Sommes-nous responsables de nos désirs ?
Extrait du document
«
Corrigé envoyé par Diane Lamour (corrigé du prof)
• Problématique :
Dans l'expérience que nous avons de nos désirs, nous croyons tellement les subir que nous ne nous en sentons pas
toujours responsables, surtout au plus fort de leur domination.
Aussi le problème de notre responsabilité se pose-t-il,
notamment lorsque nous sommes amenés par nos désirs à commettre des actions répréhensibles.
Cette éventuelle
absence de responsabilité tiendrait à l'obscurité du sujet à lui-même, qui ne se connaît pas et qui ne connaît pas
l'influence des causes extérieures sur lui.
Mais si le désir est motivé, s'il est de l'ordre du fait, son accomplissement
relève toujours, lui, de notre responsabilité éthique.
• Axes de réflexion :
I.
Le désir est l'épreuve du sujet obscur à lui-même.
Le désir vient au sujet d'une manière que celui-ci ne maîtrise pas : il n'est donc pas responsable de certains
mouvements qu'il tend à accomplir, soit en vertu de son histoire, soit en vertu de sa nature même d'être humain.
Freud expose ainsi la manière dont tout désir dépend en définitive de nos
expériences passées, qui ont façonné notre libido en particulier au cours
d'une histoire infantile qui nous détermine encore à l'âge adulte, jusque dans
nos désirs les plus élevés moralement.
Le rêve est peut-être l'exemple qui
montre le mieux que nous ne sommes pas responsables de nos désirs, car
ceux-ci ne se forment pas à un niveau conscient du psychisme, mais dans le
ça, réservoir des pulsions.
Nous désirons sans savoir pourquoi et surtout sans
le vouloir, nous n'en sommes donc pas responsables.
Freud ira même jusqu'à
dire: "Le moi n'est pas maître dans sa propre maison."
Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi
d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.
Il y
aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous
n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..
Pour le dire
brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e
toute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-dire
subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas
« maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui.
Empruntons à Freud un exemple simple.
Un président de séance, à l'ouverture
dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance
ouverte ».
Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait
ne pas être là.
Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la
politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.
Notre président subit donc deux forces
contraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut
s'exprimer directement, ouvertement.
Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient,
conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».
Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la
volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue
a fourché ».
Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être
là.
Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moimême ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.
Or pour Freud le cas est exactement identique et
s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.
Il n'y
a pas d'actes innocents ou anodins.
Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces.
L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués,
rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même
schéma.
L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes
conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.
Ce second groupe
de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la
conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Sommes-nous responsables de nos désirs ?
- Sommes-nous responsables de nos désirs ?
- ÉPICTÈTE: «Quant aux désirs, pour le moment, renonces-y totalement»
- FREUD: «[Les idées religieuses] sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens...»
- L'homme doit-il craindre ses désirs ?