Selon un mot qui a fait fortune « La culture est ce qui reste quand on a tout oublié ». Plus récemment, un écrivain la définissait ainsi: « C'est ce qui manque alors qu'on a tout appris ». Vous commenterez et confronterez ces définitions et, à cette occa
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La culture, on le sait, est chose qui s'acquiert grâce à une familiarité prolongée et étroite avec les créations intellectuelles, esthétiques, morales, et des meilleurs esprits de l'humanité. L'homme cultivé est un homme qui e dû s’assimiler beaucoup de choses et cette assimilation implique qu'il a eu avec elles non point seulement un contact superficiel et rapide, mais quelles aient fait l'Objet d'une étude attentive dans laquelle sont intervenues les facultés d'attention, d'analyse et aussi de mémoire. Celui qui n'aurait jamais rien su de précis, qui, par exemple, aurait toujours tout ignoré des principaux éléments de l'histoire humaine, qui n'aurait jamais retenu ni le thème ni aucune partie de la lettre d’aucune oeuvre littéraire, qui n'aurait jamais pénétré le mécanisme d'aucune langue étrangère de façon suffisante pour la parler ou tout du moins pour la comprendre en une certaine mesure, etc... un tel individu ne pourrait pas être dit cultivé ou avoir de la culture. Savoir et culture sont donc des choses qu'une liaison étroite unit. D’ailleurs quand on dit d'un homme qu'il a une grande culture, il s'agit toujours de quelqu'un dont les connaissances sont extrêmement vastes, s'étendent à une pluralité relativement considérable de domaines: c'est-à-dire qui sait beaucoup plus de choses que n'en sait la moyenne même instruite des hommes.
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La culture, on le sait, est chose qui s'acquiert grâce à une familiarité prolongée et étroite avec les créations
intellectuelles, esthétiques, morales, et des meilleurs esprits de l'humanité.
L'homme cultivé est un homme qui e dû
s'assimiler beaucoup de choses et cette assimilation implique qu'il a eu avec elles non point seulement un contact
superficiel et rapide, mais quelles aient fait l'Objet d'une étude attentive dans laquelle sont intervenues les facultés
d'attention, d'analyse et aussi de mémoire.
Celui qui n'aurait jamais rien su de précis, qui, par exemple, aurait
toujours tout ignoré des principaux éléments de l'histoire humaine, qui n'aurait jamais retenu ni le thème ni aucune
partie de la lettre d'aucune oeuvre littéraire, qui n'aurait jamais pénétré le mécanisme d'aucune langue étrangère de
façon suffisante pour la parler ou tout du moins pour la comprendre en une certaine mesure, etc...
un tel individu
ne pourrait pas être dit cultivé ou avoir de la culture.
Savoir et culture sont donc des choses qu'une liaison étroite
unit.
D'ailleurs quand on dit d'un homme qu'il a une grande culture, il s'agit toujours de quelqu'un dont les
connaissances sont extrêmement vastes, s'étendent à une pluralité relativement considérable de domaines: c'est-àdire qui sait beaucoup plus de choses que n'en sait la moyenne même instruite des hommes.
Et pourtant —nous en avons un sentiment très vif — la culture ne peut se confondre avec le savoir proprement dit.
Quelque étroite que soit son union avec lui, elle en reste malgré tout distincte.
C'est cette indépendance sinon
d'existence, du moins d'essence, qu'a voulu souligner l'auteur de la première phrase que nous avons à commenter.
En nous disant que la culture c'est ce qui reste quand on
tout oublié, plutôt qu'elle ne nous donne une
définition exacte de la culture, cette phrase nous indique une propriété qui peut nous mettre éventuellement à
même d'en saisir plus immédiatement la nature.
Elle la caractérise par rapport à une circonstance dont la réalisation
a pour effet de l'isoler à l'état pur, un peu comme un corps que la destruction de l'alliage qu'il contribuait à
constituer manifeste dans l'éclat de sa seule et propre substance.
Elle nous apprend d'abord que la culture n'est pas
le savoir puisque quand celui—ci a disparu (l'oubli étant cette disparition) la culture survit à ce naufrage.
Si elle se
confondait avec lui elle ne pourrait que sombrer en même temps.
Ainsi se trouve attestée l'originalité de sa nature
par rapport â ce qui est de l'ordre de la pure et simple mémoire.
Et certes en la caractérisant ainsi, on ne fait
encore que désigner un aspect négatif de la culture.
Mais on se donne aussi un moyen de discerner en quoi elle
consiste: car elle devra être faite d'éléments tels qu'ils doivent à leur nature de ne pas offrir de prise à l'oubli.
La culture, autrement dit, doit être quelque chose non pas que nous avons -- car cela peut se perdre — mais que
nous sommes, ou plutôt que nous sommes devenus et qui ne peut disparaître qu'avec nous-mêmes.
