Suffit-il de s'observer directement soi-même pour se connaître ?
Extrait du document
«
>>>> PREMIERE CORRECTION
Approche problématique
Le « connais toi toi-même » de Socrate a eu un retentissement philosophique encore percutant à ce jour.
L'homme conscience de lui même et substance pensante cartésienne reconnaissant son existence doit s'interroger
de manière réfléchie.
Je sais que j'existe grâce au cogito, mais cette chose qui pense qu'en est elle exactement?
Lorsque je dis « je » qu'est ce que je désigne exactement? Le sujet qui se reconnaît est le seul à pouvoir accéder à
sa conscience, dire « je » implique d'engager avec certitude sa personne en tant que sujet conscient de ses actes
et capable d'en répondre.
L'individu en tant que conscience est donc capable d'exprimer ce qui se passe dans sa vie
intérieure, je sais ce que je ressens, je sais ce que je pense, je peux en témoigner.
Cependant le risque est grand de confondre conscience de soi et connaissance de soi.
Il faut donc distinguer
ces deux expressions.
La conscience de » soi est un lien immédiat de la pensée de l'homme à l'existence de son
existence, ce qui ne dépasse pas le cogito, je me reconnais en tant que conscience, substance pensante.
La
connaissance de soi demande un recul, nous devons donc nous observer pour nous connaître et pour nous observer
nous devons nous dédoubler.
Or la conscience est une et unique on ne peut se détacher de sa conscience car pour
se réfléchir, paradoxalement nous devons utiliser notre conscience.
Devant cette impasse, l'homme ne peut prendre
de recul pour s'analyser s'interroger et donc se connaître.
De là, nous arrivons à la nécessité de la reconnaissance
d'autrui comme un semblable.
C'est en observant l'autre comme un autre soi même que je peux me connaître, je
peux prendre du recul et objectiver ce sujet qui est une autre conscience afin de le connaître.
J'ai donc besoin de
m'extérioriser pour me connaître.
Cependant il ne faut pas s'arrêter à la contemplation d'autrui pour se contrôle.
Il
faut faire un travail critique de comparaison.
De là le connais-toi toi-même devient un travail d'introspection, je dois
me juger pour me connaître mais ce n'est qu'en comparaison avec autrui que je puis le faire car comment savoir ce
que je suis si je ne puis d'abord le distinguer chez l'autre.
De plus je suis le seul juge capable de dire ce que je suis
car ma conscience est inaccessible à un autre que moi même.
La recherche est donc double, c'est dans un travail
de reconnaissance de l'autre comme un autre soi même que je pourrais accéder à une connaissance réfléchie.
L'observation de soi est donc indirecte, je connais d'abord l'autre avant de me connaître moi même.
Textes utiles
Aristote
Apprendre à se connaître est très difficile [...] et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître !)
; mais nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les
reproches que nous adressons à d'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs,
aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de juger
correctement.
Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage,
quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions
nous découvrir, puisqu'un ami est un autre soi-même.
Concluons : la connaissance de soi est un plaisir qui n'est pas
possible sans la présence de quelqu'un d'autre qui soit notre ami ; l'homme qui se suffit à soi-même aurait donc
besoin d'amitié pour apprendre à se connaître soi-même.
COMTE
Il est sensible, en effet, que, par une nécessité invincible, l'esprit humain peut observer directement tous les
phénomènes, excepté les siens propres.
Car, par qui serait faite l'observation ? On conçoit, relativement aux
phénomènes moraux, que l'homme puisse s'observer lui-même sous le rapport des passions qui l'animent, par cette
raison anatomique, que les organes qui en sont le siège sont distincts de ceux destinés aux fonctions observatrices.
Encore même que chacun ait eu occasion de faire sur lui de telles remarques, elles ne sauraient évidemment avoir
jamais une grande importance scientifique, et le meilleur moyen de connaître les passions sera-t-il toujours de les
observer en dehors ; car tout état de passion très prononcé, c'est-à-dire précisément celui qu'il serait le plus
essentiel d'examiner, est nécessairement incompatible avec l'état d'observation.
Mais, quant à observer de la même
manière les phénomènes intellectuels pendant qu'ils s'exécutent, il y a impossibilité manifeste.
L'individu pensant ne
saurait se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner.
L'organe observé et
l'organe observateur étant, dans ce cas, identiques, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu ? »
Jean-Paul SARTRE.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- A force d'observer les allées et venues de certaines personnes de votre quartier, de les rencontrer aux mêmes endroits, de les voir passer devant votre domicile aux mêmes heures, vous finissez par donner à chacune d'elles, sans même la connaître, une per
- Suffit-de bien observer pour connaître ?
- Pour connaître, suffit-il de bien observer ?
- Connaître l'homme, est-ce observer ses comportements ?
- Pour connaître, suffit-il de bien observer ?