Spinoza: Connaissance et liberté
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Thème 456
Spinoza: Connaissance et liberté
VOCABULAIRE SPINOZISTE
Liberté: elle n’est pas un acte de la volonté qui n’est qu’une faculté (entité abstraite, en fait inexistante).
La liberté
concrète est l’autonomie d’un individu, atteinte lorsque ses actions ne résultent que de causes internes (celles qui
résultent de l’essence même de cet individu, c’est-à-dire de son Désir).
1.
L'homme, partie de la nature
Chacun forme, en fonction de son expérience ou de ses habitudes, des images générales des choses.
Un soldat, par
exemple, ayant vu sur le sable les traces d'un cheval, passera aussitôt de la pensée d'un cheval à celle d'un cavalier,
et de là à la pensée de la guerre.
Un paysan, au contraire, passera de la pensée d'un cheval à celle d'une charrue,
d'un champ.
Dans cette expérience, où nous associons, par l'imagination, une idée à une autre, nous sommes passifs,
car déterminés par notre corps.
Nous ne sommes pas la cause complète de nos actions.
2.
Dieu ou la Nature
Dieu s'identifie à la Nature : la philosophie de Spinoza est un panthéisme.
Dans la Nature, tout est déterminé par Dieu.
Ainsi, lorsque nous percevons les liens nécessaires qui unissent les idées dans une démonstration, nous percevons un
ordre que nous n'avons pas choisi, mais que nous comprenons librement.
Liberté et nécessité sont donc compatibles.
Ils conçoivent l'homme comme un empire dans un empire.
En déclarant à propos des moralistes : < En vérité, on dirait qu'ils conçoivent l'homme dans la nature comme un
empire dans un empire », Spinoza (1632-1677) récuse la morale, affirme une conception nouvelle de la liberté.
Cette
fameuse formule « l'homme comme un empire dans un empire » se retrouve souvent sous la plume de Spinoza, mais elle
est explicitée clairement dans la préface du troisième livre de L 'Ethique, son ouvrage principal.
Spinoza est, comme Descartes, l'héritier de la «révolution galiléenne ».
Les découvertes de Galilée entraînent une
réforme totale des sciences et obligent à redéfinir la place de l'homme dans l'univers.
Mais Spinoza, à la différence de
son précurseur Descartes, accepte de tirer de la science nouvelle des implications morales et politiques.
Celles-ci
seront perçues comme ,tellement inouïes, révolutionnaires, tranquillement opposées à l'absolutisme politique et au
conformisme religieux, qu'elles vaudront à Spinoza avec les surnoms de «chien galeux» et «d'impie », une vie précaire
et menacée.
Une des principales conséquences des découvertes de Galilée, c'est que la nature apparaît comme désenchantée,
uniquement régie par les lois scientifiques, les lois de la mécanique.
Spinoza en tire la conclusion suivante : il faut
considérer l'homme comme une partie de la nature comme une autre et dont tous les actes s'expliquent par des lois,
des causes.
Mais il s'inscrit ainsi contre la conception traditionnelle de la liberté humaine, qui veut que l'homme décide
souverainement de ses actions, qu'il soit doté de «libre-arbitre ».
Cette conception traditionnelle s'adosse à la religion.
Descartes l'a exprimée le plus clairement en disant que notre volonté était infinie comme celle de Dieu.
Bref, dire que
l'homme a été créé à l'image de Dieu, cela signifierait que l'homme est libre, que sa volonté est libre.
Or Spinoza
conteste ce point en disant que cela revient à considérer « l'homme dans la nature comme un empire dans un empire».
Pour récuser cette conception, Spinoza considère la façon dont la morale parle des passions et des hommes
passionnés.
Les moralistes considèrent les passions comme un vice de la nature humaine : le passionné est condamnable parce qu'il
est responsable de sa passion, il ne suit aucun des conseils que les moralistes lui donnent, il fait un mauvais usage de
sa volonté, il se rend complice de son vice.
En clair, résume Spinoza :
« Ils cherchent la cause de l'impuissance et de l'inconstance humaine [...] dans je ne sais quel vice de la nature
humaine, et pour cette raison pleurent à son sujet, la raillent, la méprisent, ou le plus souvent la détestent : qui sait le
plus éloquemment ou le plus subtilement censurer l'impuissance de l'âme humaine est tenu pour divin.
»
La position moraliste amène et à l'auto-glorification — censurer le vice, c'est se faire passer pour divin — et au mépris
de l'homme.
L'homme est raillé, méprisé, détesté.
Mais, et ici s'amorce la critique spinoziste, l'homme n'est pas compris.
Les moralistes n'ont jamais expliqué ni ce qu'était
une passion, ni quelles en étaient les causes.
La preuve de leur impuissance à connaître, est précisément que
personne ne peut suivre leur conseil, qu'ils n'ont jamais aidé personne à surmonter sa faiblesse, et que la seule chose
que nous enseigne la morale est le mépris de l'être humain.
Les moralistes sont ceux qui « aiment mieux détester ou
railler les affections el les actions des hommes que de les connaître ».
D'où proviennent l'incompréhension et l'impuissance des moralistes ? De ce qu'ils n'ont pas compris que l'homme n'était
qu'une partie de la nature comme une autre, c'est-à-dire soumis à des lois.
Les passions sont des phénomènes
naturels comme les autres, qui ont des causes naturelles, comme tous les autres phénomènes naturels.
Être passionné, ce n'est pas avoir une nature vicieuse ; il n'y a pas de nature vicieuse.
Qu'un homme soit ambitieux,
cruel, jaloux, cela s'explique de la même façon qu'on explique la chute des corps ou qu'un chien a la rage.
On ne blâme
pas un chien parce qu'il a la rage on ne blâme pas la pierre parce qu'elle tombe quand on la lâche : on tente de
comprendre, par les causes, pour prévenir et pour guérir.
Il doit en aller de même pour les passions, ces prétendus
vices de la nature humaine Les passions « reconnaissent certaines causes par où elles sont clairement connues, et ont
certaines propriétés aussi dignes de connaissance que les propriété d'une autre chose quelconque »..
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