Sommes-nous responsables de nos désirs ?
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Corrigé envoyé par Diane Lamour (corrigé du prof)
• Problématique :
Dans l'expérience que nous avons de nos désirs, nous croyons tellement les subir que nous ne nous en sentons pas
toujours responsables, surtout au plus fort de leur domination.
Aussi le problème de notre responsabilité se pose-t-il,
notamment lorsque nous sommes amenés par nos désirs à commettre des actions répréhensibles.
Cette éventuelle
absence de responsabilité tiendrait à l'obscurité du sujet à lui-même, qui ne se connaît pas et qui ne connaît pas
l'influence des causes extérieures sur lui.
Mais si le désir est motivé, s'il est de l'ordre du fait, son accomplissement
relève toujours, lui, de notre responsabilité éthique.
• Axes de réflexion :
1.
Le désir est l'épreuve du sujet obscur à lui-même.
Le désir vient au sujet d'une manière que celui-ci ne maîtrise pas : il n'est donc pas responsable de certains
mouvements qu'il tend à accomplir, soit en vertu de son histoire, soit en vertu de sa nature même d'être humain.
Freud expose ainsi la manière dont tout désir dépend en définitive de nos expériences passées, qui ont façonné
notre libido en particulier au cours d'une histoire infantile qui nous détermine encore à l'âge adulte, jusque dans nos
désirs les plus élevés moralement.
Le rêve est peut-être l'exemple qui montre le mieux que nous ne sommes pas
responsables de nos désirs, car ceux-ci ne se forment pas à un niveau conscient du psychisme, mais dans le ça,
réservoir des pulsions.
Nous désirons sans savoir pourquoi et surtout sans le vouloir, nous n'en sommes donc pas
responsables.
On peut radicaliser cette obscurité à soi-même en invoquant, dans une tout autre perspective, les traditions
platonicienne et chrétienne.
Le désir est une sorte de trouble, voire une maladie que le corps inflige à l'âme, et dont
elle ne peut se défaire que par la philosophie (Platon) ou par le recours à la grâce divine (saint Augustin).
Nous ne sommes donc pas responsables de nos désirs, mais il peut alors sembler paradoxal que les dernières
perspectives évoquées, contrairement à la psychanalyse, n'échappent pas à un moralisme éthique qui condamne
plus ou moins clairement le sujet pour ses désirs.
II.
Le désir est l'action de causes extérieures sur nous.
Il faudrait alors, pour être conséquent, dire que nous ne
sommes pas responsables de nos désirs, parce qu'ils sont le résultat de causes extérieures qui agissent sur nous
sans que nous en ayons conscience.
C'est ce que montre Marcuse, qui prolonge la réflexion de Freud par une analyse des moyens que met en oeuvre la
société pour réprimer le désir sexuel et inculquer d'autres formes de désirs
afin que les forces des individus convergent vers le travail.
Il s'agit là, par une
surrépression, d'imposer le principe de rendement contre le principe de plaisir.
Les individus ne sont donc pas responsables de leurs désirs car ils vivent dans
l'aliénation.
René Girard montre que cette structure sociale se retrouve au niveau
individuel dans la nature mimétique du désir : nos désirs ne viennent pas tant
d'un mouvement personnel vers un objet que de l'imitation d'un rival qui nous
indique ce qu'il faut désirer.
Pour Spinoza, le « désir aveugle » est également la servitude aux causes
extérieures.
La condition naturelle des hommes est de ne pas être
responsables de leurs désirs, mais leur tâche est de le devenir par l'usage de
la raison.
Le thème de la libération reste donc malgré tout présent, ce qui signifie bien
que si certains désirs nous sont imposés, nous gardons toujours la possibilité
– et dès lors la responsabilité – de nous en arracher pour devenir libres.
III.
Être libre, c'est être responsable de ses désirs.
Il faut non seulement faire
apparaître ce processus de libération, mais aussi et surtout envisager le
problème d'un point de vue moral pour analyser la notion de « responsabilité
».
Spinoza montre que ce processus de libération n'est autre que le
développement de la connaissance, c'est-à-dire l'action de la raison par
laquelle nous agissons conformément à notre nature et augmentons ainsi notre puissance d'agir.
Le sage est celui
qui est entièrement responsable de ses désirs au sens où tous découlent nécessairement de sa propre essence, et.
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