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Suffit-il pour être juste d'obéir aux lois et coutumes de son pays ?

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« La justice, ce n'est pas seulement la vertu ou la moralité.

On pourrait dire, si la question était : " Suffit-il pour être vertueux ou moral d'obéir aux lois et coutumes de son pays ? " que la moralité ou la vertu n'est pas dans le comportement extérieur mais dans l'intention, et que l'obéissance n'est jamais qu'un comportement extérieurement conforme aux lois et aux coutumes.

Ce comportement extérieur peut avoir une apparence de conformité ou même d'ailleurs de vertu sans que l'intention soit le moins du monde vertueuse (hypocrisie morale).

Or on demande la condition suffisante pour être juste, et être juste est tout à fait indépendant de l'intention.

On pourrait commencer par objecter : il ne suffit pas d'obéir pour être juste, car les lois et les coutumes peuvent être injustes ; tout ce qui est légal n'est pas pour autant légitime.

Mais être juste, c'est donner à chacun ce qui lui revient, cela implique une idée d'impartialité, de neutralité.

Comment peut-on penser cette impartialité ou cette neutralité sans faire appel à une loi, ou à quelque chose qui serait indépendant des parties engagées ? Si on dit qu'il ne suffit pas d'obéir pour être juste, car les coutumes et lois peuvent être injustes, alors par rapport à quoi dira-t-on que les coutumes et lois sont injustes ? Être juste consiste dans cet appel à un tiers, à une instance neutre ou impartiale ; or cette instance, si on commence à la contester, à partir de quoi le fera-t-on ? Introduction D'un côté on peut croire que ce sont les lois de l'État qui nous rendent justes, car en leur obéissant, nous renonçons à nos intérêts égoïstes qui menacent les droits d'autrui. Cependant, il y a des lois injustes qui nous rendraient injustes si nous y adhérions.

C'est donc que la justice peut reposer ou repose sur autre chose que les lois.

Suffit-il alors d'obéir aux lois pour être juste ou faut-il autre chose? Qu'est-ce qui nous rend juste? Est-ce le simple fait de suivre les lois imposées par l'État parce qu'on serait incapable, sinon, de se conduire soi-même avec justice? Ou bien la justice relève-t-elle d'une aptitude morale intérieure pouvant se passer de lois extérieures ? 1) Nécessité et suffisance apparentes des lois pour nous rendre justes. a) L'homme serait naturellement incapable de justice. Nous pouvons poser l'idée d'un homme fondamentalement mauvais par nature, qui ne, pourrait pas par lui-même respecter autrui, l'idée d'un homme fondamentalement égoïste tendant à se satisfaire au détriment des autres. Songeons à Hobbes : «l'homme est un loup pour l'homme», ou à Freud : «l'homme n'est point cet être débonnaire au coeur assoiffé d'amour». "Premièrement si nous considérons combien il y a peu de différence entre la force et la sagesse des hommes faits et avec quelle facilité le moindre, soit qu'il le soit en esprit ou en force, ou en toutes ces deux choses, peut entièrement abattre et détruire les puissants, puisqu'il ne faut pas beaucoup de force pour ôter la vie à un homme: de là nous pouvons conclure que les hommes, considérés dans l'état de nature, doivent s'estimer égaux et quiconque ne demande point davantage que cette égalité doit passer pour un homme modéré [...] D'ailleurs, puisque nous voyons que les hommes sont portés par leurs passions naturelles à se choquer les uns les autres, chacun ayant bonne opinion de soi, et ne voulant pas voir ce qu'un autre a de bon, il s'ensuit de toute nécessité qu'ils doivent s'attaquer les uns les autres par des paroles injurieuses ou par quelque autre signe de mépris et de haine, laquelle est inséparable de toute comparaison, jusqu'à ce qu'à la fin ils en viennent aux mains pour terminer leur différend, et savoir qui sera le maître par les forces du corps. Davantage, considérant que les appétits et les désirs de plusieurs hommes les portent tous à vouloir et à souhaiter une même fin, laquelle quelquefois ne peut être ni possédée en commun ni divisée, il s'ensuit que le plus fort en jouira tout seul, et qu'il faudra décider par le combat qui sera le plus fort.

Ainsi la plus grande partie des hommes, sans aucune assurance d'avoir le dessus, néanmoins soit par vanité, soit par des comparaisons, soit par passion, attaque ceux qui sans cela seraient contents d'être dans l'égalité de nature [...] Nous voyons donc qu'à cette inclination naturelle qu'un chacun a d'offenser un autre, on doit encore ajouter le droit d'un chacun sur toutes choses, lequel fait qu'un homme attaque avec le même droit avec lequel un autre lui résiste,. »

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