Suis-je ce que je crois être ?
Extrait du document
«
Ici c'est l'identité qu'il faut interroger, en effet, poser la question de savoir suis-je ce que je crois être ? revient à se
poser la question qui suis-je ? L'identité désigne en psychologie l'unité de l'individu ayant le sentiment de demeurer
semblable à lui-même à travers la diversité des états qu'il connaît dans son existence.
Ainsi, suffit-il que nous ayons
une position sociale, un travail, une famille, une religion, un parti politique pour que nous sachions qui nous
sommes ? La question « qui suis-je ? » n'est pas facile à éluder.
Il y a ce que nous croyons mettre dans notre
identité personnelle, et il y a ce que nous sommes.
Ce n'est pas parce que nous croyons être A ou B que nous
sommes effectivement A ou B.
Il n'est pas sûr que nous ayons une conscience exacte de ce que nous sommes.
Qu'est-ce qui compose l'identité de la personne ?
Tempérament et caractère :
Le tempérament désigne l'ensemble des dispositions organiques innées de l'individu.
Le tempérament désigne
aussi la constitution physique.
On lit la constitution physique de quelqu'un à travers les signes typiques du
corps : le volume, les proportions, les traits de visages, les comportements élémentaires etc.
Prenons un
exemple précis pour discuter ce point de vue qui part de l'individualité physique et l'assimile à la personnalité :
la théorie complexe des constitutions physiques dans l'Ayur veda.
Dans la plus ancienne des médecines de
l'humanité, il est expliqué que le médecin doit d'abord savoir à quel type particulier d'individu il a affaire.
Une
classification est élaborée en 7 types principaux de constitutions physiques.
C'est grosso-modo ce que la
médecine d'Hippocrate appelait les humeurs.
Par traits de caractère maintenant, on entend la structure des dispositions psychologiques individuelles.
La
caractérologie en occident, c'est l'étude des types psychologiques fondamentaux.
On dit que B a un caractère
passionné, que A est plutôt un apathique, que C est dans son caractère plutôt un nerveux.
D est un
sentimental.
Avoir du caractère est une expression qui dénote une qualité morale qui exprime une force.
On dit
que celui qui a du caractère a de la force et de la volonté, que celui qui manque de caractère n'a pas de
volonté, d'énergie, de conviction stable.
Par contre avoir tel ou tel caractère, n'implique pas de jugement
moral, mais la reconnaissance de fait d'une style de comportement identifiable.
On dit que le caractère est
l'ensemble des traits qui singularise la personnalité et distingue une personne d'une autre.
C'est dire que
chacun possède au fond un naturel qui lui est propre.
Le caractère ne change pas facilement.
Il a une stabilité.
Mais d'un autre côté, il n'est pas facile de savoir si le
caractère d'un homme appartient à sa nature ou à son histoire.
Si bien des traits de caractères sont stables,
d'un autre côté, les méandres de l'histoire personnelle peuvent modifier la personnalité.
Le passé pèse de tout
son poids sur le présent.
Qu'est-ce qui joue le rôle le plus important : est-ce notre naturel ou bien le reliquat
de l'expérience vécue ? Le naturel d'un homme ne peut-il pas être oblitéré par des expériences dramatiques ?
La personnalité :
La personnalité est une structure complexe.
Pour simplifier, on peut dire qu'elle elle comme un oignon qui
comporterait plusieurs peaux successives.
Et encore, cette métaphore est loin d'être suffisante.
La première
pelure est celle du moi social.
Le moi se forme dans le rapport à autrui.
Pris dans le monde des autres, il n'est
d'abord pas lui-même, mais le reflet des autres.
Il tend à se doter d'une identité en structurant une image de
lui-même sous la forme du personnage.
La quête de l'identité fait que dès l'enfance l'homme se projette sur un
modèle social et se donne dans l'imaginaire l'identité d'un personnage: être un ceci ou un cela, animateur de
télévision, un footballeur, un médecin de la croix rouge etc.
Le moi idéal figure ce que nous voudrions être et le
personnage est ce vers quoi nous tentons une identification.
Mais le personnage est une forme d'identification de la conscience.
Il n'est pas ce que je suis, mais le rôle que
j'assume un moment, où que je joue.
Un rôle est une forme que la conscience prend, ce n'est pas l'identité
véritable du sujet.
Le sujet conscient peut librement passer d'un personnage à un autre et c'est ce que nous
faisons tout au long de la journée.
Chacun a ainsi autant de moi différents qu'il y a de personnage à faire
valoir.
En latin personna était un masque que portaient les acteurs de la tragédie et de la comédie antique.
Le
personnage n'est pas la personne .Sous le regard de l'autre, nous ne sommes le plus souvent qu'un
personnage.
Mais vis à vis de soi, chacun a un personnage, mais n'est pas le personnage.
Le personnage c'est
seulement le moi en représentation, sur la scène sociale.
Il a un rôle, mais pas d'identité réelle.
Enfin, la question qui suis-je ? renvoie à une réponse apparemment toute simple qui est « moi », le moi
psychologique.
Le moi est le sujet en tant qu'il est pouvoir d'appropriation singulier, sujet qui rapporte out à
lui-même.
C'est le moi qui revendique le personnage, c'est le moi qui s'identifie au corps.
C'est le moi qui est
pétri de complexe, qui se nie ou s'enfle démesurément .Le moi est centré sur le sentiment du mien.
Cette
structure psychologique individuelle est nommée aussi l'ego.
Dans la littérature, il y a un genre qui se consacre
à l'investigation du moi, c'est l'autobiographie et ses différentes formes : les Essais, tels les Essais de
Montaigne, le Journal intime, comme celui d'Amiel ou de Gide, les mémoires, comme ceux de Chateaubriand.
L'investigation du moi est nommée introspection.
L'ego est en fait ego cogito, il est produit par la pensée.
Il
est l'identité que la pensée se donne en rassemblant en elle-même des traits de ce qu'elle dit être « moi ».
Sur
le fond, il n'y a que la pensée et son cours.
C'est la pensée qui s'imagine le défilé de ses propres productions
comme enroulé autour d'un noyau et ce noyau c'est « moi ».
Qu'est-ce que le moi, indépendamment de toute
pensée ? Rien.
Le moi est une identité d'objet posé par la pensée en souci de s'auto définir, de se poser par
rapport à d'autres « moi ».
On ne dit « moi » que par rapport à d'autres « moi », on ne dit moi que dans le
souci de se valoriser par rapport à l'autre.
Le moi n'existe pas tout seul.
Comprendre qui je suis m'oblige à
comprendre ce qu'est l'ego et comment la pensée fonctionne par rapport à cette entité qu'est l'ego.
Voir le
texte de C.
G.
Jung Types psychologiques, p.
456.
»
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