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Sénèque et Lucrèce

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Comment se priver de revenir sans cesse à l'oeuvre de Sénèque auquel Diderot consacre un essai en 1779, que Montaigne ne cesse de citer dans ses Essais. Selon Montaigne " Sénèque est plein de pointes et de saillies ", selon Diderot il est " le précepteur du genre humain ". Précepteur, Sénèque, pendant plusieurs années par la volonté d'Agrippine l'est de Néron. Au-delà de ce que fut une carrière où alternent honneurs et exil et qui appartient à l'histoire, c'est par ses écrits de sagesse et d'érudition, plus que par les neuf tragédies qu'il a écrites ou par les livres comme Questions naturelles où il étudie les phénomènes des météorites, des tremblements de terre ou de la météorologie, que Sénèque ne cesse pas d'être un compagnon indispensable. Ses écrits qui élaborent une sagesse, qui donnent les moyens de résister au mal ou de tenir tête au sort, d'être incorruptible et de savoir accepter la douleur, sont aussi bien De la constance du sage que De la tranquillité de l'âme dédiés à un certain Annaeus Serenus, ou encore De la colère dédié à son frère, Novatus, De la brièveté de la vie dédié à Paulinus ou encore De la providence, dédié à Lucilius auquel, dans les quatre dernières années de sa vie, il adresse quelques cent vingt-quatre lettres rassemblées en vingt livres. " Lorsqu'il arrive malheur à un Européen, il n'a d'autre ressource que la lecture d'un philosophe qu'on appelle Sénèque... " Ce conseil de Montesquieu n'a rien perdu de sa valeur.

« Sénèque et Lucrèce Comment se priver de revenir sans cesse à l'oeuvre de Sénèque auquel Diderot consacre un essai en 1779, que Montaigne ne cesse de citer dans ses Essais.

Selon Montaigne “ Sénèque est plein de pointes et de saillies ”, selon Diderot il est “ le précepteur du genre humain ”.

Précepteur, Sénèque, pendant plusieurs années par la volonté d'Agrippine l'est de Néron.

Au-delà de ce que fut une carrière où alternent honneurs et exil et qui appartient à l'histoire, c'est par ses écrits de sagesse et d'érudition, plus que par les neuf tragédies qu'il a écrites ou par les livres comme Questions naturelles où il étudie les phénomènes des météorites, des tremblements de terre ou de la météorologie, que Sénèque ne cesse pas d'être un compagnon indispensable.

Ses écrits qui élaborent une sagesse, qui donnent les moyens de résister au mal ou de tenir tête au sort, d'être incorruptible et de savoir accepter la douleur, sont aussi bien De la constance du sage que De la tranquillité de l'âme dédiés à un certain Annaeus Serenus, ou encore De la colère dédié à son frère, Novatus, De la brièveté de la vie dédié à Paulinus ou encore De la providence, dédié à Lucilius auquel, dans les quatre dernières années de sa vie, il adresse quelques cent vingtquatre lettres rassemblées en vingt livres.

“ Lorsqu'il arrive malheur à un Européen, il n'a d'autre ressource que la lecture d'un philosophe qu'on appelle Sénèque...

” Ce conseil de Montesquieu n'a rien perdu de sa valeur. Autre conseil à suivre, celui donné par Épicure : “ Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à s'adonner à la philosophie, et quand on est vieux, il ne faut pas se lasser d'en poursuivre l'étude.

”.

Tout le système élaboré par Épicure est fondé sur la quête d'une morale.

Mais l'épicurisme n'est pas, contresens, la recherche effrénée de voluptés immédiates.

Ce vers quoi tend Épicure n'est ni la satisfaction de l'ambition, ni celle de la débauche, mais le repos, l'absence de la douleur.

Les seuls plaisirs qui conviennent sont ceux qui sont nécessaires.

Paradoxal Épicure pour lequel l'ascétisme ouvre sur le plaisir. “ ...La sagesse est le principe et le plus grand des biens.

