Sommes-nous responsables de nos actes ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
RESPONSABILITÉ
Obligation de répondre de ses actes devant une autorité.
On distingue la responsabilité morale (je réponds de mes
actes « en mon for intérieur », c'est-à-dire devant le « forum », le tribunal intime de ma conscience morale) et la
responsabilité sociale devant les tribunaux (responsabilité pénale ou civile).
La responsabilité morale suppose deux
conditions : 1° la connaissance du bien et du mal; 2° la liberté.
La responsabilité pénale est liée à la responsabilité
morale (on cherche à punir l'intention délictueuse).
La responsabilité civile met l'accent moins sur la faute que sur le
dommage, et le responsable est celui qui peut payer réparation (d'où le système des compagnies d'assurance).
Des
« personnes morales », une société anonyme, l'État lui-même, peuvent être civilement responsables.
Sujet:
Du latin subjectum, « posé dessous ».
En logique, le sujet est ce dont on affirme ou nie quelque chose : Socrate
(sujet) est mortel (prédicat).
Avec Descartes, le sujet va devenir l'esprit qui connaît, par opposition à la chose connue, ou objet.
Enfin, en
politique, est sujet l'individu en tant qu'il est soumis à l'autorité d'un souverain.
Être sujet, ce n'est pas seulement tenter de se connaître, c'est aussi s'efforcer d'être l'auteur de ses actes.
Un
objet passif, ballotté par les circonstances, et dépourvu de volonté propre, est l'exact contraire d'un sujet moral
susceptible d'orienter son action en procédant à des choix personnels.
Si l'on définit le sujet comme responsable, c'est parce qu'il peut répondre de ses choix et, d'une façon générale, de
ses actes.
Il n'en est pas seulement l'agent (comme un acide est un agent de corrosion), mais aussi l'auteur
(comme un écrivain est l'auteur de son roman).
Cela suppose qu'il ait conscience des raisons et des conséquences
de ses actes.
Or, cette conscience, l'enfant ne la possède pas immédiatement.
Et, plus généralement, ne peut-on
craindre que, du fait de l'existence de l'inconscient, elle ne soit jamais vraiment suffisante pour faire de nous tous
des sujets responsables ?
Pour être considérée comme responsable d'un acte, une personne doit être consciente d'avoir agi et reconnaître
dans cet acte son intention propre.
Cette pleine conscience n'est pas innée.
D'où la difficulté de tenir un enfant
pour responsable.
Jean Piaget montre dans ses travaux que, jusqu'à six ou sept ans, un enfant évalue la gravité
d'un acte avant tout en fonction de l'importance des dommages qu'il occasionne.
Il est plus sensible au résultat
objectif qu'à l'intention subjective.
Il trouvera par exemple plus répréhensible de casser dix assiettes par accident
que d'en casser une seule en le faisant exprès.
La notion de responsabilité apparaît chez le jeune enfant dans sa relation avec les autres enfants de son âge, et
c'est dans ce contexte que se développe un jugement capable d'opérer la distinction entre le résultat de l'acte et
l'auteur de cet acte, distinction sans laquelle la notion de responsabilité est vide de sens.
Il faut également savoir où finit la conscience et dans quel cas le sujet est hors de cause.
L'aliénation mentale,
lorsqu'elle supprime chez le meurtrier la capacité de discerner le bien du mal, peut justifier qu'il soit soustrait à la
justice et confié à la médecine.
On considère en effet que ni au moment des faits, ni dans le temps du jugement, il
n'est capable de répondre de ses actes.
En revanche, le droit reconnaît comme responsable une personne qui,
malgré une irresponsabilité partielle de son acte, est susceptible de prendre progressivement conscience de la
nature d'un acte qu'elle a pu commettre dans un état d'inconscience relative.
Introduction :
La responsabilité se développe dans la sphère publique principalement dans la manifestation de la liberté.
Mais le poids de la responsabilités se marque aussi dans la sphère privée et suppose aussi une liberté intérieure,
c'est-à-dire à la fois la capacité d'agir et de se reconnaître l'auteur de son action.
Dans ce cas, il semble que nous
soyons responsables inconditionnellement de nos actes.
Ils sont nôtres et portent la marque de notre volonté.
Mais
c'est bien là que le problème se pose.
En effet, si la volonté est ce qui nous permet d'établir la responsabilité dans
une action, étant donc une norme de la liberté, alors bien souvent nous ne sommes pas responsables de nos actes.
Et que dire alors de cela en vertu de l'existence ou de l'hypothèse de l'inconscient.
Ainsi bien souvent nous
invoquons la nécessité des choses pour nous disculper d'une faute.
Or dans le monde, dans le monde de la nature,
tout semble être l'objet d'une nécessité intransigeante et inextricable, dans ce cas, tous nos actes seraient
nécessaires comme s'il y avait une certaine fatalité, un certain destin.
Nous ne pourrions y échapper, dès lors
pourrait-on parler encore d'un vouloir ou d'un agir libre ? Or force est de constater que nous sommes des êtres
appartenant au règne de la nature et dans ce cas, il semble bien que nous soyons déterminés tout comme un corps
chute en vertu de la gravité.
Pourtant n'est-ce pas alors la possibilité pour tous d'agir et de ne pas se reconnaître
responsable, c'est-à-dire de commettre le mal et de ne pas en être tenu responsable.
Et c'est bien face à ce
paradoxe que le sujet « Sommes-nous responsables de nos actes ? » prend toute son envergure et nous invite à
discuter du rapport de la nécessité et de la liberté dans le cadre d'une théorie de l'action afin d'en lever l'aporie.
Ainsi si dans un premier temps nous essayerons d'envisager une solution liant la nécessité du monde de la
nature et de la liberté afin de nous permettre d'être responsable au sein même de la nécessité (1ère partie), sans
doute nous serons amenés à chercher un solution en faisant plutôt la distinction au sein même de l'homme à travers
la dichotomie phénoménal et nouménal (2 nd partie).
Mais si nous envisageons une solution satisfaisante il nous sera
nécessaire de la travailler à la lumière de l'hypothèse de l'inconscient et d'en tirer les conséquences nécessaires
relativement à la question de la responsabilité (3ème partie)..
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