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Sommes-nous tels que nous paraissons aux yeux des autres ?

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« La vision de moi qu'a autrui est-elle le reflet exact, complet, de ce que je suis ? Suis-je ce que les apparences montrent de moi ? Selon Lévinas, le visage de l'homme serait spécifique à chacun et dégagerait une expression propre à soi.

On ne pourrait pas faire mentir ce signe corporel, qui nous montrerait tel que nous sommes, qu'on le veuille ou non.

Plus déterminant encore, mais cette fois-ci non du côté du paraître mais du regard de l'autre, Sartre fait d'autrui le médiateur indispensable entre moi et moi-même : c'est par la reconnaissance d'autrui que je me (re)connais moi-même (dans l'Être et le néant).

Pourquoi le masque social, le mensonge, sont-ils parfois déterminants dans nos relations à autrui ? Nous montrons-nous aux yeux des autres tels que nous sommes ? Et ne sommes-nous pas seulement ce que les autres voient de nous ? Ne sommes-nous pas réduits à être ce que nous paraissons ? Quelques références utiles : Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, qui explique que nous ne connaissons d'autrui qu'un comportement ; Lévinas, Existence et existant ; Hegel, la dialectique du maître et de l'esclave. On oppose traditionnellement l'être et le paraître (voir platon et l'idéalisme platonicien ; le paraître n'est qu'un reflet dégradé de l'être), dans une conception manichéenne qui simplifie le rapport de l'être au paraître et qui dévalorise le paraître en comparaison de l'être.

Evidemment, paraître, c'est paraître aux yeux d'un autre, ou d'autres, c'est-à-dire paraître aux yeux d'autrui.

Qu'appele-t-on autrui ? Le substantif « autrui », tout d'abord, vient du latin « alter huic » qui signifie « cet autre ici présent », autrui, c'est un autre moi (alter ego), mais autre que moi ("Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." écrit Sartre).

C'est pourquoi autrui peut avoir tous les rôles énumérés par Sigmund Freud : « Autrui joue toujours dans la vie de l'individu le rôle d'un modèle, d'un objet, d'un associé ou d'un adversaire ». Ainsi, l'autre, c'est autrui en tant qu'il est différent de moi et les autres, par extension, ce sont ceux qui m'entourent en tant qu'ils sont différents de moi.

Quant-au paraître, il est ce que semble être notre être aux autres.

Paradoxalement, le paraître semble participer à l'élaboration de l'être, c'est pourquoi il est intéressant de se demander quel rapport il y a entre le paraître et l'être.

Sommes-nous tels que nous paraissons aux yeux des autres ? Comment penser le rapport de l'être d'un individu, de son essence, à son paraître vis-à-vis de ceux qui l'entourent ? Ce questionnement implique que chaque individu a une essence immuable et donc immatérielle, la problématique s'inscrit ainsi dans un cadre dit essentialiste.

Or, cette position est en fait à rapprocher d'une pensée religieuse ; rien ne prouve qu'il existe effectivement quelque chose comme une âme chez un individu.

Au contraire, l'homme est changeant, on ne peut rien identifier, chez un individu, qui ne soit objet de transformation au cours de la vie.

C'est pourquoi à une problématique de l'essence, il faut substituer une problématique de la connaissance, l'être de l'homme devenant ainsi ce que l'homme connaît de lui-même à un moment de sa vie.

Qu'est-ce que la connaissance ? Issu du latin « cognoscere », qui signifie « connaître » ou « chercher à savoir », le substantif connaîssance qualifie la faculté de connaître, c'est-à-dire, de se représenter quelque chose.

Il qualifie également les manières de comprendre et de percevoir quelque chose, c'est-à-dire l'acte de connaître.

De plus, il nomme ce qui est acquis par la pratique (« L'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances » écrit Locke) ou par l'étude, pour cette acception, il est donc synonyme du terme « savoir »; c'est en ce sens que Friedritch Nietzsche l'emploie lorsqu'il écrit : « Préludes de la science.

— Croyez-vous donc que les sciences se seraient formées et seraient devenues grandes si les magiciens, les alchimistes, les astrologues et les sorcières ne les avaient pas précédées, eux qui durent créer tout d'abord, par leurs promesses et leurs engagements trompeurs, la soif, la faim et le goût des puissances cachées et défendues ? Si l'on n'avait pas dû promettre infiniment plus qu'on ne pourra jamais tenir pour que quelque chose puisse s'accomplir dans le domaine de la connaissance?[1]» Quel rôle le paraître aux yeux des autres joue-t-il dans la connaissance que nous avons de notre propre nature ? I. Le paraître ne semble tout d'abord être que ce qui nous permet de cacher des aspects déplaisants de notre véritable nature aux autres individus, il est une forme de protection.

Il ne semble donc pas participer à l'acquisition d'une plus grande connaissance de nous-même.

C'est en ce sens que Carl Gustav Jung écrit que « la personnalité est l'ensemble très complexe des relations de la conscience individuelle et de la société, elle est une sorte de masque que l'individu revêt, d'une part, pour produire un effet déterminé, d'autre part, pour cacher sa vrai nature ». II. Mais le paraître est également ce qui nous permet d'apparaître, c'est-à-dire ce qui dévoile notre nature.

Paul Valéry écrit, en conformité avec cette idée : « Les véritables secrets d'un être lui sont plus secrets qu'ils ne le sont à autrui » III. Enfin, l'apparaître aux yeux des autres est la condition nécessaire à la connaissance de soi.

Jean-Paul Sartre écrit à ce propos : « Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre.

L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien qu'à la connaissance que j'ai de moi-même » J'ai besoin du regard d'autrui, de sa médiation, pour prendre conscience d'un certains nombre de choses me concernant.

Les autres sont ma pierre de touche, c'est dans leur regard que je vois que je fais quelque chose de honteux ; et donc que j'ai honte.

Mes jugements par rapport à moi-même sont toujours fonction du regard que les autres portent sur moi.

Seul, je ne peux pas me juger.

C'est pourquoi Jean-Paul Sartre affirme qu'"autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi même". [1] Le Gai Savoir. »

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