Spinoza: L'imagination joue-t-elle un rôle dans la connaissance ?
Extrait du document
«
Commentaire d’un texte de Spinoza :
Introduction :
- Thème (ce dont il est question) : Il s’agit ici d’un extrait d’un texte de Spinoza
qui étudie la manière dont l’imagination influence et modifie ma perception en
général, que ce soit celle du monde extérieur ou mes sentiments.
- Problème (ce qui fait question) : Spinoza cherche à savoir si il est possible
d’accéder au monde tel qu’il est, au vrai, ou si l’imagination influence toutes nos
perceptions – et les conséquences que cela peut avoir.
- Thèse (proposition philosophique défendue par l’auteur) : Pour Spinoza, le
monde n’est jamais perçu tel qu’il est en soi, mais toujours selon une
perspective.
Autrement dit, ma perception du monde décrit non pas le monde tel
qu’il est, mais l’état des forces en moi.
Ainsi, mon opinion sur le monde – ou mes
sentiments – est guidée non pas par un jugement objectif, mais par des
imaginations qui influencent mes perceptions.
- Structure (manière dont est composée le texte) à Si le commentaire est
composé, il faut dégager 3 thèmes, 3 manière d’aborder le problème par l’auteur,
et dans le corps du commentaire, commenter et développer ces thèmes en
s’appuyant sur le texte, sans le suivre linéairement.
Si le commentaire est
linéaire, il est possible de découper le texte en 2 ou 3 parties, de dégager leur
thème, et de les commenter ligne à ligne.
Nous allons ici, pour des besoins de compréhension, utiliser la méthode du commentaire linéaire :
à Au départ « Car une imagination est une idée … qu’il est proche de nous » : Spinoza expose d’emblée sa thèse pour
ensuite la démontrer, ma perception des choses me donne d’elles une imagination qui n’est pas forcément conforme au
vrai.
à « Nous n’imaginons pas le soleil … pas par sa présence » : Les imaginations sont un indice sur l’état des forces de
l’individu ; elles influencent nos perceptions plus fortement que la connaissance du vrai, et de ce fait, le monde ne
nous apparaît donc pas tel qu’il est, mais tel que nos imaginations nous le font concevoir.
à « Il arrive bien … nous imaginons.
» : Ce qui est valable pour la perception du monde l’est aussi pour nos sentiments.
Développement :
Pour chaque partie, il faut : 1) dire ce que l’on va faire, présenter le thème du passage que l’on va expliquer.
2) faire
ce que l’on a dit, expliquer le passage proprement dit, 3) conclure la partie en disant ce que l’on a fait et ce qu’il reste
à faire.
Préciser ce que l’on a dégagé de l’explication.
I/ L’influence de l’imagination sur la perception du monde :
Car une imagination est une idée qui indique plutôt l'état du Corps humain que la nature du corps extérieur, non
distinctement à la vérité, mais confusément ; par où il arrive que l'Âme est dite errer.
Quand par exemple nous
regardons le soleil, nous imaginons qu'il est distant de nous d'environ deux cents pieds ; en quoi nous nous trompons
aussi longtemps que nous ignorons sa vraie distance ; mais, quand elle est connue, l'erreur certes est ôtée, mais non
l'imagination, laquelle explique la nature du soleil en tant qu'elle affecte le corps ; et ainsi, bien que connaissant sa
vraie distance, nous n'imaginerons pas moins qu'il est proche de nous.
● Spinoza commence d’emblée dans la première phrase par exposer sa thèse.
Selon lui, une imagination
indique l’état des forces d’un individu, qui de ce fait perçoit le monde de manière particulière et non pas objective.
Ce que Spinoza appelle « une imagination » est quelque chose de très spécifique qui n’a que peu de rapport avec ce
que nous entendons par ce mot dans la vie courante.
Il ne s’agit pas d’une idée fantasque ; elle est aussi appelée
opinion, et c’est une connaissance du premier genre qui relève de la perception sensible.
Autrement dit, c’est une
connaissance par « ouie dire », une connaissance qui vient d’une expérience vague du monde perçue par un corps
humain.
L’imagination est donc une perception du corps humain fluctuant au gré des vicissitudes de son existence.
C’est ce que veut dire « idée qui indique plutôt l’état du corps humain plutôt que la nature du corps extérieur.
» Cette
connaissance manifeste les choses vécues dans la contingence de l’expérience quotidienne.
L’imagination forme donc
des idées générales, partielles et obscures qui ne peuvent pas constituer une connaissance proprement dite : « non
distinctement à la vérité, mais confusément ».
Cette connaissance n’a donc que peu de valeur théorique.
Du fait de
son inexactitude, ces connaissances ne permettent pas à l’âme de se diriger correctement, de choisir en toute
connaissance de cause.
Raison pour laquelle « l’âme est dite errer ».
● Spinoza prend ensuite un exemple pour illustrer son propos : celui du soleil.
Nous avons beau savoir à quelle
distance il se situe de la Terre, il n’en reste pas moins que nous gardons l’impression qu’il est proche de 200 pieds.
Cela
s’explique par la manière dont le soleil « affecte le corps ».
Spinoza montre que cette connaissance du premier genre
est tenace parce qu’elle se base sur des choses évidentes, les perceptions de notre corps.
Or, ces perceptions sont
tellement fortes qu’il est difficile d’en faire abstraction pour s’élever à la vraie connaissance.
C’est la raison pour
laquelle la plupart des individus en reste au premier genre de connaissance, et se font des idées fausses sur le monde.
Idées fausses qui influencent leur manière d’agir qui se trouve alors en porte à faux avec le monde.
Mais cet aspect
des choses est développé dans le deuxième paragraphe.
Même face à la vérité, ces imaginations dues aux perceptions du corps ne disparaissent pas.
Si l’entendement.
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