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Sommes-nous responsables des actes des autres ?

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« Question délicate, sujette à controverse.

Il est utile d'abord de la bien comprendre.

Comment et dans quels cas peut-on faire porter à une personne la responsabilité d'actes accomplis par une autre ? C'est évidemment quand la première a inspiré les résolutions de la seconde. Or ici deux cas peuvent se présenter : ou bien l'inspiration est directe, consciente, voulue, de la part de la première personne ; ou bien elle est indirecte, non voulue. Dans le premier cas il semble légitime d'attribuer à celui qui a en quelque sorte conseillé un acte une part de responsabilité.

Et c'est ce que font tous les jours les tribunaux, lorsque des cas de ce genre se présentent à eux. Dans le second cas, la responsabilité est tout à fait discutable.

Un roman célèbre, le Disciple, de Bourget, a posé la question et l'a résolue par l'affirmative.

Un philosophe aux doctrines hardies, homme de génie d'ailleurs et d'une irréprochable austérité dans sa vie, est présenté comme indirectement responsable d'un crime odieux commis par un jeune homme qui se dit son disciple et qu'on peut croire inspiré de ses doctrines.

On soutiendra cependant avec raison qu'un penseur d'esprit élevé et d'âme sincère, ne doit point être rendu responsable des applications que pourra faire de ses idées un individu aux instincts dépravés, à l'esprit faussé, à la nature perverse ; pas plus qu'il ne serait légitime d'imputer à un savant l'usage qu'a fait un malfaiteur de telle ou telle de ses découvertes.

Il y a là ce qu'on appelle un mauvais procès de tendance ; un moraliste avisé n'entrera pas dans cette voie qui, au surplus, pourrait mener loin. ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET. § La responsabilité de l'homme semble passer par sa liberté individuelle et son libre arbitre qui lui permet d'agir librement.

Dès lors, tout comme la liberté, la responsabilité semble être propre à l'individu. § L'idée d'une responsabilité d'autrui semble alors étrange par rapport à cette idée de liberté individuelle. Elle apparaît comme une aliénation de la liberté d'autrui.

Néanmoins, il semble bien que dans nos rapports avec autrui nous nous rendions responsables de la vision qu'autrui a de lui-même : autrui semble se voir à travers la vision que nous avons de lui et inversement.

Nous serions alors responsables d'autrui comme étant ceux qui engendrent l'identité d'autrui. § Mais alors existe –t-il une forme de responsabilité d'autrui qui ne soit pas une aliénation d'autrui ? Le problème de se faire responsable d'autrui est alors que cela semble venir empiéter sur la liberté d'autrui, lui ôtant tout libre arbitre et toute capacité à agir en toute liberté. § Néanmoins, la morale de la responsabilité est aussi semble-t-il ce qui nous est enseigné, ce que l'on reçoit des autres et que l'on partage avec autrui.

Il apparaît donc que la morale s'inscrit dans une communauté déterminée et qu'elle se manifeste comme étant cette interrelation entre les individus, ceci débouchant sur l'instauration d'une morale commune, permettant à chacun de posséder des critères objectifs afin de juger les actions d'autrui mais surtout ses actions propres. § Se pose alors le problème suivant : la responsabilité est-elle nécessairement affaire de liberté individuelle, chacun devant être responsable de lui-même sous peine de perdre sa liberté et de s'aliéner, ou la responsabilité relève-t-elle d'une morale commune qui intègre les individus dans une responsabilité commune tout en respectant l'individu dans son autonomie ? PROPOSITION DE PLAN. I) La nécessité d'autrui dans la constitution de l'identité : nous sommes responsables de l'identité d'autrui. § Le sujet conscient a cette particularité d'être immédiatement tourné vers autrui.

En effet, mon visage est en outre fait de telle sorte que, lorsque je marche par exemple, mon regard est toujours tourné vers l'extérieur : je ne me vois pas moi-même.

Il semble alors que l'extérieur, et plus particulièrement autrui soit nécessairement en contact avec moi et que je ne puisse me connaître qu'au travers des yeux d'autrui vers qui je suis naturellement tourné.

Dans L'Etre et le néant, Sartre analyse ce rapport du je à autrui et émet l'idée selon laquelle autrui fait partie de ma conscience car je suis capable de me comprendre comme autrui me comprendrait.

C'est donc au travers d'autrui que je parviens à me comprendre et donc que je parviens à forger mon identité, à me voir tel que je suis.

Il semble donc que ce soit l'intersubjectivité qui soit première et originaire d'une part, et nécessaire à mon identité et ma connaissance d'autre part.

Dès lors, « autrui est le médiateur entre moi et moi-même » : je me connais au travers des yeux d'autrui et cette médiation seule me permet de ma constituer en tant que « je ».

Je suis donc responsable de l'identité d'autrui qui se voit comme je le vois et il est responsable de mon identité § Dans l'Ethique à Nicomaque, Aristote analyse le rôle et les modalités de l'amitié.

Or, l'ami, que j'estime parce qu'il m'est plus proche que n'importe quel autrui anonyme, est nécessaire pour que j'apprenne à. »

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