Elle est un
ensemble de qualités acquises qui continuent
à marquer notre personnalité intellectuelle et morale alors même que nous avons cessé de nous souvenir de toutes
— disons plutôt de beaucoup, de la plupart peut-être - des choses que nous avons dû d'abord savoir pour la
conquérir, qualités qui donnent à notre actuelle attitude devant les choses, devant nous-mêmes, devant les autres,
devant la vie, les nuances auxquelles elle doit ce qu'elle a de meilleur.
La culture c'est par exemple cette souplesse
de l'esprit qui lui permet de faire face à des questions variées, de les envisager sous différents angles, avec
sang—froid et impartialité même quand elles concernent très directement nos intérêts les plus pressants, sans que
la passion ne vienne fausser les mouvements et les décisions de notre pensée.
Elle consiste en cet art d'assurer à
la réflexion son libre jeu en desserrant l'étreinte dans laquelle les parti—pris ont ordinairement tendance à la ligoter.
Elle permet de mieux saisir l'originalité des événements et des êtres; de savoir écouter autrui et le comprendre,
d'écarter certains des obstacles qui commencent toujours par s'interposer entre les individus et qui ne peuvent être
surmontés que par une adresse psychologique et morale acquise dans la longue fréquentation de ceux qui firent leur
étude des choses de l'âme et dont les oeuvres sont riches sur ce point d'un enseignement inépuisable et d'une
opportunité inguérissable.
On pourrait dire qu'elle est quelque chose qui permet à l'homme de devenir plus humain.
Elle lui donne la facilité d'une communication plus aisée et plus noble avec autrui, même avec ceux qui ne participent
pas aussi complètement à cette même culture.
Loin de distinguer au mauvais sens, au sens orgueilleux du terme,
l'homme qui en est pourvu, de l'enfermer en une supériorité voyante, la culture authentique ressemblerait plutôt à
cette véritable élégance dont on a dit qu'elle aime à effacer sa propre apparence, à passer inaperçue sous le voile
d'une simplicité non feinte.
Sous son aspect paradoxal et brillant, la phrase que nous commentons paraît donc renfermer une part réelle de
vérité.
A condition toutefois, ce qui serait d'ailleurs en fausser la lettre même, de ne pas l'interpréter ainsi:
"l'ignorance est une condition de la culture"; ni non plus: "ce n'est qu'avec l'oubli que la culture commence".
Non,
car si elle peut survivre au naufrage de la plupart des connaissances à travers l'acquisition desquelles elle s'était
peu à peu formée et fixée au plus profond de nous—mêmes, elle ne risque pas non plus (quoique d'assez fausses
analogies ou métaphores risquent de donner à le croire) d'être étouffée et anéantie par la conservation vivace des
choses que nous avons apprises.
Une mémoire excellente, parfois prodigieuse, a fourni une aide précieuse et dont ils
ne songeaient pas à se plaindre, à bien des hommes auxquels on ne peut refuser d'avoir porté à son point le plus
haut ce qu'il a de meilleur et de plus pur dans la culture.
L'idée contenue dans la seconde formule — qui est comme symétrique de la première — n'est pas sensiblement
différente.
Comprenons bien le sens que lui donne son auteur.
Il n'entend pas dire que la culture pourrait appartenir
à qui n'aurait rien appris; ni qu'elle fait forcément défaut à qui aurait tout appris, c'est—à—dire à qui saurait
beaucoup de choses.
Mais qu'elle est, même alors, susceptible de manquer, car elle est autre chose que la pure et
simple érudition: de telle sorte qu'on peut avoir l'érudition sans avoir par là même et en même temps la culture.
L'érudit sans culture c'est l'homme qui connaît beaucoup de faits dont il n'a rien su extraire qui donnât à sa
personnalité quelque vertu intellectuelle ou morale supplémentaire.
C'est celui par exemple qui est averti et instruit
de tout ce qui se peut savoir et apprendre en ce
qui concerne une littérature ou un auteur, ou une oeuvre.
Mais quelque chose lui échappe cependant, et qui est le
principal: le goût, le sens profond de la beauté de cette littérature et de cette oeuvre.
Il a passé au travers mille et
mille fois, mais sans jamais la toucher vraiment.
Le bruit de ses commentaires l'empêche de percevoir le timbre
unique de la résonance qu'elle n'est faite cependant que pour transmettre aux sensibilités humaines dignes de la
capter.
Il n' pas su établir entre elle et lui cette communication personnelle, intime, unique, par laquelle seulement
on accède à son essentielle réalité, sans laquelle toutes les tentatives savantes pour y avoir accès s'égarent loin de
ce qu'elles ont la volonté et sans doute l'illusion d'atteindre et de saisir..
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