STUART MILL
Extrait du document
«
Indications générales
John Stuart Mill (1806-1873) est le père de l'utilitarisme, doctrine qui fait de l'utilité la valeur morale la plus haute.
Encore faut-il savoir comment celle-ci est définie.
Citation
«La doctrine qui donne comme fondement à la morale l'utilité ou le principe du plus grand bonheur affirme que les
actions sont bonnes ou mauvaises dans la mesure où elles tendent à accroître le bonheur, ou à produire le contraire du
bonheur.
Par bonheur on entend le plaisir et l'absence de douleur; par malheur la douleur et la privation de plaisir.
(L'Utilitarisme, 1861.)
Explication
Faire de l'utilité et du plaisir personnel un principe moral a quelque chose de provocant: il semble que si j'agis pour mon
utilité, je n'agis pas par pur devoir, et donc pas de manière morale.
C'est ce que dirait Kant par exemple.
Quant au
plaisir, la morale chrétienne le considère comme immoral en tant que tel.
Le revendiquer comme valeur morale est donc
quasiment scandaleux [voir Épicure à ce sujet].
Mill se défend que son propos ait une telle portée scandaleuse: il ne
s'agit pas pour lui de tirer la morale vers le bas, mais de tirer vers le haut les notions de plaisir et d'utilité.
Celles-ci
consistent en fait à accomplir en soi les qualités humaines les plus nobles («Mieux vaut être un homme insatisfait qu'un
porc satisfait» dit-il), et à travailler au bonheur de l'humanité.
Exemple d'utilisation
Le texte de Mill est intéressant à mettre en regard de la conception kantienne de la morale, selon laquelle agir par
devoir est strictement opposé à agir par utilité.
Encore faut-il bien garder en mémoire, lorsque l'on fait cette
comparaison, que Mill ne confond pas utilité et intérêt égoïste.
L'antinomie entre les deux auteurs n'est donc pas aussi
forte qu'on peut le croire au premier abord (contrairement à l'opposition Kant / Sade par exemple).
Ce qui est
intéressant chez Mill, c'est qu'il introduit d'une part la notion d'une quantification du bonheur: ainsi le bonheur n'est pas
un état fixe et défini: être absolument heureux n'est pas concept qui ait un sens, on est seulement plus ou moins
heureux; de plus, Mill récuse qu'il y ait une définition unique, universellement valable, du bonheur: la nature de ce qui
rend l'un ou l'autre heureux dépend des préférences de chacun ; le seul universel, c'est que chacun recherche le
bonheur; quant à son contenu, il varie selon chacun.
SUJET TYPE: Peut-il y avoir une morale de l'intérêt?
Contresens à ne pas commettre
Malgré cette définition individuelle du bonheur, il faut insister sur le fait que l'idéal utilitariste n'est pas le bonheur
personnel mais le bonheur général.
Ainsi Smith retrouve la dimension universelle à travers le particulier.
Il peut ainsi
militer pour des causes qui ne lui apparaissent pas comme des préférences personnelles, mais comme des améliorations
objectives de la société humaine: c'est le cas lorsqu'il défend la stricte égalité entre les hommes et les femmes!.
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