Suffit-il d'être soi-même pour être différent des autres ?
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Problématique:
L'affirmation de soi passe le plus souvent par la recherche d'une identité propre, différente de celle des autres.
Mais tous en cela se ressemblent.
La prise en compte de l'universalité de l'humaine condition conduit à la vraie
richesse intérieure.
INTRODUCTION
Les premières expériences infantiles sont liées, notamment, à la rencontre des autres.
Confusément à la
recherche de lui-même, l'enfant tend à s'identifier, à imiter.
Prisonnier de ses sens et de ses impressions, mais
aussi d'envies mal maîtrisées, il fait se succéder oppositions et identifications.
Le propre de la relation
éducative, et de l'instruction, est de l'aider à sortir de lui-même, à discipliner ses propres mouvements.
Mais la
relation multiforme à autrui peut être aussi bien soumission et conditionnement qu'émancipation et
affranchissement.
Les préjugés se constituent, dès l'enfance, en même temps que les valorisations propres à
chaque être.
Comment s'affirmer soi-même, et se dégager de la succession des oppositions et des
identifications qui marquent, de toute façon, une dépendance ? Première tendance, au moment de
l'adolescence : tout rejeter.
« Se poser en s'opposant ».
Mais ne reconnaît-on pas ainsi une référence, par
rapport à laquelle on cherche à se définir négativement ? La généralisation d'une telle attitude (s'opposer
systématiquement à tous pour se conquérir soi-même) n'est-elle pas à la fois illusoire et intenable ? Cultiver la
différence jusqu'à rompre toute possibilité de communication semble aussi néfaste que nier la différence pour
instaurer une communauté truquée.
L'enjeu, c'est la possibilité d'une personnalité suffisamment accomplie et
ouverte sur la vie sociale.
Suffit-il, pour être soi-même, d'être différent des autres ?
[ Être soi-même, c'est ne pas se réduire à n'être que l'élément typé d'une catégorie.
Il faut, pour cela,
être différent.
Pour être soi-même, il faut être un sujet indépendant et irréductible.
Le «moi» ne peut
s'affirmer qu'en se différenciant des autres.
C'est cette différenciation qui permet d'accéder à la
conscience de soi.]
Être soi-même, c'est être conscient de soi de sa différence
L'avènement de la conscience de soi et la reconnaissance de l'autre comme différent sont deux aspects d'un
même processus spirituel.
Dans le contexte social - et celui-ci est constitutif de l'existence humaine - le
«moi» ne peut s'affirmer qu'en affirmant sa différence par rapport aux «autres».
Être soi-même, c'est être une personne
La conscience d'être une personne vient essentiellement du sentiment d'être différent des autres.
D'ailleurs,
selon Émile Durkheim, c'est au terme d'une évolution sociale qui instaure la division du travail et individualise le
rôle de chacun dans la production que tout homme devient capable de se sentir une personne.
Être soi-même, c'est être unique
Au sens strict, la personne, c'est le sujet singulier, unique.
C'est ce que montre Marcel Mauss, dans ses
analyses sur les Esquimaux, en insistant sur l'importance du nom dans le sentiment d'être soi-même.
Tous les
Esquimaux qui portent le même nom se considèrent, paraît-il, comme à peu près interchangeables.
Ce qui
singularise l'individu dans le groupe, c'est la différenciation des fonctions.
[Être différent ne suffit pas.
Être soi-même, c'est aussi être un homme semblable à tous les autres
hommes.
Pour être moi-même, il faut que je sois différent des autres, mais il faut aussi que je leur
ressemble.
Chacun est une individualité originale, mais, pour être une personne, il faut être semblable
aux autres.].
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