s'il y a une beauté naturelle, rend-elle l'art inutile ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Cette question est totale – autrement dit elle appelle une réponse par « oui » s'il y a une beauté naturelle,
l'art est rendu inutile, ou une réponse par « non » s'il y a une beauté naturelle, l'art n'est pas nécessairement rendu
inutile.
Outre cela la question est présentée sous la forme d'une implication logique : « si...alors », autrement dit
liant ce qui serait une cause ( la beauté naturelle) et ce qui serait son effet ( l'inutilité de l'art).
Afin de mieux
répondre à cette question – et cela de façon nuancée -, attardons-nous sur les concepts qui la composent : « la
beauté », « naturelle » - donc le naturel et la nature, « l'art », « inutile » donc l'inutilié et par là même l'utilité.
La beauté :
Norme permettant le jugement esthétique ; cf.
valeur.
Sens concret : objet du jugement esthétique ; ce qui provoque une émotion esthétique par l'harmonie des
formes, l'équilibre des proportions.
(Par ext.) Ce qui suscite une idée de noblesse, de supériorité morale (un beau geste).
Pour KANT, le jugement de goût ne détermine pas son objet en le pensant sous un concept universel, puisqu'il
porte toujours sur un cas particulier ; c'est un jugement réfléchissant dont l'universalité réside dans l'accord
des sujets ; c'est pourquoi le beau est défini comme « ce qui plaît universellement sans concept » ; « la
beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue en lui sans représentation d'une fin.
»
Nature – naturel :
·
Il connaît deux grandes acceptions selon qu'il désigne la nature d'un être ou la nature en général.
·
Désignant la nature d'un être, le terme renvoie d'abord à l'idée d'une existence qui se détermine d'ellemême, sans l'intervention d'une cause étrangère, et s'oppose à ce qui résulte de l'art ou de la technique.
·
De manière plus générale, le terme de nature renvoie à l'essence d'un genre dès lors qu'il désigne
l'ensemble des propriétés qui le définissent.
·
Ce terme s'inscrit dans le cadre de dualismes sur lesquels il va s'agir de s'interroger par la suite : l'inné (
pouvant être synonyme de nature) / l'acquis ; nature / culture, spontanéïté / réflexivité.
·
Désignant la nature en général, le terme renvoie à l'idée d'un ensemble organisé et régi par des lois – les
lois naturelles.
La nature se distingue du hasard dès lors que la nécessité s'oppose à la contingence.
·
Naturel – renvoie aussi à l'idée d'immédiateté, et de façon normative à l'idée de normalité.
L'art :
On peut dégager deux grands sens de ce concept.
Le premier étant celui qui renvoie au grec technè,
autrement dit l'ensemble de procédés qui visent à produire un certain résultat.
L'art apparaît comme étant un moyen
en vue d'une fin.
L'art se distingue ainsi de la science comme connaissance purement théorique, mais aussi de la
nature qui loin d'être produite ou créée serait un toujours déjà là.
On parle ainsi de la maison des arts et des
métiers, de l'art de la médecine, de la mécanique...
La seconde acception appartient elle au champ plus particulier
de l'esthétique, l'art est dans ce sens la création artistique, autrement dit l'oeuvre d'art qui est objet de jugement
esthétique.
Utile – inutile – inutilité :
(Sens objectif) Tout ce qui peut servir valablement de moyen en vue d'une fin quelconque.
Sens subjectif) Tout ce qui est apte à satisfaire un besoin, ou à contribuer à un résultat désirable.
(Sens vulg.) Tout ce qui peut servir au développement écon.
d'une société, au progrès*, à la vie.
Utilitaire : a) Qui concerne l'utile ; par ext., qui concerne ou considère seulement la vie pratique*.
b) Qui
concerne l'utilitarisme.
Utilitarisme.
: a) Sens propre, doctrine de BENTHAM et de son école, qui prend pour principe moral, socio.
et
pol.
l'utile au sens 1.
b) Par ext., toute doctrine qui accorde à l'utile une valeur de principe, en part.
en morale.
Utilité : a) Caractère de ce qui est utile.
b) (Écon.) Importance que le sujet attribue à un bien disponible en
quantité limitée ; cette utilité est supposée diminuer à proportion de l'augmentation des unités du bien qui sont
consommées ; par définition, on appelle utilité marginale l'utilité de la dernière unité de bien disponible ; si le
bien satisfait plusieurs besoins, cette utilité est égale à l'utilité de l'unité de bien affectée à la satisfaction du
besoin le moins intense.
Rem.
: le néomarginalisme reconnaît que le sujet, s'il peut apprécier les différences
d'utilité, ne peut, de façon homogène, les exprimer par une quantité ; d'où le remplacement de la notion par
celle de préférence, qui suppose simplement la possibilité d'un ordre.
Problématisation :
S'il y a une beauté naturelle, rend-elle l'art inutile ? Si l'objectif de l'art est de produire quelque
chose de beau, on peut effectivement se demander quel est son rôle s'il existe une beauté naturelle.
Il.
»
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