Sommes-nous les agents ou les jouets de l'histoire ?
Extrait du document
«
Le terme « histoire » (étymologie grecque signifiant « recherche ») désigne à la fois la relation des faits, des
évènements passés, et l'étude de cette relation.
L'histoire est ainsi vécue- nous sommes chaque jour en train de
construire l'histoire tout comme nos ancêtres- mais elle est aussi en même temps une science : Hérodote était en
ce sens un des plus grands historiens de l'Antiquité, racontant les guerres médiques.
D'autre part, l'agent désigne
celui qui exerce une action, c'est-à-dire une influence sur un autre être : être agent de l'histoire, ce serait exercer
une influence sur le cours des évènements qui se déroulent dans le monde humain (l'histoire devant être ici comprise
au sens premier, comme histoire vécue).
Etre le jouet de l'histoire signifie enfin être la victime passive de ces mêmes
évènements.
Sommes-nous les agents ou les jouets de l'histoire ? Avons-nous une part de responsabilité dans les évènements qui
se déroulent ou en sommes-nous les victimes ? Pourquoi les hommes semblent en même temps avoir collectivement
une influence sur l'histoire conçue comme vécue et collective, et n'avoir individuellement que peu de responsabilité
dans le cours du monde ?
Il va s'agir de se demander ce que sont plus précisément ces « évènements » qui constituent l'histoire vécue, et
cerner qui désigne le pronom « nous » dans l'intitulé afin de répondre à la question posée par celui-ci.
I-
Pourquoi les hommes paraissent, quand on les considère dans leur particularité, ne pas
avoir d'influence sur l'histoire et subir la loi de la nécessité ?
1Qu'est-ce que la particularité historique? Pouvons-nous, tous et pas seulement des individus
exceptionnels, être agents de l'histoire ? N'en sommes nous pas, le plus généralement, les victimes ?
Texte de Cournot
En histoire [...], la curiosité anecdotique s'adonne à la recherche des causes, surtout pour montrer combien il y
a de disproportion entre la petitesse des causes et la grandeur des effets.
C'est (par exemple) le grain de sable
dans l'uretère de Cromwell [...].
Mais l'histoire philosophique, la grande histoire, s'arrête peu à ces causes
microscopiques.
Elle cherche une raison suffisante des grands événements, c'est-à-dire une raison qui se mesure
à l'importance des événements ; et sans qu'elle ait la prétention d'y atteindre toujours, puisque cette raison
peut se trouver hors de la sphère de ses investigations, il arrive souvent qu'elle la trouve.
Une configuration
géographique, un relief orographique ne sont pas des causes au sens propre du mot : cependant personne ne
s'étonnera d'y trouver la clef, l'explication ou la raison de l'histoire d'un pays réduite à ses grands traits, à ceux
qui méritent de rester gravés dans la mémoire des hommes.
Le succès d'une conspiration, d'une émeute, d'un
scrutin décidera d'une révolution dont il faut chercher la raison dans la caducité des vieilles institutions, dans le
changement des moeurs et des croyances, ou à l'inverse dans le besoin de sortir du désordre et des intérêts
alarmés.
Voilà ce que l'historien philosophe sera chargé de faire ressortir, en laissant pour pâture à une curiosité
frivole tels faits en eux-mêmes insignifiants, qui pourtant figurent dans la chaîne des causes, mais qu'on est
fondé à mettre sur le compte du hasard.
COURNOT
2-
Qu'est-ce que subir les événements ? Les hommes ne sont-ils pas les jouets du « destin » (terme à définir)
Texte de Cournot
Les personnages appelés à figurer sur la scène de l'histoire (de l'histoire comme on l'entend d'ordinaire et comme
on doit le plus souvent l'entendre), monarques, tribuns, législateurs, guerriers, diplomates, ont bien le rôle actif,
interviennent bien à titre de causes efficientes dans la détermination de chaque événement pris à part.
Ils
gagnent ou perdent les batailles, ils fomentent ou répriment des révoltes, ils rédigent les lois et les traités, ils
fabriquent et votent les constitutions.
Et comme ils arrivent eux-mêmes sur la scène à la suite des combinaisons
de la politique, il semble d'abord que la politique engendre et mène tout le reste.
Cependant, l'histoire politique
est de toutes les parties de l'histoire celle où il entre visiblement le plus de fortuit, d'accidentel, et d'imprévu :
de sorte que pour le philosophe « qui méprise le fait », qui ne se soucie guère de l'accidentel et du fortuit, si
brillant que soit le météore, si retentissante que soit l'explosion, l'histoire tout entière courrait le risque d'être
frappée du même dédain que les caprices de la politique s'il n'y avait plus d'apparence que de réalité dans cette
conduite de l'histoire par la politique, comme par une roue maîtresse, et s'il ne fallait distinguer entre le caprice
humain, cause des événements, et la raison des événements qui finit par prévaloir sur les caprices de la fortune
et des hommes.
Antoine Augustin COURNOT.
Transition : Nous ne sommes les jouets du « destin » que si nous imaginons que ce dernier existe.
Nous
devrons, et c'est important, bien distinguer ce dernier de l'histoire « universelle ».
En tant qu'être appartenant à
la foule des anonymes, nous paraissons ne pas avoir d'influence sur la manière dont le monde se construit, mais
ce pourrait n'être qu'une illusion.
II1-
Pourquoi les citoyens, en tant qu'ils sont des êtres libres, écrire par leurs actes l'histoire ?
Qu'est-ce que l'histoire conçue, non plus d'un point de vue particulier, mais universel ? L'histoire n'est pas
un agrégat d'évènements, elle constitue un tout, qui relie les hommes dans le temps..
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