SOCRATE: Connais-toi toi même (Platon)
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Thème 494
Connais-toi toi même
Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science
des valeurs que l'homme porte en lui.
Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître
la nature ou les dieux.
Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les
hommes.
L'opinion, confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir,
à la fortune, à la beauté.
Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, m a i s ce sont là d e s biens
équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.
Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et si l'homme agit toujours en vue
d e son bien propre, il peut s e tromper sur s a définition.
Si nul n'est méchant volontairement, c'est
d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que par accident que
la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.
Par accident, non volontairement, il faut
entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairement
malheureux.
Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra
naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui
dépend en large partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.
Il est donc inconcevable que
sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.
C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut
être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.
Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en
particulier le tirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.
Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de ce savoir, c'est une vision
délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité.
Se connaître, c'est d'abord reconnaître q u e l'on ignore : s e défaire des opinions et fausses évidences sur le Juste.
Mais c'est aussi
comprendre que ce qui fait « le soi », ce n'est pas un corps à la beauté éphémère, u n e s o m m e d e b i e n s ou la renommée.
Si l'amant
véritable a i m e l'âme, c'est que c'est bien là ce qu'il y a d e divin en l'homme.
Se connaître soi-même, c'est donc s e recentrer sur
l'essentiel, sur ce qui nous rapproche des dieux, à savoir l'âme.
Or, de même qu'un œil ne peut se voir lui-même mais doit se regarder
dans
un miroir, d e m ê m e une â m e ne peut se connaître elle-même que par la médiation d'une autre â m e stimulée par le d é m o n d e la
philosophie.
Se connaître soi-même, c'est distinguer ce qui est soi de ce qui est à soi, remettre chaque chose à sa juste place.
PLATON.
Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.
J.-C., mort à Athènes en 347 av.
J.-C.
Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.
Il fut l'élève de l'héraclitéen Cratyle, et
s'initia aux arts.
Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement pour la musique et les mathématiques.
Vers
407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399, date de la mort du maître.
Platon se rendit alors à Mégare, auprès
d'Euclide ; puis, il effectua des voyages en Égypte et en Italie du Sud.
Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta d e lui faire accepter ses
théories politiques.
Le tyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine.
Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.
Rentré à
Athènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'Académos ; ce fut l'origine de l'Académie.
Il se rendit encore en
Sicile auprès d e Denys le jeune, m a i s aussi sans succès.
Il mourut octogénaire, à Athènes, désignant son neveu Speusippe pour lui
succéder à la tête de l'Académie.
Toutes les oeuvres de Platon sont des dialogues.
Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes
apocryphes s'y sont ajoutés.
— C'est s o u s l'influence d e Socrate que Platon conçut son système philosophique, premier système
spiritualiste complet, qui fait du philosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.
Pour les Pythagoriciens, la
raison des choses se trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de la nature ;
pour les Eléates, elle était une unité abstraite.
Platon fut le premier à poser un principe intelligent c o m m e raison des choses.
— La
méthode qu'il utilise dans ses dialogues est la dialectique.
Platon remonte à l'idée.
Il procède par élimination des dissemblances, et ne
considère que les ressemblances, dont l'origine est commune.
Les ressemblances, qui font qu'un groupe d'individus peuvent être trouvés
beaux, participent d'une beauté pré-existante, et inconditionnée.
La dialectique opère de même pour les autres notions.
Platon dégage,
par ce moyen, l'Idée de la beauté.
Le point le plus important de la philosophie platonicienne est précisément la théorie des Idées.
Les
phénomènes, « ombres passagères », ne renferment pas la vérité.
Il faut dégager l'intuition de la beauté de la jouissance des belles
choses.
Dégager de chaque groupe d'individus le type éternel et pur, d'après lequel ils sont faits.
Les Idées, ainsi dégagées, forment une
hiérarchie, dont le sommet est occupé par l'Idée de Bien.
Celle-ci est le soleil du monde intelligible, elle donne vie et lumière à toutes
choses.
L'Idée de Bien est le principe de l'être et de l'intelligence ; elle est assimilée par Platon à Dieu même.
— L'homme connaît les
Idées en vertu de la théorie pythagoricienne de la « réminiscence».
Savoir quelque chose, c'est se re-souvenir de ce que l'on a contemplé
dans une vie antérieure.
L'amour, le « délire d'amour » s'explique lorsque nous retrouvons devant nous une beauté dont nous nous
souvenons, et qui nous trouble.
— Avant la naissance, l'âme humaine parcourt la voûte du ciel, montée sur un char d'où elle contemple le
m o n d e d e s I d é e s .
Lors de la naissance, elle tombe dans le corps, où elle est emprisonnée.
Elle s'y divise et s'y répartit, dans la tête,
dans la poitrine, dans le ventre.
Après la mort, l'âme injuste est châtiée.
L'âme juste, sur les ailes de l'amour, remontera jusqu'au principe
d e s o n bien.
La morale platonicienne consiste à ressembler à Dieu.
Il vaut donc mieux subir l'injustice que la commettre, et, si on l'a
commise, il vaut mieux expier que ne pas expier.
— Platon a abordé le problème politique.
Il s'élève contre la position inférieure de la
femme grecque.
Dans la république qu'il conçoit, la cité est un ensemble humain, où est instituée la communauté des f e m m e s e t d e s
enfants ; chaque génération d'adultes considère comme les siens propres les enfants de la génération immédiatement postérieure.
Les
arts sont soumis au soldat, qui représente le courage.
Les poètes sont exclus de la cité.
Le gouvernement appartient aux meilleurs, qui
reçoivent une éducation musicale et sportive, sont initiés à la théorie des Idées et à la notion du Bien ; en un mot, aux philosophes.
Mais
Platon sait bien qu'il est impossible de « faire que ce qui est juste soit fort ».
— L'enseignement de Platon s'arrête véritablement à sa
mort.
Ni la nouvelle Académie, ni l'école d'Alexandrie ne le prolongent.
Saint Augustin, la Renaissance, Malebranche, telles sont les étapes
du renouveau du platonisme, mais celui-ci est alors modifié par la pensée chrétienne.
Quoi qu'il en soit, l'influence de Platon durera sans
doute toujours..
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