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« Si toute notre connaissance commence avec l'expérience, il n'en résulte pas qu'elle dérive toute de l'expérience. » KANT ?

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« Expliquez — et au besoin discutez — cette formule de Kant : « Si toute notre connaissance commence avec l'expérience, il n'en résulte pas qu'elle dérive toute de l'expérience.

» PRÉALABLE: JUGEMENTS ANALYTIQUES ET SYNTHETIQUES CHEZ KANT Kant distingue 3 types de jugements: a) Le jugement analytique (ou tautologique) est un jugement qui n'a pas besoin de l'expérience, l'esprit n'a pas besoin de sortir de lui-même pour connaître.

Ces jugements indépendants de l'expérience sont dits a priori.

Ils ont une qualité et un défaut.

Leur qualité est la rigueur et la certitude de ne pas se tromper.

Leur défaut: l'esprit piétine, bégaie et n'apprend rien. Exemples: un triangle a 3 angles, ma grand-mère est la mère de mon père ou de ma mère. b) Le jugement synthétique nous donne une information nouvelle, ils sont dérivés de l'expérience.

Par exemple, tous les corps sont pesants ou ma grand-mère est blonde: je ne l'aurai jamais su par la seule pensée.

Les jugements synthétiques sont a posteriori.

Ils ont eux aussi un avantage et un inconvénient.

Leur avantage est leur fécondité: j'apprends quelque chose, leur inconvénient: l'expérience est aléatoire, partielle voire partiale (ma grand-mère est peut-être une fausse blonde !), je tire, par induction, des énoncés généraux dont rien ne me dit qu'ils ne seront pas plus tard invalidés par d'autres expériences. c) Les jugements synthétiques a priori.

Ces jugements sont aussi féconds que les synthétiques et aussi rigoureux que les analytiques.

Les mathématiques offrent l'exemple de tels jugements.

Un énoncé aussi simple que 7 + 5 = 12 est à la fois synthétique (je ne peux tirer par analyse du 7 et du 5 le nombre 12) et a priori (je n'ai pas besoin d'en passer par l'expérience pour l'affirmer). INTRODUCTION.

— Répondant à Descartes, qui avait soutenu l'existence des idées innées, Locke avait affirmé que toutes nos connaissances résultent de l'expérience.

C'est à la recherche d'un compromis entre l'innéisme cartésien et l'empirisme de Locke que fut consacré le principal effort des philosophes du xviiie siècle.

Le compromis proposé par Kant est bien exprimé dans cette formule : « Si toute notre connaissance...

» Que faut-il en penser ? I.

Explication.

— Kant a été frappé par l'existence de jugements synthétiques à priori (expliquer), par exemple et surtout le principe de raison suffisante ou de causalité, levier de toutes les sciences et aussi de la métaphysique. Quelle est l'origine de ces jugements qui, d'une part, ne sont pas évidents puisqu'ils ne sont pas analytiques, et qui, d'autre part, ne sont pas vérifiables par l'expérience ? Pour Kant, ces principes n'apparaissent que grâce à l'expérience, mais ils ne sont pas donnés par l'expérience. A.

Toute connaissance, en effet, commence avec l'expérience, et il n'y a point de connaissance innée. Antérieurement à toute sensation, il n'y a chez l'enfant aucune notion ou aucun principe d'aucune sorte.

Comme disent les empiristes, sur la tablette qui symbolise son âme il n'y a rien d'écrit. B.

Cependant, toute la connaissance ne dérive pas de l'expérience, car la constitution ou la nature même de cette tablette détermine déjà, dans une certaine mesure, ce qui sera écrit, de même que, dans la plaque photographiques la composition chimique de la substance sensible détermine quelles radiations lumineuses seront enregistrées (autres comparaisons : longueur d'onde dans l'appareil de DVD, déformation imposée par un miroir non-plan, harmonique renforcé par un résonateur...).

Voilà la concession faite aux innéistes. Kant appelle forme ce qui, dans la connaissance, résulte de la constitution même du sujet connaissant; matière, ce qui est dû à l'action de l'objet connu.

Mais, de même que la forme « rond » n'est rien sans une matière (bois, pierre, métal...) ronde, pas plus qu'il n'y a aucune matière qui n'ait quelque forme, de même il n'y a aucune connaissance qui ne comporte à la fois matière et forme : matière et forme prises séparément, constituent une possibilité de connaissance, non une connaissance.

C'est pourquoi, « si notre connaissance commence avec l'expérience » qui fournit la matière, « il n'en résulte pas qu'elle dérive toute de l'expérience », car il n'y a de connaissance que grâce à la forme constitutive du sujet connaissant et antérieure à l'expérience.. »

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