Suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis?
Extrait du document
«
Au premier abord, je semble le mieux placé pour me connaître et donc pour dire qui je suis.
En effet rares peuvent
être ceux qui ont accompagné tous les épisodes de mon existence...et il peut me semble que je sais mieux que les
autres ce que je pense, ce que je ressens, ce qui me définit et ce qui m'est arrivé...Mais une telle affirmation ne
revient-elle pas à affirmer que la conscience que j'ai de moi-même est totale et transparente, de même que mon
existence est d'emblée définie, capable d'être résumée et appréhendée par un discours ? En effet, une partie
inconsciente de ce que je suis peut échapper à ma conscience et nous vous conseillons d'utiliser par ailleurs notre
moteur de recherche de la rubrique FAQ pour approfondir ce point (mots clés : inconscient , conscience).
De même,
certaines passions peuvent fausser l'image que j'ai de moi- même, comme l'amour-propre ou l'orgueil.
Enfin et
surtout, je suis un être relationnel, inséré dans des liens intersubjectifs qui font que je suis avec les autres.
N'estce pas à eux de dire qui je suis, si être, c'est avant tout être avec les autres.
Autrui aurait alors " le dernier mot ",
avec le risque certain qu'en parlant de moi, il me rende comme un objet qu'il suffirait de décrire pour l'appréhender.
Dès lors, ce que je suis, c'est toujours plus que tout ce que moi et les autres peuvent en dire.
[Le moi se définit par la conscience et la pensée, par les sentiments, par le vécu.
Or, personne ne peut
connaître ces derniers aussi bien que celui qui les ressent de l'intérieur.
Je suis donc le mieux placé pour
savoir ce que je suis.]
Les autres me connaissent superficiellement
Les autres ne voient de moi qu'une façade, le moi social.
Leur point de vue sur moi est toujours celui d'une
extériorité.
Chacun à conscience de lui-même, la connaissance d'autrui nous échappe comme le montre le
solipsisme.
Le solipsisme
Du latin solus, "seul", ipse, "moi-même", le solipsisme est le point limite de l'idéalisme métaphysique : il définit
une attitude du sujet pour lequel rien n'existe en dehors de sa conscience.
Tout se passe dans la solitude du
moi : je suis seul dans ma tête et ne puis entrer dans la conscience d'autrui.
Dans cette perspective, les
autres se réduisent à n'être que de pures fictions créées par mon esprit.
Pour le solipsisme
• Descartes, découvrant le cogito, aboutit à une unique certitude après
le doute : la seule existence de son être pensant.
Quant à l'existence
des choses et à celle d'autres consciences, elle n'est pas encore avérée
et fait problème.
Nous ne pourrions imaginer autrui que par le subterfuge
d'un raisonnement par analogie.
La conscience d'autrui découlerait ainsi
de la conscience de soi.
• Leibniz imagina aussi un monde d'esprits qu'il nomme monades et dont
aucune n'aurait de "fenêtre" sur le dehors du monde.
La question du solipsisme de l'apprentissage ne peut pas être pertinente
dans la mesure où tout apprentissage suppose un médium, que ce soit
un livre, un disque, un objet.
Dès lors on n'est plus seul, le travail se fait
donc avec l'aide d'un médiateur.
Car on ne peut restreindre le terme
« autres » à sa signification la plus élémentaire, c'est-à-dire un maître,
ou encore un parent.
« Le professeur ne doit pas apprendre des pensées [...] mais à penser.
Il
ne doit pas porter l'élève mais le guider, si l'on veut qu'à l'avenir il soit
capable de marcher de lui-même.
» Kant, Propos de pédagogie.
Ainsi, en élargissant le contenu du mot on observe qu'il peut tout aussi bien désigner un travail qui a été fait
par un autre.
Apprendre uniquement dans les livres, c'est faire appel au savoir de ceux qui les ont écrits et.
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