Si Dieu n'existait pas, tout serait permis ?
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«
VOCABULAIRE:
Dieu
Les attributs de Dieu, comme entité transcendante créatrice du monde, sont traditionnellement : sur le plan
métaphysique, l'éternité, l'immutabilité, l'omnipotence et l'omniscience ; et sur le plan moral, l'amour, la souveraine
bonté et la suprême justice.
Analyse et Problématique:
L'idée est: la morale humaine repose sur un principe transcendant et divin de
justice.
Sans ce principe, elle s'effondre.
La problématique: elle s'interrogera justement le présupposé contenu dans
cette affirmation.
Les hommes sont-ils incapables, de leur propre fait, de
fonder une morale? Une morale immanente, purement humaine, est-elle
possible ?
Avant toute chose, on lira ce texte de SARTRE auquel ce sujet fait écho:
Dostoïevski avait écrit : « si Dieu n'existait pas, tout serait permis ».
C'est là
le point de départ de l'existentialisme.
En effet, tout est permis si Dieu
n'existe pas, et par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni
en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher.
Il ne trouve d'abord pas
d'excuses.
Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais
expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement
dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté.
Si,
d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des
valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite.
Ainsi, nous n'avons ni
derrière nous ni devant nous, dans le domaine numineux des valeurs, des
justifications ou des excuses.
Nous sommes seuls, sans excuses.
C'est ce que
j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre.
Condamné,
parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce
qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.
Jean-Paul SARTRE
[Introduction]
Dans la Bible, les lois, qu'elles soient morales ou de simples règles de droit, indiquent aux hommes leur devoir.
Elles
déterminent ce qu'ils peuvent faire et ce qui leur est défendu.
C'est Dieu lui-même qui les conçoit et les donne aux
hommes par l'intermédiaire des prophètes, scellant ainsi pour longtemps le sort de la morale à celui de la religion.
Pour autant, peut-on aller jusqu'à conclure que, «si Dieu n'existait pas, tout serait permis»? C'est ce que semble
croire le personnage d'un roman de Dostoïevski, Ivan Karamazov: « Pas d'immortalité de l'âme, donc pad de vertu,
ce qui veut dire que tout est permis.
»
Pour répondre à cette question, nous allons examiner le rapport de la morale et de la religion.
Les hommes sont-ils
capables d'eux-mêmes de se donner et de respecter des lois morales ? Le fondement de la morale doit-il être
transcendant ? Une morale purement terrestre, immanente, est-elle possible ?
[Partie I.
La morale comme loi divine.]
Dans la Bible, Dieu donne ses règles au peuple hébreu sur le mont Sinaï.
Ce sont des règles de droit, comme par
exemple : « Quand vous achèterez un serviteur hébreu, il sera serviteur pour six ans ; la septième année, il pourra
s'en aller librement...
» (Exode, 21).
Mais ce sont aussi, et surtout, des prescriptions morales, celles qui répondent à
la question « que dois-je faire ? » : les fameux : « Tu ne commettras pas de meurtre » ; « Tu ne commettras pas
d'adultère » ; « Tu ne commettras pas de vol » ; « Tu ne prononceras pas de faux témoignage contre ton prochain
» (Exode, 20, les Dix Commandements).
Le livre suivant, le Lévitique, poursuit renonciation des lois, fixant les devoirs et les interdits dans les conduites des
hommes, notamment en matière de sexualité.
Dieu n'est donc pas seulement le Créateur du monde et des hommes.
Il est surtout le Législateur, celui qui demande
aux hommes d'obéir à ses commandements.
Il promulgue prescriptions, devoirs et défenses.
Pour leur donner force
de loi, sa justice sanctionne le respect ou le non-respect de ses ordres.
Le Législateur est aussi le maître des
châtiments.
Ainsi, certaines fautes méritent la peine de mort.
« Celui qui frappe son père ou sa mère doit être mis à
mort » ; « Celui qui enlève une personne doit être mis à mort, qu 'il ait vendu sa victime ou qu 'on la trouve encore
chez lui.
» (Exode, 20.).
»
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