Sommes nous en mesure de déceler nos prejugés et de nous en défaire ?
Extrait du document
«
La philosophie contre les préjugés
La philosophie s'est toujours attachée à combattre les opinions que la raison n'a jamais pris la peine d'examiner
sérieusement.
L'homme doit se déprendre de ses certitudes, des évidences premières.
De même, la science a pour
but de rectifier l'évidence première des sens qui nous font croire que la Terre est plate et que le Soleil gravite
autour d'elle...
La méthode doit venir à bout des préjugés
Dans son Discours de la méthode, Descartes conseille de rejeter toutes les
opinions recueillies par simple habitude.
La règle dite «de l'évidence»
commande que nous évitions la «prévention» et la «précipitation» et que nous
n'admettions comme vraies que les idées qui se présentent comme claire et
distincte à notre esprit.
Ici, c'est l'évidence de type intellectuelle qui fournit
le critère ultime de la vérité dont le "cogito" représente la forme la plus
éclatante.
Le "je pense donc je suis" triomphant de tous les préjugés
sceptiques.
Cette phrase (« Je pense donc je suis ») apparaît au début de la quatrième
partie du « Discours de la méthode », qui présente rapidement la
métaphysique de Descartes.
On a donc tort de dire « Cogito ergo sum »,
puisque ce texte est le premier ouvrage philosophique important écrit en
français.
Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte
dans lequel elle s'insère.
Le « Discours de la méthode » présente
l'autobiographie intellectuelle de Descartes, qui se fait le porte-parole de sa
génération.
Descartes y décrit une véritable crise de l'éducation, laquelle ne
tient pas ses promesses ; faire « acquérir une connaissance claire & assurée
de tout ce qui est utile à la vie ».
En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d'une véritable révolution scientifique, inaugurée par Galilée,
qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu'ici considérée comme le centre d'un
univers fini, une planète comme les autres.
L'homme est désormais jeté dans un univers infini, sans repère fixe dans
la nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la mécanique.
Or,
Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu'il pratique, et de redéfinir la
place de l'homme dans le monde.
Pour accomplir cette tâche, il faut d'abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soimême.
En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :
« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s'y glisser auparavant.
Non que j'imitasse
en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait qu'à
m'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.
» (« Discours de la méthode »,
3ième partie).
Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses, qui
tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».
Descartes, dans ce temps d'incertitude et de
soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à l'examen
le plus impitoyable.
Cherchant quelque chose d'’absolument certain, il va commencer par rejeter comme faux tout ce
qui peut paraître douteux.
« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait […] que je rejetasse
comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il ne resterait point
après cela quelque chose […] qui fut entièrement indubitable.
»
Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable.
Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.
Les illusions d'optique en témoignent assez.
Je dois donc rejeter
comme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.
Le principe est aussi facile à comprendre que difficile à
admettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m'entourent, que j'ai un corps ? En
toute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux..
»
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