Sommes-nous responsables de nos passions ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
RESPONSABILITÉ
Obligation de répondre de ses actes devant une autorité.
On distingue la responsabilité morale (je réponds de mes
actes « en mon for intérieur », c'est-à-dire devant le « forum », le tribunal intime de ma conscience morale) et la
responsabilité sociale devant les tribunaux (responsabilité pénale ou civile).
La responsabilité morale suppose deux
conditions : 1° la connaissance du bien et du mal; 2° la liberté.
La responsabilité pénale est liée à la responsabilité
morale (on cherche à punir l'intention délictueuse).
La responsabilité civile met l'accent moins sur la faute que sur le
dommage, et le responsable est celui qui peut payer réparation (d'où le système des compagnies d'assurance).
Des
« personnes morales », une société anonyme, l'État lui-même, peuvent être civilement responsables.
PASSION:
* Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.
Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que
le corps fait subir à l'âme.
Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire.
* Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse).
De quoi sommes-nous responsables ? Nous devons répondre de nous, de nos actes, éventuellement des autres
s'ils dépendent de nous.
Nous sommes responsables de ce qui relève de notre pouvoir, donc de ce dont nous
sommes la cause consciente et volontaire.
La responsabilité renvoie à notre liberté.
Et devant qui est-on
responsable ? Devant la loi ? Vis-à-vis des autres ? De nous-mêmes ? Comment par ailleurs définit-on la passion ? La
passion est un désir dominant qui donne à son objet une valeur absolue, à tel point que le passionné surestime
l'objet de sa passion et s'aveugle.
Subissons-nous la passion, sommes-nous victimes de la passion ou au contraire
en sommes-nous responsables ? Le passionné est-il inconscient face à ses désirs, ou peut-il faire usage de sa
volonté ? Si l'on est considéré comme responsable, c'est qu'on estime que le passionné choisit, qu'il est conscient
des conséquences et des implications de son choix.
En quel sens peut-on dire que l'on est victime de sa passion ?
Dans quelle mesure la responsabilité enlève-t-elle à la passion sa démesure ? Parler d'un homme passionné
responsable a-t-il un sens ? Ou le devoir de tout homme n'est-il pas d'être capable de se responsabiliser face à ses
passions ?
• Problématique :
Dans l'expérience que nous avons de nos désirs, nous croyons tellement les subir que nous ne nous en sentons pas
toujours responsables, surtout au plus fort de leur domination.
Aussi le problème de notre responsabilité se pose-t-il,
notamment lorsque nous sommes amenés par nos désirs à commettre des actions répréhensibles.
Cette éventuelle
absence de responsabilité tiendrait à l'obscurité du sujet à lui-même, qui ne se connaît pas et qui ne connaît pas
l'influence des causes extérieures sur lui.
Mais si le désir est motivé, s'il est de l'ordre du fait, son accomplissement
relève toujours, lui, de notre responsabilité éthique.
• Axes de réflexion :
1.
Le désir est l'épreuve du sujet obscur à lui-même.
Le désir vient au sujet d'une manière que celui-ci ne maîtrise pas : il n'est donc pas responsable de certains
mouvements qu'il tend à accomplir, soit en vertu de son histoire, soit en vertu de sa nature même d'être humain.
Freud expose ainsi la manière dont tout désir dépend en définitive de nos expériences passées, qui ont façonné
notre libido en particulier au cours d'une histoire infantile qui nous détermine encore à l'âge adulte, jusque dans nos
désirs les plus élevés moralement.
Le rêve est peut-être l'exemple qui montre le mieux que nous ne sommes pas
responsables de nos désirs, car ceux-ci ne se forment pas à un niveau conscient du psychisme, mais dans le ça,
réservoir des pulsions.
Nous désirons sans savoir pourquoi et surtout sans le vouloir, nous n'en sommes donc pas
responsables.
On peut radicaliser cette obscurité à soi-même en invoquant, dans une tout autre perspective, les traditions
platonicienne et chrétienne.
Le désir est une sorte de trouble, voire une maladie que le corps inflige à l'âme, et dont
elle ne peut se défaire que par la philosophie (Platon) ou par le recours à la grâce divine (saint Augustin).
Nous ne sommes donc pas responsables de nos désirs, mais il peut alors sembler paradoxal que les dernières
perspectives évoquées, contrairement à la psychanalyse, n'échappent pas à un moralisme éthique qui condamne
plus ou moins clairement le sujet pour ses désirs.
II.
Le désir est l'action de causes extérieures sur nous.
Il faudrait alors, pour être conséquent, dire que nous ne
sommes pas responsables de nos désirs, parce qu'ils sont le résultat de causes extérieures qui agissent sur nous
sans que nous en ayons conscience.
C'est ce que montre Marcuse, qui prolonge la réflexion de Freud par une analyse des moyens que met en oeuvre la
société pour réprimer le désir sexuel et inculquer d'autres formes de désirs afin que les forces des individus
convergent vers le travail.
Il s'agit là, par une surrépression, d'imposer le principe de rendement contre le principe de
plaisir.
Les individus ne sont donc pas responsables de leurs désirs car ils vivent dans l'aliénation.
René Girard montre que cette structure sociale se retrouve au niveau individuel dans la nature mimétique du désir :
nos désirs ne viennent pas tant d'un mouvement personnel vers un objet que de l'imitation d'un rival qui nous indique.
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