Si Dieu n'existe pas, tout est-il possible ?
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«
Il s'agit ici de s'interroger sur une célèbre formule de Dostoïevski.
Une telle affirmation tend à affirmer
immédiatement que Dieu est le principe normatif.
Et l'existence de Dieu serait synonyme de chaos et de violence,
car plus rien ne serait interdit.
Poser des interdictions, c'est déterminer les principes de la morale, c'est distinguer le
bien du mal.
Prenez pour exemple les dix commandements et aux tables de la loi dans l'Ancien Testament, par
exemple, qui fixent des limites au comportement humain.
Vous pouvez également montrer comment l'idée d'une vie
céleste (post-mortem) implique une logique de récompense et de punition eu égard à la vie menée sur terre.
Dieu
est ainsi le principe des valeurs mais aussi ce qui donne un sens à notre existence.
En effet, pour la religion,
l'homme est d'abord un être éthique, confronté à des devoirs qu'il ne peut modifier à sa guise, et qui renvoient donc
à une loi absolue et indépendante de lui Dès lors, si ce fondement disparaît, si Dieu n'existe pas, l'homme est livré à
lui-même.
La non existence de Dieu conduirait à la perte des valeurs transcendantes et du sens de l'existence.
Faut-il alors penser que tout est possible ? Dieu est-il le seul garant des valeurs ? Une morale laïque et immanente
est-elle possible ? Ici, vous pouvez bien sûr penser aux analyses de Sartre qui dans l'Existentialisme est un
humanisme reprend cette formule de Dostoïevski.
Sartre montre ainsi en quoi cette affirmation est le point de départ
de l'existentialisme à savoir cette idée selon laquelle l'existence précède l'essence, idée qui fait alors que l'homme
est livré à lui-même sans excuses.
Dès lors, l'homme est totalement responsable et absolument libre de créer des
valeurs pour donner sens à son existence.
Mais dire que tout est permis consiste-t-il à affirmer que l'on peut faire
n'importe quoi, que rien n'est condamnable ? Demandez-vous si c'est bien cela que Sartre affirme ici.
En d'autres
termes, l'athéisme conduit-il nécessairement à l'amoralisme voire à l'immoralisme ? Être sans Dieu, est-ce être sans
foi ni loi ? On peut peut-être distinguer le fait que l'homme soit livré à lui-même, entièrement libre et responsable et
le fait qu'il n'y ait plus aucune valeur pour normer sa conduite.
Ici, vous pouvez vous reporter également aux
analyses de Kant sur les rapports entre la morale et la religion dans la Religion dans les limites de la simple raison.
Vous pouvez alors montrer que la question du devoir ne trouve pas son fondement en Dieu mais en la raison pure
pratique.
Que dois-je faire ? Je dois faire ce que ma raison me dit de faire.
L'acte moral est un acte autonome, un
acte dans lequel je ne suis pas le commandement d'un autre, Dieu ou encore mon voisin, mais le commandement de
ma raison pure.
Inféoder la conduite éthique à des commandements divins consisterait à nier la liberté et
l'autonomie.
L'éthique se suffit à elle-même pour se fonder et n'a pas nécessairement besoin de l'hypothèse de
l'existence de Dieu.
Je n'agis pas bien parce que Dieu me le dit, j'agis bien parce que ma raison me le commande..
»
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