C'est pourquoi elle est même plus précieuse que la philosophie car elle est la source de toutes les autres vertus, puisqu'elle nous enseigne qu'on ne peut pas être heureux sans être sage, honnête et juste, ni être sage, honnête et juste sans être heureux.

” Épicure constate que le plaisir, recherché par tous, est l'élément essentiel de la vie heureuse.

Conforme à la nature humaine, il procure un critère parfait de tous les choix que nous avons à faire.

Il réside dans la sensation qui, nous mettant en rapport avec le monde, est la règle qui nous fait choisir ou exclure.

Ce bien est inné et personnel, puisque chacun est juge de ce qui lui convient : c'est de notre propre point de vue sensible que nous jugeons de ce qui est pour nous un plaisir ou une douleur.

Ainsi, nous ne recherchons pas les plaisirs qui engendrent de l'ennui, et l'on peut préférer endurer certaines douleurs si elles sont le moyen d'accéder à un plus grand plaisir.

L'épicurisme n'est pas une philosophie simpliste qui recherche le plaisir à tout prix et fuit la douleur ; elle repose sur un principe de détermination, qui est la sensation, critère complexe d'estimation des valeurs, puisqu'il aboutit à un paradoxe : "Nous en usons parfois avec le bien comme s'il était le mal, et avec le mal comme s'il était le bien", (Épicure). Une des constances de la philosophie d'Epicure est de vanter le plaisir.

On retrouve la formule « Le plaisir est notre bien principal et inné » dans la « Lettre à Ménécée ».

Mais l'épicurisme ne correspond guère à l'image populaire que l'on en garde : celle du « bon vivant ».

Dans cette lettre, on lit : « Tout plaisir est de par sa nature propre un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ».

C'est à une compréhension véritable du plaisir, et à une gestion rationnelle des désirs que la philosophie d'Epicure nous invite, philosophie des « sombres temps », de l'époque troublée, violente, des successeurs d'Alexandre le Grand. La « Lettre à Ménécée » est une description de la méthode apte à nous procurer le bonheur.

Car si tous les hommes cherchent le bonheur, ils sont, selon le mot d'Aristote, comme des archers qui ne savent pas où est la cible, incapables de la définir et de l'atteindre. Epicure commence par expliquer que nous n'avons rien à redouter des dieux, vivants bienheureux qui ne se soucient pas des hommes, et que la mort n'est rien pour nous.

Débarrassés du souci du jugement divin et de la survie de l'âme, nous sommes alors aptes à bien vivre notre vie présente.

Bien vivre notre existence veut dire parvenir au bonheur ici-bas, et cela n'est possible que par un bon usage des plaisirs et des désirs. L'homme est un être de désir, et selon qu'il parvient ou échoue à satisfaire ses désirs, il est heureux ou misérable. Or, le bonheur est d'abord l'absence de souffrance physique ou psychologique.

C'est pourquoi Epicure déclare : « Une théorie non erronée des désirs sait rapporter tout choix à la santé du corps et à la tranquillité de l'âme puisque c'est là la perfection même de la vie heureuse.

Car tous nos actes visent à écarter la souffrance et la peur.

» Eprouver du plaisir, c'est d'abord combler un manque : boire quand on a soif, se rassurer quand on a peur.

En soi, un plaisir est toujours bon, une souffrance, un désir non comblé, toujours mauvais. Ainsi Epicure nous incite à classer nos désirs, et à adopter face à eux une stratégie telle que nous serons facilement comblés et rarement insatisfaits. Il y a d'abord les désirs naturels (dont certains sont naturels et nécessaires et d'autres seulement naturels) ; et ensuite les désirs vains.

Les désirs naturels et nécessaires comprennent tous les désirs tels que, s'ils ne sont pas satisfaits, nous mourons (boire, manger, dormir).

Les désirs seulement naturels peuvent être le désir de. »

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