Signification de l'avenir pour l'homme

« Signification de l'avenir pour l'homme. Position de la question.

Le futur peut se présenter à nous comme un futur immédiat ou comme un futur lointain.

C'est ce futur lointain qui constitue pour nous l'avenir.

Mais quelle est la signification de l'avenir? que représente-t-il exactement pour l'homme? I.

L'avenir, domaine du rêve. L'avenir, c'est d'abord ce qui nous permet d'échapper au présent.

Celui-ci ne nous satisfait pas toujours.

Notre imagination se réfugie alors dans l'avenir.

Il arrive à l'homme de se complaire dans ce lieu de refuge, de s'y isoler du présent, du réel et des nécessités de l'action : car l'avenir, c'est ce qui ne nécessite pas d'action immédiate.

C'est pourquoi les rêveurs, tous ceux qui ne savent ou ne peuvent faire l'effort nécessaire pour s'adapter au présent, vivent souvent dans l'avenir.

D'où la séduction — mais aussi le danger — de l'utopie, qui permet de reporter à plus tard, dans un avenir généralement lointain, l'action qu'on n'a pas la force d'accomplir présentement : « Les malades asthéniques, dit P.

JANET, chez qui les désirs se réduisent, projettent toujours les événements futurs extrêmement loin dans l'avenir » (De l'angoisse à l'extase, I, p.

285). II.

L'avenir, domaine de l'espoir. Mais il serait inexact de caractériser l'avenir uniquement sous cette forme négative.

L'avenir n'est pas le pur imaginaire; c'est aussi du possible; nous le construisons d'ailleurs en partie avec le présent, et, en ce sens, il conserve quelques affinités avec le réel.

L'utopie elle-même n'est pas toujours une fuite devant le réel, un subterfuge pour se dérober à l'action : elle peut être aussi position d'un monde meilleur en antithèse avec le monde présent.

Le monde de l'avenir n'est plus seulement alors le monde du rêve : c'est le monde de l'espoir.

Il implique une certaine confiance en soi-même, ou en la communauté humaine, ou enfin en une puissance transcendante.

L'espérance chrétienne s'oppose au découragement : elle est une foi en un avenir où l'homme sera affranchi des contraintes d'ici-bas. M.

L'avenir, perspective de l'action. Allons plus loin : il n'est pas d'action possible sans quelque perspective d'avenir.

Certes, le domaine de l'action, c'est surtout le présent.

Mais le présent lui-même, comme l'a montré P.

BURGELIN, n'a son sens que par l'avenir.

Toute action, en effet, est nécessairement dirigée, orientée.

Or, comme l'écrit E.

MINKOVSKI (in Recherches philosophiques, t.

V, p.

78), « lorsqu'il s'agit de direction et d'orientation, nous ne pouvons faire autrement que de mettre au premier plan l'avenir et la marche vers cet avenir, comme le fait la vie ellemême...

Notre vie, comme la vie en général, tend maintenant vers quelque chose.

Elle ne s'achemine pas simplement vers sa fin, mais s'oriente vers une fin, vers un but, et ce but, loin d'être la réalisation d'un désir banal, présente d'emblée la valeur suprême à laquelle nous pouvons aspirer.

Idéal et avenir vécu se confondent.

» Conclusion.

On peut donc soutenir que, par cette affinité avec l'Idéal, l'avenir permet à l'homme de dépasser la temporalité.

Comme l'a écrit Jean GuittoN, « la vie spirituelle temporelle est la conservation de ce qui a été dans ce qui est, laquelle est nécessaire pour aller au-devant de ce qui sera », et, « comme ce qui sera en définitive, c'est l'éternel », l'avenir n'est que l'image de l'éternité.. »