ensemble des forces psychiques refoulées,
niée par la conscience, et qui constitue donc un ensemble de pulsions qui ne peuvent d'exprimer uniquement
sous des formes déguisées (condensation, déplacement, sublimation), par exemple pendant les rêves.
–
Etre esclave : être sous la domination de.
En même temps, tout esclavage suppose une part de consentement
volontaire, par opposition à l'idée de détermination ou contrainte externe.
Je peux toujours refuser d'obéir, quitte
à mourir.
Si je suis esclave, c'est donc que je peux être libre.
Problématique
Nul ne peut nier le caractère inconscient de certains de nos actes ou perceptions, ceux qui sont
notamment fait par habitude et celles qui nous touchent sans que nous y fassions attention.
De ce point de vue, on
peut dire que la conscience est influencée ou guidée par de l'inconscient, c'est-à-dire par des élément qui ne sont
pas présent dans la réflexion mais qui y participent néanmoins.
Mais ces éléments ne sont-il que des influences
qu'on pourrait mettre à distance en s'y rendant attentifs ? En effet, la conscience de soi n'est pas une
connaissance de soi.
Et le « je » n'est pas identique à la conscience qu'il a de lui-même.
A ce titre, le moi n'est-il
pas plus déterminé par ce qui n'est pas conscient que par ce qui est conscient ? En effet, si on remarque que la
conscience se développe avec le langage, ou repose sur les conditions matérielles d'existence, alors on voit qu'elle
est en réalité plus ancrée à l'extérieur du moi qu'à l'intérieur.
Dès lors, c'est l'inconscient qui joue le rôle premier
dans la constitution du sujet.
La conscience, elle, ne paraît être que l'élément externe ou superficiel du « je », et
qui dès lors ne prend sens que dans le rapport de travestissement qu'elle entretient avec la moi.
Si tel est le cas,
alors le « je » de la conscience n'est-il pas le résultat ou l'esclave de l'inconscient ?
I- Le je, c'est la conscience de soi : à ce titre, l'inconscient est par définition l'extérieur du sujet.
Le sujet,
ou je, ne peut donc que rester libre à son égard.
–
On doit en premier lieu remarquer que le Moi, c'est-à-dire ce qui caractérise mon existence, est bien ce qu'il y
a de plus manifeste et de plus clair et donc, le plus conscient.
Et en effet, c'est une vérité première, évidente
par soi, que j'existe.
C'est le sens de la démarche cartésienne du doute méthodique : si je peux douter de tout,
de moi, impossible de douter.
Car, pour autant que je doute, je pense, et partant, j'existe.
Douter qu'on existe
est absurde, car le doute lui-même révèle et manifeste le moi existant.
Le moi est le conscient par excellence, la
réalité la plus claire et la plus certaine.
Si je ne peux douter que de ce qui est obscur, caché, et si je ne peux
douter du moi, n'est-ce pas parce que le moi est ce qui se manifeste ?
–
L'idée de conscience de ce que je suis se conçoit alors à partir de ce que je peux penser sans pouvoir en
douter.
Mais c'est que le Moi est la pensée elle-même.
C'est donc parce que la nature du moi consiste à penser,
et que la pensée consiste à se penser, que le Moi est la manifestation elle-même.
Un moi caché, obscur,
inconscient ne serait qu'un non Moi, c'est-à-dire un être dépourvu du degré nécessaire de pensée ou de
conscience, pour qu'on puisse vraiment lui attribuer une identité et une conscience.
–
Il faut donc non seulement dire que le je suis est déterminé par la conscience, mais aussi et surtout par la
conscience de soi comme je.
L'essence du moi consiste à s'apparaître à lui-même.
Sans cette manifestation de
soi à soi, pas de moi.
Cela suppose alors que le moi soit non seulement appréhendé à partir d'une intuition
intellectuelle ou d'un acte de pure pensée, mais même défini par cet acte.
Le moi, c'est l'appréhension de soimême, et seulement ensuite, la possibilité d'appréhender autre chose.
Il est donc le point à partir duquel, comme.
»
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