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Selon un écrivain contemporain : "C'est le paysage qu'on a aimé dans son enfance qui parle la vraie langue du coeur, et quel qu'il soit, il est toujours le plus beau." Si vous sentez la vérité de cette observation, vous la développerez en faisant appel à

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INTRODUCTION. - Le paysage de mon enfance, c'est une campagne de l'Ouest, sans prétention, inconnue des touristes, au sud de la Loire, entre la mer et un lac qu'il vaudrait mieux appeler marécage. Je n'y suis pas né, mais c'est le pays de ma mère, et tout jeune, j'y suis allé pendant les vacances. Ce n'est que bien plus tard que je me suis aperçu que c'est là que j'ai appris à aimer la nature, les arbres, les oiseaux et les animaux domestiques. Est-il vrai, comme le dit un écrivain contemporain — serait-ce Mauriac P — que seul ce paysage parlera la vraie langue du coeur et qu'il sera toujours le plus beau ? I. — LE PAYSAGE DE L'ENFANCE PARLE LA LANGUE DU CŒUR. Mais d'abord, qu'est-ce que parler la langue du coeur ? C'est sans doute toucher mon coeur, s'harmoniser avec ma sensibilité propre. Pourquoi le paysage aimé dans mon enfance s'accorde-t-il ainsi avec mon coeur ?

« Selon un écrivain contemporain : "C'est le paysage qu'on a aimé dans son enfance qui parle la vraie langue du coeur, et quel qu'il soit, il est toujours le plus beau." Si vous sentez la vérité de cette observation, vous la développerez en faisant appel à votre expérience personnelle et à des exemples susceptibles de l'illustrer. INTRODUCTION.

- Le paysage de mon enfance, c'est une campagne de l'Ouest, sans prétention, inconnue des touristes, au sud de la Loire, entre la mer et un lac qu'il vaudrait mieux appeler marécage.

Je n'y suis pas né, mais c'est le pays de ma mère, et tout jeune, j'y suis allé pendant les vacances.

Ce n'est que bien plus tard que je me suis aperçu que c'est là que j'ai appris à aimer la nature, les arbres, les oiseaux et les animaux domestiques.

Est-il vrai, comme le dit un écrivain contemporain — serait-ce Mauriac P — que seul ce paysage parlera la vraie langue du coeur et qu'il sera toujours le plus beau ? I.

— LE PAYSAGE DE L'ENFANCE PARLE LA LANGUE DU CŒUR. Mais d'abord, qu'est-ce que parler la langue du coeur ? C'est sans doute toucher mon coeur, s'harmoniser avec ma sensibilité propre.

Pourquoi le paysage aimé dans mon enfance s'accorde-t-il ainsi avec mon coeur ? 1.

L'éveil au monde.

— C'est qu'il appartient en réalité à mon être profond, qu'il est autre chose qu'un décor périmé qui n'exercerait aucune influence sur le déroulement du drame.

Le monde de mon enfance m'appartient, actuellement, comme un souvenir vivant qui féconde le présent.

Il a plongé en moi ses racines.

Par mes perceptions, par mes émotions, je suis relié, depuis l'enfance, à cet univers simple et familier.

Je ne suis devenu « moi » qu'au contact de ce monde-là et non d'un autre.

C'est cette campagne qui m'a révélé à moi-même, cette mauvaise prairie en bordure de la voie ferrée, ces champs clos, ces chemins creux.

ce bouquet de grands arbres près de la vieille ferme insalubre de la Biffonnière, ces paillers d'où s'échappait en pépiant une couvée affolée, ces moissonneurs, ruisselant de sueur autour du pot de vin, ou affalés, la casquette sur les yeux, à l'heure de la méridienne. 2.

La nature et la mère.

— Mais à vrai dire l'attachement que je porte à cette campagne n'est pas suffisamment expliqué par les sensations qu'elle a éveillées en moi.

Il me semble que le souvenir de cette campagne est étroitement lié à l'image maternelle.

Je connais tel visage à ma mère et telles parures.

Je ne me la représente pas dans l'abstrait, mais dans le cadre réel de la maison ou du jardin.

Ainsi la mère se trouve-t-elle associée à la grande nature libérale.

Le paysage de mon enfance, c'est donc d'abord le territoire dont ma mère était le centre et [autorité suprême.

Si les nécessités de l'existence m'obligent à résider en ville, je retrouve avec une joie profonde cette campagne qui est, au sens plénier du terme, vivifiante. II.

— IL EST TOUJOURS LE PLUS BEAU. Si l'on comprend facilement l'attachement sentimental au paysage de l'enfance, il semble exagéré de vouloir parler de sa beauté quand on le compare aux sites grandioses de la Grèce ou de la Suisse, par exemple.

Et pourtant, il en est des paysages comme des visages : chacun a sa beauté propre, qu'il suffit de découvrir.

D'où vient donc que, pour moi, le paysage de mon enfance est toujours le plus beau ? 1.

Pourquoi ? - C'est que l'émotion esthétique est née en moi à l'occasion de ce paysage.

L'expérience du beau, comme celle des autres valeurs, a toujours lieu au niveau du concret.

La Beauté a fait irruption dans mon âme, elle s'est révélée au contact du monde tel que je le connais.

Pour être plus précis, c'est à l'adolescence que le paysage aimé depuis l'enfance fait naître l'émotion esthétique.

Un paysage étranger peut bien m'étonner — et combien de snobs confondent l'étonnement et l'admiration — seul, le paysage familier permet l'approfondissement de l'expérience esthétique.

On ne s'en lasse pas, il apparaît sans cesse renouvelé, comme l'amour que toute une vie d'intimité ne saurait épuiser. 2.

Conséquences.

— Le paysage qui a parlé la langue du coeur depuis l'enfance et qui a révélé sa beauté à l'adolescence, devient ensuite un centre de référence auquel se rattachent les émotions esthétiques ultérieures. C'est là, je crois, notre limitation.

qu'un certain type de beauté nous est étranger, ou du moins peu accessible, parce qu'il ne peut s'inscrire dans notre système de coordonnées.

Ainsi, la poésie biblique me déroute parce que je ne suis pas un habitant du désert et que le cèdre du Liban n'est pas un ami d'enfance à l'égal du chêne et du noisetier.

Par contre, je me crois plus sensibilisé à la poésie de WORDSWORTH et à celle de KEATS, qui ont chanté une nature paisible, et entre tous les paysagistes je préfère COROT qui correspond plus que d'autres à mon univers. CONCLUSION : Le privilège de l'enfance.

Si l'enfance est le temps de l'enracinement dans le monde et de l'éveil à la valeur esthétique, on comprend dès lors l'attachement des poêles et des romanciers à ce temps privilégié de l'existence, à moins qu'il n'ait été malheureux.

François MAURIAC, pour sa part, dont la fidélité à la patrie landaise est bien connue — n'a-t-on pas écrit « un seul paysage lui plaît et lui suffit » (Mauriac par lui-même, p.

41, Seuil) — ressent parfois en lui-même, ainsi qu'il le dit dans un billet du Figaro Littéraire (15 avril 1961).

le « regret poignant de l'enfance perdue ».

Mais pourquoi une telle nostalgie P Si la porte s'est refermée sur nous, comme sur MAURIAC, à vingt ans, nous savons, nous aussi, que « notre âme d'enfant demeure inchangée » et que l'âge d'or nous accompagne.

à condition que nous sachions toujours nous émerveiller.

Auguste MACÉ.. »

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